Ruben Alves
Warner Bros France

Retour sur le parcours du réalisateur franco-portugais dont le deuxième long métrage arrive en clair à la télévision.

Cette interview a initialement été publiée le 20 octobre 2020.

Première diffusion en clair pour Miss, ce dimanche sur France 2. Première vous le conseille (notre critique est à lire ici), mais c'est encore son créateur, Ruben Alves, qui en parle le mieux !

Première : Qu’est ce qui vous a donné envie de passer un jour à la réalisation ?

Ruben Alves : Mon parcours débute par une rencontre à l’âge de 3 ans avec Hugo Gélin. On s’amusait à faire des mises en scène dans la cour de récréation. Le papa d’Hugo étant réalisateur, on profitait de nos vacances pour tourner des petits films et on faisait des projections à la rentrée pour la trentaine de personnes qui les attendaient ! On avait 14 ou 15 ans. Mais contrairement à Hugo qui baignait là- dedans, c’est petit à petit que j’ai compris que c’était un métier. A commencer par l’année de mes 20 ans, où on a co- réalisé un court métrage ensemble A l’abri des regards indiscrets. J’ai ensuite eu quelques expériences d’acteur (Pédale dure, Madame Irma, Secret défense…) pour arriver à la conclusion que mon envie de cinéma passait avant tout par être derrière la caméra car je n’arrivais pas à m’épanouir sur les désirs des autres. Je devais prendre les choses en main. J’ai donc commencé à écrire divers projets. Et c’est là que La Cage dorée est né, produit donc par Hugo. Un projet hyper personnel lié à mes origines portugaises. Et aussi dingue que ça puisse paraître, Pathé nous a dit banco sur le simple pitch. Je suis même arrivé à imposer que la plupart des acteurs principaux seraient portugais même si peu de gens les connaissaient en France

La Cage dorée de Ruben Alves
Julien Panié- Pathé Distribution

Comment vous sentez- vous sur ce plateau- là ?

J’ai la certitude d’être à ma place. Quand tu fais un film, tu en fais en fait trois. Celui que tu écris, celui que tu tournes et celui que tu montes. Et à chacune de ces étapes, je me régale. Mais parce que je ne suis jamais seul. Avec mes co- scénaristes Hugo Gélin et Jean- André Yerles, avec mon équipe et mes acteurs puis avec mon monteur Nassim Gordji-Tehrani. Je ne peux travailler qu’en échangeant, qu’avec cette idée de ping-pong permanent. Et le fait que Pathé m’ait laissé faire le film que je voulais vraiment rend le succès encore plus beau

Est- ce que ce carton au box- office (plus d’1,2 millions d’entrées) vous met alors la pression pour le film suivant ?

Honnêtement, non. Mon agent m’incite à enchaîner rapidement pour battre le fer tant qu’il est chaud. Mais moi je n’en avais pas envie. J’aurais eu l’impression de le faire pour de mauvaises raisons.  J’avais besoin de me nourrir d’autre chose. On m’a alors proposé de faire un projet autour du fado et j’ai accepté. Hugo s’arrachait les cheveux en m’expliquant que ça allait me prendre un an. Je lui ai certifié que non, que dans deux mois je serais de retour… Mais il a eu raison car ce projet a donné naissance à un disque et un documentaire. Et j’ai ensuite décidé de rester vivre au Portugal développer différentes choses sur place.

Quand Miss surgit- il ?

J’avais en moi depuis un petit moment l’envie de parler de l’identité. Mais savoir comment m’a pris du temps. D’abord car j’avais vu énormément de bonnes fictions et de beaux documentaires là- dessus, dont évidemment Girl. Et surtout parce que je ne voulais pas faire un film- sujet. Ensuite, comme toujours, tout est affaire de rencontre. Celle que j’ai faite via son compte Instagram – où j’avais repéré ses photos - avec Alexandre Wetter. Quand nous nous sommes vus, j’avais devant moi un garçon absolument libre, détaché justement de ces questions d’identité fille- garçon et qui assumait pleinement ce qu’il avait envie d’être. Or je voulais traiter cette thématique de l’identité en passant par ce qui me guide et me constitue : l’humour, le cinéma populaire, les seconds rôles qui vont apporter de la drôlerie… Sortir d’une niche, d’une œuvre purement communautaire que n’iraient voir que les convaincus. Alors je suis allé en parler à Hugo et Laetitia Galitzine. Je leur ai simplement dit que je voulais raconter l’histoire d’un garçon qui a un rêve dans la vie : devenir Miss France. Ils m’ont dit OK très vite et je suis parti l’écrire. J’ai aussi évidemment été rencontrer le Comité Miss France et Endemol qui produit la soirée. Ils m’ont ouvert les portes comme jamais je ne l’aurais imaginé. Alors qu’il était si simple de me dire non.

Miss de Ruben Alves
Julien Panié- Zazi Films- Chapka Films

Qu’est ce qui a changé pour vous sur le plateau de Miss par rapport à celui de La Cage dorée ?

Le monde ! Certains matins, j’avais à peine le temps de dire bonjour à tous… (rires) Mais je me suis encore plus senti à place car je n’aime rien tant que mélanger les gens, les familles d’acteurs. C’est aussi ce qui permet de créer en permanence au fil du récit ces ruptures entre rires et larmes que je recherche

Va-t-il falloir encore patienter 7 ans pour votre troisième film ?

Non, cette fois- ci, je vais moins faire attendre Hugo ! (rires) Je vais repartir assez vite sur un nouveau projet. Je ne peux pas encore en dire grand-chose sauf qu’il sera… européen.


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