Yves Saint Laurent sera diffusé demain soir sur France 2.
Quelques jours avant son sacre aux César pour son interprétation d'Yves Saint Laurent (devenant le plus jeune récipiendaire de la catégorie meilleur acteur), nous avions rencontré Pierre Niney pour lui parler de son prochain film, Un Homme idéal où on le découvre sous un nouveau jour. Alors que France 2 s'apprête à rediffuser le biopic du couturier, voici un passage de l'entretien accordé à Première dans lequel il parlait justement de son rôle et de ses conséquences sur sa carrière.
5 choses à savoir sur Pierre Niney
Pierre, tu penses avoir une chance pour les César ?
Franchement, on dit tous ça, mais sérieusement, je ne crois pas. Il y a trop de concurrence. Et j'imagine que pour les votants, c'est compliqué de choisir entre moi et Gaspard (Ulliel, qui a joué Saint Laurent dans un biopic concurrent, ndlr). Sachant ce qu'a fait Guillaume Canet dans La Prochaine Fois je viserai le coeur, je pense que ce sera plutôt lui qui l'emportera… mais bon on verra bien !
Yves Saint Laurent se déroule dans les 60’s et les 70’s; Un Homme Idéal, ton prochain film, est très influencé par le cinéma post nouvelle vague. C'est une période que tu aimes ? Qui te fascine ?
Je ne suis pas passéiste. Surtout pas ! Je déteste l’idée de faire un film simplement parce qu’on aime Truffaut ou Godard. Je n’ai aucune nostalgie de la nouvelle vague alors que beaucoup sont obsédés par ça. Des acteurs, des réalisateurs. Même de ma génération. Moi, ça ne m’intéresse pas de vivre dans le passé. Et si eux ont produit un cinéma aussi génial, on se doit justement d’aller de l’avant pour tenter de retrouver une part de leur audace...
A 26 ans j'imagine que ton parcours exceptionnel doit t'amener à te poser des questions ! Ta jeunesse - insolente -, l’approche de la compétition des César et ton prochain film qui ne parle que de la tromperie... En voyant ton succès fulgurant, tu t’es déjà posé la question de l'imposture ?
C’est un thème très cher aux acteurs, oui, évidemment. Quand ça marche tu te demandes toujours si tu mérites d’être en haut et si tu prends pas la place de quelqu’un de plus talentueux. Mais dans mon cas, tout s’est fait progressivement. Il y a d'abord eu le théâtre, puis des petits rôles de cinéma, puis des têtes d'affiches. Ca m’a permis de travailler, de comprendre les mécanismes de jeu et de voir des grands acteurs pratiquer. Et puis surtout de comprendre les mécanismes de l’industrie. Et ça ca m’a enlevé la peur de l’industrie et ça m'a permis de ne pas trop me poser la question de l'imposture dont tu parlais.
Le label “comédie Française” ça aide aussi ?
Non… oui… Je sais pas en fait, c’est pas si important.
On a l’impression que c’est ton deuxième nom au générique ou sur les affiches “Pierre-Niney-de-la-Comédie-Française”
Ça n'a pas l’impact que tu imagines je pense...Beaucoup de gens me demandent ce que c’est que cette particule ! C’est important pour moi, parce que c’est là que j’ai appris l’humilité, la patience, et le collectif, là où le cinéma peut t'enfermer dans un jeu plus solitaire, très assisté. Savoir que ma maison de théâtre est toujours là, oui, c’est rassurant. Mais le Français m’aide pour d’autres trucs. Ca m’aide parce que le cinéma ne t’offre pas de rôles denses, matures et puissants très tôt. Au théâtre j’ai joué Hippolyte dans Phèdre ce qui m'a donné une grande connaissance de moi-même. Et pour Yves Saint Laurent c’était hyper important.
Depuis Saint Laurent, on a l'impression que ta carrière évolue un peu. Entre ce film et Un Homme idéal, tu sembles reprendre le pouvoir. Jusqu’à présent, tu étais une petite chose chétive, fragile. Même ton Saint Laurent au fond était un peu victime...
Oui, j’ai un rôle plus actif dans mon prochain film. Mais pour moi, Saint Laurent n'était pas une victime. En tout cas je serais un peu plus nuancé : d’abord parce que Jalil traite surtout les années de jeunesse et qu’on a insisté sur sa timidité. Mais “les timides sont ceux qui mènent le monde”” dit Cocteau dans le film. Cependant, tu as raison. Naturellement, je vieillis. 20 ans d’écart, Comme des frères : j’ai été casté pour cette timidité, cette maladresse… Ça me plait, j’adore jouer ça. Je suis un immense fan de Peter Sellers et de Buster Keaton donc la naïveté, la poésie de la maladresse, ça me parle. Mais là je vieillis et il faut que je me mette à jouer des personnages plus solides j'imagine.
Commentaires