Oscars 2024 : Jonathan Glazer condamne "l’Holocauste détourné par une occupation"
ABACA

Le cinéaste britannique a livré un discours engagé à propos du conflit israélo-palestinien, en recevant un prix pour La Zone d'intérêt.

Le scénariste et réalisateur de La Zone d’intérêt, Jonathan Glazer, a abordé le conflit israélo-palestinien pendant les Oscars de 2024, après avoir reçu l’oscar du meilleur film international pour ce drame se déroulant à quelques pas du camp de concentration d'Auschwitz, au coeur de la Seconde Guerre Mondiale.

"Notre film montre jusqu’où la déshumanisation peut mener, souvent au pire. Elle a façonné notre passé et notre présent, a déclaré M. Glazer dans son discours d’acceptation du meilleur long métrage international. À l’heure actuelle, nous sommes ici en tant qu’hommes qui réfutons que leur judaïsme et l’Holocauste soient détournés par une occupation qui a conduit à un conflit, pour tant d’innocents."

Jonathan Glazer a été rejoint sur scène par son collègue producteur sur le film James Wilson et son bailleur de fonds Leonard Blavatnik. Si le cinéaste est le seul a avoir dénoncé le conflit israelo-palestinien au cours de son discours, d'autres personnalités ont arboré un badge appelant à cessez-le-feu à Gaza. Notamment au sein de l'équipe française d'Anatomie d'une chute, de Justine Triet, ou de Pauvres créatures, Mark Ruffalo ayant évoqué le sujet sur le tapis rouge.

La 96 cérémonie des Oscars se voulait très engagée puisqu'elle a rendu hommage à Alexeï Navalny, l'opposant russe à Vladimir Poutine mort dans une prison de l'Arctique, en ouverture de sa section In Memoriam. 

Jonathan Glazer a pris la parole sur la situation au Moyen-Orient : 

"Que ce soit les victimes du 7 octobre en Israël ou l’attaque en cours sur Gaza, toutes les victimes de cette déshumanisation – comment résister ?"

L’équipe du film a été saluée, notamment Johnnie Burn, sound designer et monteur sonore, dans la lumière depuis sa consécration après avoir été récompensé du prix CST de l’Artiste-Technicien ainsi du BAFTA Awards du meilleur son.

La Zone d’intérêt invoque le drame historique de la Seconde Guerre mondiale, à Auschwitz, alors qu’un commandant nazi allemand (Christian Friedel) et sa femme apathique, jouée par Sandra Hüller, mènent une vie paisible au sein d’un foyer à proximité de l’indicible. Pourtant, la famille s’épanouit dans un climat qui nous soumet une illusion idyllique dérangeante.

Jonathan Glazer avec confié à IndieWire, qu’il souhaitait que la Zone d’intérêt soit filmé comme une émission de téléréalité pour rendre le film "actuel".

"Nous regardons l’agresseur droit dans les yeux, a déclaré Jonathan Glazer à propos du long métrage sur l’Holocauste. Nous ne pouvons pas le considérer comme un film. Nous ne pouvons pas dire : "Je regarde un film en toute sécurité.""

D'autres personnalités ont pris la parole au cours de la saison des cérémonies. En parallèle des Oscars, se tenait par exemple une manifestation pro-palestinienne. Yuval Abraham, documentariste de No Other Land, a déclaré lors de son discours de clôture de la Berlinale de 2024 qu’il avait reçu des "menaces de mort" après s’être exprimé sur une chaîne israélienne censurant son film au motif qu’il était "antisémite".

La cinéaste Eliza Hittman a appelé à un cessez-le-feu, disant à la Berlinale : "En tant que réalisatrice juive qui a remporté l’Ours d’argent en 2020, il est important pour moi d’être ici. Il n’y a pas de "guerre juste", et plus les gens essaient de se convaincre qu’il y a une guerre juste, plus ils commettent un acte grotesque de tromperie."

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