Cinéma, streaming, VOD, TV... Retrouvez chaque vendredi les conseils de la rédaction.
Le film en salle : Toni en famille
Il n’avait que 19 ans, en 2019, quand on l’a vu débouler avec Les Drapeaux de papier. Et depuis mercredi, Nathan Ambrosioni fait mieux que confirmer tous les espoirs placés avec lui en mettant en scène une quadra, jadis vedette de la chanson (grâce à un single qui a cartonné il y a plus de 20 ans), qui avait tout arrêté pour s’occuper de sa progéniture, cinq ados s’apprêtant à quitter le nid du foyer. Car en partant de ce pitch qu’on pourrait croire usé jusqu’à la corde, le cinéaste sait faire entendre sa petite musique à lui. Grâce à la qualité de son écriture où il parvient à faire exister les individus et le collectif, creusant les préoccupations de chacun de ses six personnages principaux, leurs envies d’émancipation sans jamais perdre de vue ce qui fait famille chez eux. Et il permet à Camille Cottin de montrer l’étendue de sa palette de jeu dans son plus beau rôle sur grand écran à ce jour. Une pépite.
Toni en famille, actuellement au cinéma
Les nouveautés au cinéma cette semaine
Le film en streaming : Sentinelle sur Prime Video
Jonathan Cohen est François Sentinelle, flic aux méthodes musclées le jour, chanteur ringard le soir. Un pitch qui se suffirait presque à lui-même (si vous n’êtes pas allergique à Cohen, évidemment que vous avez envie de voir ça), mais le film navigue dans des territoires comiques assez inattendus, quelque part entre la folie furieuse de Y a-t-il un flic pour sauver la reine ? et le premier degré de Deux Flics à Miami. Et ça marche, notamment grâce à un Raphaël Quenard qui ramène Sentinelle - le film et le personnage - sur terre tout en imposant une bizarrerie façon Bruno Dumont. Le programme parfait pour lutter contre le blues du dimanche soir.
Sentinelle : disponible sur Prime Video depuis le 8 septembre
La série : The Changeling sur Apple TV+
Ça commence comme une belle romance entre un homme (LaKeith Stanfield, génial comme d’habitude) et une femme (Clark Backo), mais très vite ça vire au drame psychologique et fantastique. Adaptée du livre éponyme de Victor LaValle (qui est aussi le narrateur de la série), The Changeling offre une relecture moderne de Rosemary’s Baby, entre allégorie horrifique du post-partum et show à la narration morcelée avec ses flashbacks nous dévoilant les traumatismes d’enfance du couple. Après trois épisodes, on a hâte de découvrir la suite. Sa créatrice, Kelly Marcel (50 Nuances de Grey, Cruella, Venom), a décidément un CV étonnant…
The Changeling : trois épisodes disponibles ce vendredi sur Apple TV+, puis un épisode par semaine jusqu'au 13 octobre.
Le film en VOD : Beau is afraid
Deux options possibles face à l'arrivée en VOD de Beau is afraid, le troisième long-métrage d'Ari Aster : soit vous ne l'avez pas vu en salle (ce qui est fort probable, puisque le film n'a fait que 70 000 entrées au printemps dernier) et c'est donc le moment idéal pour découvrir cette comédie horrifique avec Joaquin Phoenix, l'un des films les plus stimulants et excentriques de l'année ; soit vous l'avez déjà vu et c'est le moment d'y replonger. Beau is afraid est en effet le genre d'œuvre-gigogne tellement ample et mutante qu'elle entre dans la catégorie bien particulière des films de "deuxième vision" : "C'est clairement un film qui bénéficie d'un nouveau visionnage, a récemment reconnu Ari Aster. Parce qu'on ne sait pas vraiment ce qu'on regarde avant d'être arrivé au bout. C'est un film fait pour que vous luttiez avec." Le combat peut recommencer.
Regardez Beau is afraid en VOD sur Première Max
A la télévision : Godard par Godard sur France 5
Tout Godard (ou presque) en une heure chrono, c’est le pari de ce portrait au pas de charge, écrit par le directeur de la Cinémathèque Française, Frédéric Bonnaud. L’objet s’articule en un long montage d’archives (extraits de films, témoignages, interventions de Godard...), qui retrace chronologiquement – et sans voix off - l’itinéraire solitaire d’un des plus grands cinéastes de son temps (et ceux d’après) Les fans réentendront peut-être ce qu’ils connaissent déjà par cœur, les autres auront l’impression de tutoyer ce saint homme qui apparait ici doux comme un agneau. Godard, citant Ponge, se voyait en un « réparateur de l’univers ». Et de fait, depuis sa disparition volontaire il y a un an, quelque chose dans notre monde s’est cassé.
Godard par Godard, le vendredi 8 septembre à 22H50 sur France 5
Le classique : Cléo de 5 à 7 sur Netflix
C’est le deuxième long de Varda et déjà la Pierre angulaire de toute son œuvre à venir. Une œuvre où les digues de la fiction et du documentaire, du réalisme et du fantastique, du rêve et du cauchemar, sautent... Tout part d’ailleurs d’un cauchemar et le pressentiment de l’héroïne - une chanteuse pas forcément ouverte aux autres - qu’une grave maladie la ronge. Cléo attend ses résultats médicaux et erre, fragile et anxieuse, dans un Paris noir et blanc et, en temps réel. De 5 à 7 donc. Corinne Marchand, grâcieuse en diable, restitue sur son visage, sa voix et ses manières, toutes les inquiétudes de son personnage. C’est en parvenant à s’extraire d’elle-même – et de son petit nombril - que Cléo fera enfin rentrer la vie en elle. Dès lors, la mort n’a plus qu’à fuir. Dans le dernier classement des meilleurs films de tous les temps du BFI, Cléo de 5 à 7 (1962) figure à la quatorzième place.
Cléo de 5 à 7, disponible depuis le 1er septembre sur Netflix (cycle Agnès Varda)
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