À l'affiche de Simon et Théodore, Félix Moati nous parle des films qui l'ont marqué.
À l'occasion de la sortie de Simon et Théodore de Mikael Buch, Première s'est plongé dans ses archives pour vous faire découvrir les films qui ont marqué Félix Moati. Nous l'avions rencontré en 2016, pour la sortie de son court-métrage Après Suzanne.
Le film qui ...
... t’as donné envie de réaliser ?
C’est plutôt les livres qui m’ont donné envie de passer à la réalisation, ceux de Flaubert, Dostoïevski... et j’aime les cinéastes qui approchent la densité de la littérature, comme Arnaud Desplechin ou Woody Allen. Mean Streets est l’un des films que j’avais en tête pendant le tournage. Surtout pour l’abondance du langage : ça parle trop, tout le temps ; j’adore ! Je suis aussi très sensible à l’idée que ses personnages courent après eux-mêmes, un thème-clé d’Après Suzanne...
... t’as rendu amoureux de son actrice ?
C’est pas le but du cinéma ? Bon, tu peux mettre tous les Truffaut, et surtout La Peau douce qui m’a rendu fou de Françoise Dorleac. J’ai longtemps bloqué sur Judy Davis dans Harry dans tous ses états. Si je suis honnête je dois citer aussi Emma Watson dans les Harry Potter. J’ai grandi avec ces films, c’était un fantasme de mon enfance... en fait, ça l’est toujours.
... te fout la trouille ?
Shining. Je ne peux pas le regarder. Trop flippant. J’ai fait l’erreur de le voir pour la première fois à la campagne et ça m’a traumatisé. Bon... c’est vrai qu’au cinéma je pleure et j’ai la trouille facilement.
... guérit d’une rupture amoureuse ?
Annie Hall, sans hésiter. Je suis fasciné par Woody Allen. J’aime le caractère obsessionnel de ses personnages, la sophistication de ses gags et de ses dialogues. Il pratique un cinéma qui rend heureux. Quand je vois Annie Hall, j’ai l’impression que Woody me dit : « Regarde, je suis passé par là, je vais t’expliquer. C’est douloureux, mais on s’en sort. » C’est très réconfortant.
... produit chez toi le besoin de le revoir sans arrêt ?
Ces derniers mois j’ai beaucoup revu L’Armée des ombres, sans doute à cause de l’association que j’ai pu faire entre ce qui nous est arrivé et une certaine histoire... J’aime qu’il n’y ait pas de héros. Ventura, Meurisse agissent selon leur destin ; ils sont dépassés par une cause supérieure. Tu le vois dans la scène où ils tuent le traître : ils font leur devoir à contrecœur. C’est une idée fabuleuse et courageuse parce qu’elle va à l’encontre des fantasmes qu’on a sur la période.
... définit l’amitié entre mecs ?
J’en ai deux. SuperGrave parce que Mottola capte la tendresse entre adultes et te montre qu’on a toujours besoin des autres. Et puis récemment, Les Deux Amis de Louis Garrel m’a bluffé. Louis et Vincent sont déments et c’est une vision de l’amitié qui me plaît. Je crois qu’il y a un besoin amoureux, tout comme il y a un besoin d’amitié ; c’est le vrai sujet du film.
... te rend honteux de l’aimer ?
La Rage au ventre. Je chiale ma race devant, mais qu’est-ce que c’est nul ! Accablant même, il n’y a pas un truc bien dedans – à part Gyllenhaal. Mais je ne sais pas pourquoi, je pleure. Sans doute parce que le héros perd la femme qu’il aime. C’est plus fort que moi !
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