PHOTOS - 2009 : le top du pire
Bronson, de Nicolas Winding Refn
Sur-hypé depuis son inégal trilogie Pusher, le cinéaste danois <strong>Nicolas Winding Refn</strong> s'est affirmé cette année comme la plus grosse escroquerie du ciné indie européen avec ce navrant Bronson, biopic arty, poseur et hystéro d'un détenu arty, poseur et hystéro. Un film d'une logique imparable, donc.
Richard Kelly
Après l'échec cuisant de son Southland Tales, il avait promis, juré, craché que cette Box serait celle de la rédemption et des retrouvailles avec un public qu'il avait largué sur le bord de la route à force d'élucubrations autistes. Adaptation imbitable de la nouvelle cool de <strong>Matheson</strong>, le troisième film de <strong>Richard Kelly</strong> est un énorme trip métaphysico-SF renvoyant autant à <strong>Kubrick</strong> qu'à une vulgaire bisserie italienne. A défaut donc de savoir si le film est un chef d'?uvre ou un nanar, on est au moins sur d'une chose : partout où il est sorti, ce fut un bide certifié.
Judd Apatow et Will Ferrell
Forcément, l'année où des sous -produits comme Very Bad Trip et Paul Blart cartonnent comme des fous, on peut se douter qu'il y a quelque chose de pourri au royaume de la prout comédie. Du coup cet été, ce sont, coup sur coup, <strong>Will Ferrell</strong> (et son tordant Monde (presque) perdu) et <strong>Judd Apatow</strong> (avec son dément Funny People) qui se sont bien gamellé au Box Office Us, alors que l'année précédente leur Frangins malgré eux les consacrait comme les nouveaux Midas de l'industrie. Trop fous, trop sensibles, trop arty, les deux papes du rire ricain se sont fait dévorer tout cru par de sinistres rigolos à peine dignes des ligues d'impro amateurs. La fin d'une époque ? Déjà ?
Thirst, de Park Chan-Wook
Depuis Old Boy, <strong>Park Chan-Wook</strong> n'a visiblement plus grand chose à dire, alors il expérimente. Un moyen métrage tellement virtuose qu'il en oublie toute substance ( "Coupez" dans l'anthologie 3 Extrêmes), un dernier volet gonzo à sa "Trilogie de La Vengeance" (Lady Vengeance), ou bien une Jean-Pierre-Jeuneterie SF et neuneu (Je suis un cyborg). Des trucs complètement singuliers, mais surtout d'une nullité effarante. Cette année, rebelote : son Thirst propose une relecture hyper-fidèle de <em>Thérèse Raquin</em>, mais avec des vampires au milieu. Dit comme ça, ca l'air d'être n'importe quoi. Quand on le voit, c'est encore pire.
Antichrist, de Lars Von Trier
Comme son compatriote <strong>Winding Refn</strong>, <strong>Lars Von Trier</strong> croit dur comme fer à la formule "je choque donc je suis". Peu importe qu'il n'ait strictement plus rien à dire depuis Breaking The Waves, <strong>Lars</strong> continue d'explorer le cinéma sur le flanc de la provoc, formelle, théorique ou sensorielle. Des fois c'est drôle et ca donne Les Idiots, parfois ca pue la prétention et l'exhib et ca donne Antichrist, zéderie symboliste avec des renards qui parlent, qui vise <strong>Tarkovski</strong> mais qui atteint à peine <strong>Jess Franco</strong>.
Les blockbusters estivaux
De mémoire d'esthète du bourrinage, on n'avait jamais vu ça. Les effets collatéraux de la grève des scénaristes se sont donc fait violemment ressentir, et de mai à août, pas un film-kaboum n'a pu en sauver en autre. De l'ouverture, en fanfare et en download, de la saison (l'affreux Wolverine), à sa clôture, fluo et épileptique (le terrifiant G.I. Joe), on s'est emmerdé sec avec nos pop-corns à la main. Trusté par les pires yes-men d'Hollywood (<strong>Ron Howard</strong>, <strong>J.J Abrams</strong>, <strong>McG</strong>) et déserté par tous ses grands auteurs ( à un <strong>Michael Bay</strong> près), l'été 2009 restera comme le pire de la décennie.
Tarantino et ses basterds
Les <em>basterds</em> dans un top spécial crash ? Alors que c'est le plus gros succès de <strong>Tarantino</strong> depuis Pulp Fiction ? Alors que conjointement public et critiques se sont donnés la main pour l'acclamer ? Pourtant, difficile de comprendre à quel pont un film aussi mal fichu (deux heures de scènes introductives accolées les unes aux autres plus trente minutes de climax torché à la va vite), aussi mal dialogué (<em>"Nous allons détruire ce cinéma par le feu"</em>, tordant), et aussi mal designé (les costumes ressemble vaguement à ceux de Papy fait de la Résistance) ait pu susciter une tel débordement d'enthousiasme. De loin, la plus grosse hallucination collective de l'année.
Les Herbes Folles
Tiens, encore une hallucination collective. On ne sait pas si c'est parce qu'il est très vieux que les gens ont été très cléments avec Alain Resnais cette année. N'empêche que son dernier film en date a sonné pour de bon le glas du cinéaste ludique, désinvolte, espiègle et styliste que nous avons tant aimés. Ses Herbes folles sont d'une mocheté triste et le générique statique donne le ton : les audaces formelles du cinéaste de La Vie est un roman semblent très très loin.
Vengeance, de Johnnie To
On a bien compris que la filmo de <strong>Johnnie To</strong> serait frappée à jamais du sceau de l'inégalité. Ainsi après s'être pris en pleine face les définitifs Election 1 et 2, on n'est guère supris de retrouver <strong>To</strong> dans ce polar bricolé à la va vite avec l'idole des jeunes: une auto-parodie stylistique, des enjambées métaphysiques ringardes, une réflexion théorique esquissé puis vite désamorcée sur le film noir. Pas un film de fantômes : à peine un fantôme de film.
Cinéman, de Yann Moix
Facile de tirer sur l'ambulance <strong>Yann Moix</strong>. C'est vrai. Pourtant, quand on réalise un navet à 10 millions d'euros, facile aussi de ne pas faire le malin en citant <strong>Sergio Leone</strong>, pour justifier ses doublages foireux. Facile aussi de monter un film avec une logique narrative, un ordre dans les séquences, ou d'essayer, comme ca pour la beauté du geste, de mettre en scène ne serait ce qu'un gag qui fonctionne. Facile aussi de ne pas prendre les spectateurs pour des cons en leur montrant un film qui n'est pas terminé. Non, franchement, faire du cinéma, quand on s'appelle <strong>Yann Moix</strong>, ça a l'air super facile. Et pourtant.
Faire des classements sur ce qui est arrivé de meilleur au cinéma en 2009 ne suffit pas : il faut aussi s'atteler au pire.Petit tour d'horizon de 10 beaux plantages cinématographiques de l'année écoulée...Par François Grelet.
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