REVIEW - Twilight 4 : Déception
SND

W9 continue la rediffusion de la saga avec Kristen Stewart et Robert Pattinson.

On l’attendait de pied ferme. Parce qu’on nous le présentait comme le film de la rédemption, celui qui devait tout changer et faire oublier un 2 et un 3 anecdotiques. Parce que la folie de l’intrigue (mariage, sexe, grossesse accélérée, accouchement gore, drame familial) et les libertés prises avec le livre étaient censées nous rassurer. Parce que Robert Pattinson himself nous l’avait promis (“il n’était pas question d’édulcorer quoi que ce soit"). Twilight 4 - Révélation est sorti en novembre 2011. On l’a vu et on est déçus. Et comme un bon crash test vaut toujours mieux qu’une mauvaise critique, décryptage des récentes promesses du casting et du résultat.
Par Gaël Golhen / Elodie Bardinet / Sylvestre Picard

“Bill (Condon, le réalisateur NDLR) est hyper drôle et il a injecté un peu d’humour dans Révélation” . Robert Pattinson - Première 
Faux. On cherche toujours l’humour dans ce quatrième épisode. OK, il y a bien des vampires qui installent la déco du mariage en trimballant des troncs d'arbres à bout de bras ou un couple de serviteurs qui découvrent la chambre nuptiale ravagée par les coups de boutoir d'Edward... mais c'est à peu près tout. Pire : on est à l'opposé de la légèreté (façon teen movie) que l'on trouvait dans le premier opus. De là à penser que cet épisode se prend trop au sérieux...

 “Twilight 4 est d’abord un drame familial” Kristen Stewart - Première
Faux. Roméo et Juliette chez les vampires ? On se calme ! Le seul arc narratif qui peut s'apparenter à un drame familial est celui de Jacob se rebellant face à sa meute. Et encore est-il assez rapidement expédié. Mais ce n’est pas à cela que pensait K-Stew. Non, Twilight au ciné, c'est avant tout l'histoire de Bella, et c'est loin d'être un drame familial : toute la famille Cullen accepte Bella sans sourciller, et est même prête à risquer sa survie pour la belle humaine. C’est même relativement frustrant d’un point de vue narratif. Le spectateur envisage les noeuds dramatiques qui auraient pu se ficeler dans l’intrigue... en vain. On devra avaler les "petite soeur" répété jusqu’à plus soif par sa belle famille et se contenter du coup de fil de Papa Swan inquiet le temps d'un coup de téléphone pour la santé de sa fille. C’est peu. 

Twilight, Chapitre 4 : l’interview intégrale de Kristen Stewart

“Je pense que Cronenberg va apprécier certaines scènes, comme celle où je pratique une césarienne avec les dents”. Robert Pattinson - Première 
Faux ! Enfin, on ne sait pas ce que pensera Cronenberg du film, mais si l’accouchement est l’une des scènes les plus intéressantes du film, ce n’est pas pour les raisons évoquées par R-Pattz. La séquence n’a rien à voir avec le cinéma organique de Cronenberg, ne joue jamais sur le charnel ou le dérangement physique. Au contraire, tout est fondé sur une idée de gore sonore (suggéré par les bruitages) assez forte : la mise en scène souligne finalement les enjeux narratifs profonds de l'histoire tout en jouant avec les codes du film ado tout public et mormon (ne rien montrer de frontal). Un tour de passe passe plutôt malin et l’une des seules idées de cinéma du film.

“Je ne vois pas comment Révélation pourrait être tous publics… à moins qu’ils coupent tout !” Robert Pattinson - Entertainment Weekly
Vrai : tout a été coupé. Ce n’est plus un scoop et c’est Kristen Stewart qui l’a récemment avoué :  la fameuse scène de sexe entre Edward et Bella est...  recouverte d’un pudique et pudibond fondu au noir. L’arnaque du siècle (ou du sexe ?) !  

“L’un des moments clés du tournage reste la scène du mariage” Kristen Stewart - Première
Vrai et Faux ! Du tournage peut-être, du film certainement pas. La mise en scène de Bill Condon, absolument insipide, multiplie les gros plans sur la robe de mariée de Bella et l’assistance mais évite surtout de penser en terme de cinéma. Le film caméscope du mariage de votre voisin est aussi palpitant. Reste la robe.

L'interview complète de Robert Pattinson dans Première (pour Twilight 3)

“Ca a l’air débile dit comme ça mais Bella est mon personnage préféré. Elle symbolise véritablement la figure de la mère”. Kristen Stewart - Box office magazine 
Vrai et vrai. C’est un peu débile dit comme ça et la figure maternelle de Bella est très forte, mais cristallise l’un des problèmes principaux du film. Son idéologie. Au-delà des considérations scénaristiques et techniques, difficile de ne pas voir un message anti-avortement (Bella veut garder son bébé même si elle en meurt, contre l'avis de son beau-père médecin) et anti-contraception (Edward et Bella ne se sont donc pas protégés pendant leur nuit de noces ?) dans Twilight 4. Ce qui n'est guère surprenant de la part d'une histoire issue d'une culture protestante millénariste ne gênera pas (ou moins) le public US. En France, ce sera plus compliqué...  

“Il y aura peut-être un air traditionnel irlandais au moment du mariage. Connaissant la passion de Bill (Condon NDLR) pour la musique ce ne serait pas étonnant”. Wyck Godfrey 
Faux. Pas de musique trad’ en vue. Pire quand on sait d’où vient Condon justement (DreamGirls et le scénario de Chicago) : la musique est absolument décevante. Quand ce ne sont pas les plages soporifiques du score de Carter Burwell (oui oui, le compositeur des frères Coen), c'est de la soupe FM anonyme qui prend le relais (la cible écoute vraiment Bruno Mars ?) en quasi-permanence.

Bande-annonce du film :


Twilight 4 : "Il s'agit d'une saga anti-avortement, pro-life et pro-mariage. La totale !"