Arte diffuse ce drame de Katell Quillévéré à 20h55.
Après Un Poison Violent, et avant Réparer les vivants, Katell Quillévéré a tourné Suzanne, un beau portrait de femme que Arte proposera ce soir. Adèle Haenel avait d'ailleurs reçu le César de la meilleure actrice dans un second rôle pour ce film. Première vous le conseille chaudement.
Notez que le film sera suivi d'un documentaire sur la pionnière du cinéma Alice Guy, qui est déjà visible sur Arte.TV.
"'Parce que j’en avais envie.' Cette réponse de Suzanne à son paternel lui demandant pourquoi elle a décidé, à 17 ans, de garder l’enfant qu’elle attend d’on-ne-sait-qui s’applique à toute sa vie. Oui, Suzanne fait ce qui lui plaît, quitte à en payer le prix fort. La gifle (physique) qu’elle reçoit à ce moment-là est la première d’une longue série de baffes (morales). Ce deuxième long métrage de Katell Quillévéré s’intéresse comme le précédent, Un poison violent (2010), aux rugosités des jeunes filles. D’un naturalisme proche du documentaire (Minitel antédiluvien et pulls à bouloches), d’un romanesque qui ne néglige pas le surréalisme (apparitions de l’être aimé dans des endroits improbables), Suzanne est le récit triste et gai, sur vingt-cinq ans, d’un destin en zigzag. Avec des ellipses sidérantes qui mettent en lumière les moments-clés, les choix – bons ou mauvais – faits à chaque croisement. Dans cette famille, il y a toute la tendresse du monde mais chacun cherche sa place. Le père, veuf, tente d’être également une mère, et la petite soeur se doit d’être sage puisque son aînée ne l’est pas. Suzanne, elle, s’agrippe à l’amour comme une noyée à une branche. Sara Forestier et Adèle Haenel sont bouleversantes, elles passent de l’adolescence à l’âge adulte avec une évidence époustouflante. À quelques cheveux de perruque près, François Damiens est parfait. Le déterminisme social pèse son poids, imputable à l’absence du père et à un futur sans avenir. Pourtant, la force intérieure des héroïnes ordinaires que Katell Quillévéré met en scène est insolente. Une grande réalisatrice est née."
Katell Quillévéré : "Le cinéma doit fonctionner comme une catharsis"
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