Jeremy Saulnier (Green Room) fait son Jack Reacher pour Netflix : bande-annonce de Rebel Ridge
Netflix

Le réalisateur de Blue Ruin et Green Room, Jeremy Saulnier, signe un film hyper-tendu, nourri de l’humeur explosive de l’Amérique contemporaine.

L’argument de Rebel Ridge n’est pas très éloigné de celui de Rambo : alors qu’il n’avait rien demandé à personne, un ancien soldat se retrouve à devoir affronter des flics bornés qui règnent en maîtres sur leur petit bout d’Amérique. La différence, c’est que notre néo-John Rambo est Noir, ce qui change pas mal de choses, en particulier aux yeux des autorités de Shelby Springs, petite ville (fictive) de Louisiane. Délesté par deux policiers ripoux des 30 000 et quelques dollars qu’il transportait sur lui pour payer la caution de son cousin, Terry Richmond (Aaron Pierre, révélé dans The Underground Railroad, d'un magnétisme fou) choisit de ne pas se laisser faire et de tenir tête au shérif local, joué avec sa hargne country habituelle par Don Johnson.

A partir de là, Jeremy Saulnier (Blue Ruin, Green Room, Aucun homme ni dieu, ça commence à faire un beau CV) va s’amuser à faire monter la tension en organisant la friction entre son schéma westernien antédiluvien et une plongée ultra-documentée dans l’Amérique d’aujourd’hui, entre racisme endémique, services publics en déroute, corruption à tous les étages, sans oublier les problèmes de Wi-Fi dans les commissariats du Sud… Par son mélange de ramifications narratives tortueuses et de scènes d’action tournées sur une poudrière, Rebel Ridge évoque parfois le Jack Reacher de Christopher McQuarrie, l’insouciance pop en moins, la colère politique en plus. Il confirme surtout la singularité de la vision de Saulnier, qui écrit ici un nouveau et brillant chapitre d’une vieille histoire : celle de la guerre que les Américains, quand ils ne sont pas occupés à batailler outre-mer, ne peuvent pas s’empêcher de se livrer entre eux.

Rebel Ridge, de Jeremy Saulnier, avec Aaron Pierre, Don Johnson, AnnaSophia Robb… Sur Netflix.