OCS Géants diffuse Bonjour Tristesse, deuxième rôle de Jean Seberg sur grand écran, juste avant qu’elle ne devienne l’icône d’ A bout de Souffle. Portrait d’une étoile filante.
Jean Seberg descend les Champs-Elysées dans un noir et blanc sauvage à côté de Jean-Paul Belmondo : « New York Herald Tribuuuuune, New York Herald Tribuuuuuuune… ». A bout de Souffle, Jean-Luc Godard, 1959. Seberg, 18 ans, petite américaine de l’Iowa au look garçonne, devient icône. Et tant pis, si la jeune actrice a très peu goûté les méthodes "Nouvelle Vague" faites d’impro et de bricolage avec une caméra planquée pour filmer la vie à l’insu des passants. Rien à voir avec les manières austro-hollywoodiennes d’Otto Preminger.
En 1959, Seberg est jeune mais elle est déjà à un tournant de sa vie (qui fut courte). Elle devient icône donc, rencontre celui qui va devenir son pygmalion, l’auteur « goncourisé » Romain Gary, et perd du même coup cette candeur juvénile qui faisait sa force. Quand on regarde de près la filmo de Jean, tout est déjà là en 59. La suite sera plus chaotique. Dans son autobiographie, l’auteur de Laura ou Autopsie d’un meurtre range Seberg dans le chapitre « Problèmes de casting ». Pas très classe. Et pourtant, c’est au milieu de 18 000 prétendantes venues de tous les Etats-Unis et d’ailleurs, qu’il la choisira pour être sa Jeanne d’Arc. « La jeune fille que j’avais choisie (Serberg donc) semble allier la force à la simplicité, ce que je désirais pour ce rôle. » La Jeanne de Preminger n’est pas la plus fameuse du septième art et dire que la jeune fille de 17 ans avec ses cheveux courts est la nouvelle Renée Falconetti, il n’y a qu’un pas certes, mais de géant.
Personne n’est aimable
Sainte Jeanne, 1957. « Parfois je pense aux jours où je jouais Jeanne d’Arc, dira Jean Serberg à l’aube de ses 40 ans. Il aurait mieux valu que je brûle sur le bûcher. » Dur, dur. En attendant, il y a la French Riviera, un beau Cinemascope, David Niven, Deborah Kerr, Françoise Sagan et encore Preminger à la baguette. Il est encore question de larmes. C’est Bonjour tristesse. Tout commence dans un noir et blanc divin bientôt envahit de part en part par des couleurs écrasantes en Technicolor. Cette mise en scène élégante couplée à l’insolente beauté de Seberg emballent immédiatement. Et tant pis si dans ce drame où personne n’est aimable, on finit par bouder soi-même. C’est le roman de la vie de Sagan, du dandysme quasi suicidaire qui plonge des êtres enveloppés dans un rêve vers une douleur rédhibitoire.
Adieu tristesse
A la fin, le visage de Seberg dégouline en gros plan. Un fondu enchaîné laisse place à un dessin de Saul Bass, un croquis à gros traits façon Picasso avec une imposante larme rouge sur la joue gauche. Comme une blessure. On imagine sans mal, le jeune Godard devant Bonjour tristesse dans une salle du Quartier Latin désigner la fille sur l’écran et tel le gamin du Jouet de Veber, s’écrier : « Je veux ça ! » Il l’aura bien-sûr. A bout de Souffle donc. La suite, moins glorieuse, aura toutefois été traversée de belles rencontres : Chabrol, Garrel, Joshua Logan, Eastwood (qui sera son amant d’un jour provoquant l’ire de Gary)… Il y aura aussi l’engagement auprès des Black Panthers. Mais tout ça se terminera tragiquement à l’arrière d’une Renault 5. Overdose. Elle avait 40 ans. Adieu tristesse.
Bonjour tristesse d’Otto Preminger diffusé en ce moment sur OCS Géants. Disponible également en Replay.
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