Ca raconte quoi ? La fin des années 80 : courtier timide et falot de Wall Street, Jordan Belfort se transforme après sa rencontre avec Mark Hanna en bête féroce assoiffée de sexe, de fric et de drogues. Son pote Donnie et lui vont monter une compagnie et amasser des millions grâce à une arnaque. L’ascension va être aussi violente que la chute.
C’est avec qui ? Leonardo DiCaprio joue Jordan. Matthew McConaughey son mentor lors de deux scènes essentielles. Côté seconds rôles, on retient évidemment Jonah Hill, Margot Robbie en pin-up, Jean Dujardin en banquier suisse marron, Kyle Chandler en agent du FBI intègre. Et même Joanna Lumley en tatie british.
Nombre de nominations ? 5 : Meilleur acteur (Leonardo DiCaprio), Meilleur second rôle masculin (Jonah Hill), Meilleur réalisateur (Martin Scorsese), Meilleur scénario adapté (Terence Winter), Meilleur film.
Pourquoi faut-il le voir ? Le Loup de Wall Street détient le record du film de fiction où le mot "fuck" est prononcé. Pendant 180 minutes, DiCaprio livre une performance hallucinante (le voir sniffer de la poudre dans l’anus d’une prostituée au début du film permet de mesurer l’abîme spatio-temporel qui sépare le Loup de Titanic), se lâche complètement tout en restant dans le cadre de son personnage. Un exploit. En vivisectionnant Les Affranchis et Casino, le film traverse avec une ampleur toute fellinienne les 80’s avides et gavées de coke de la finance : au menu, lancers de nains, avidité maladive, fanfares et partouzes sardanapalesques. Bon, avec 2 899 334 entrées françaises jusqu’à présent, et 308 millions de dollars de recettes mondiales (le plus gros carton mondial de la carrière de Martin Scorsese, en France le film reste en dessous des 3,1 millions de Shutter Island), on suppose que vous l’avez vu.
Ca repart avec quoi ? Que des nominations dans les catégories les plus prestigieuses, et aucune nomination technique : et pourtant, le Loup doit se battre face à des adversaires féroces. La perf chimique de DiCaprio (qui lui a valu le Golden Globe mais dans la catégorie "comédie" et pas "drame", pas bon signe) pourrait bien perdre face à la cure d’amaigrissement de McConaughey dans Dallas Buyers Club (qui combine sujet mélo + mise en danger physique, un combo apprécié de l’Académie) ou le rôle politiquement fort de Chiwetel Ejiofor dans 12 Years a Slave. Pareil pour Jonah Hill côté seconds rôles, le pauvre se retrouve face à Jared Leto, Michael Fassbender et le nouveau venu Barkhad Abdi pour Capitaine Phillips… Homo homini lupus ! Le Loup est tellement too much que l’Académie, pourrait lui préférer pour Meilleur film et Meilleur réalisateur des films plus fréquentables comme 12 Years a Slave ou Gravity (ce dernier a déjà gagné le trophée de la Director’s Guild of America). Verdict ? L’Oscar du Meilleur scénario adapté, signé Terence Winter (Les Soprano) pourrait être un lot de consolation.
Sylvestre Picard
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