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Comme souvent à Cannes, nos zygomatiques ankylosées peuvent dire merci à la Quinzaine des Réalisateurs. Après Les Beaux Gosses de Riad Sattouf, ou encore les récentes comédies de Luc MoulletAlain Guiraudie ou Guillaume Gallienne, c’est au tour de Thomas Cailley de dérider la Croisette.Malgré son statut de petit nouveau, le français de la Fémis impressionne par sa maîtrise, avec un improbable croisement entre teen-movie, comédie romantique et film pré-apocalyptique. Il est question d’une histoire d’amour pas gagnée d’avance entre deux jeunes gens que tout oppose, le gentil Arnaud (Kevin Azaïs), spécialiste des cabanes en bois et des furets chlorés, et l’abrupte Madeleine (Adèle Haenel), passionnée de techniques de self-defense et de survie en milieu hostile.Lieu de la romance ? Un ring sur la plage, puis un camp militaire. Entre eux, c’est moins le coup de foudre que le « Love At First Fight », comme dit le joli titre anglais. Conflictuelles et maladroites, leurs scènes de drague sont désopilantes. On peut entendre des mots doux (dingues) comme « t’as déjà nagé avec des Rangers ?» ou des réflexions philosophiques hors des sentiers battus type « maintenant je vois mieux au-delà des trucs ». Cailley a l’art de la syncope, et du contre-pied. Chez lui, l’émotion peut venir de la lumière d’un micro-onde et le salut d’un paysage de film catastrophe.Sans jamais perdre en route son duo de personnages, incarnés avec une belle sensibilité burlesque puis mélo par Kevin Azaïs et Adèle Haenel, sa caméra remixe les genres, cinématographiques ou sexuels, dans un esprit de lutte à caractère non-belliqueux et créatif : pour affronter le monde en effet, quoi de mieux que de s’inventer le sien ? Et tant pis s’il ressemble à un mélange de Take ShelterFull Metal Jacket et de Man Vs Wild.Eric VernayLes Combattants de Thomas Cailley avec Kevin Azaïs, Adèle Haenel et Antoine Laurent est présenté à la Quinzaine des réalisateurs et sortira en salles le 20 août prochain.