Présenté par Dominique Besnehard sur France 5, Place au cinéma rend hommage ce soir à Jacques Perrin avec ce classique de Pierre Schoendoerffer, sorti voilà 45 ans.
Un film inspiré par des faits réels
Sorti en 1977, Le Crabe- Tambour nous entraîne à bord du Jauréguiberry, un navire militaire d’assistance dont le commandant (incarné par Jean Rochefort) – malade qui se sait condamné par un cancer – espère revoir une dernière fois en mer avant de mourir un ancien compagnon d’armes des guerres d’Indochine et d’Algérie, devenu pêcheur au large de Terre- Neuve. Ce dernier s’appelle Willsdorff mais il s’inspire directement de la vie du lieutenant de vaisseau Pierre Guillaume. Un personnage riche en aspérités, en contradictions et en ambiguïté qui, à la fin de la guerre d’Indochine, désobéissant au haut commandement, sauva en les embarquant sur les bâtiments sous ses ordres, 1 600 Vietnamiens catholiques voulant fuir le communisme. Avant, des années plus tard, d’être condamné à 8 ans de prison pour avoir participé au putsch d’Alger en 1961 puis être passé du côté de l’OAS. Schoendoerffer en avait fait le personnage central de son roman au titre éponyme publié en 1976 (récomepsné du Grand Prix du roman de l'Académie Française) qu’il porta donc à l’écran un an plus tard. Pierre Guillaume participa au film en tant que conseiller et il apparaît même à l’écran le temps d’une scène de procès dans les habits d’un procureur.
Les retrouvailles Perrin- Schoendoerffer
C’est Jacques Perrin, disparu hier à l’âge de 80 ans qui incarne Willsdorff à l’écran. Le Crabe- Tambour marquait sa deuxième collaboration avec Pierre Schoendoerffer, douze ans après La 317ème section. Les deux hommes avaient été présentés par le producteur Georges de Beauregard (qui co- finance aussi Le Crabe- Tambour). Dans une interview à Studio CinéLive en 2016, Jacques Perrin expliquait que « même s’ils ne partageaient pas les mêmes idées sur la chose militaire, leurs relations n’avaient jamais été encombrés par des considérations politiques. Car chez Schoendoerffer, c’est le film et le film seul qui dictait ses rapports avec chacun des acteurs » avant de préciser que « Pierre ne dirigeait pas ses comédiens. Que pour lui, il fallait être un point c’est tout. Qu’il avait besoin qu’à l’image chacun souffre, ait faim ou soit fatigué, à l’image de ce que lui avait vécu dans sa chair comme soldat. » Après Le Crabe- Tambour, les deux hommes se retrouveront à deux reprises. Pour L’Honneur d’un capitaine en 1982 puis pour Là- haut, un roi au- dessus des nuages, l’ultime long métrage de Schoendoerffer, sorti en 2004.
Un film triplement Césarisé
Le Crabe- Tambour fut nommé à 6 reprises lors de la cérémonie des César 1978 qui vit Providence d’Alain Resnais triompher en meilleurs film et réalisation. Et il repartit avec trois statuettes. Celle du meilleur acteur pour Jean Rochefort face à Alain Delon (Mort d’un pourri), Charles Denner (L’homme qui aimait les femmes), Gérard Depardieu (Dites- lui que je l’aime) et Patrick Dewaere (Le Juge Fayard dit le Shériff). Celle du meilleur second rôle pour Jacques Dufilho. Et celle de la meilleure photographie pour Raoul Coutard, le seul César de la carrière de cette légende de la direction photo qui ne sera nommé qu’à une seule autre reprise, en 1983 pour Passion de Jean- Luc Godard. Jacques Perrin remportera lui deux César. Comme meilleur producteur en 1997 pour Microcosmos et comme meilleur documentaire pour Océans en 2011. Il avait aussi été nommé en meilleur premier film en 2002 pour Le Peuple migrateur.
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