Ce qu’il faut voir en salles
L’ÉVÉNEMENT
NOPE ★★★★☆
De Jordan Peele
L’essentiel
Après Get Out et Us, Jordan Peele vise encore plus haut et signe son meilleur film.
C’est l’heure du grand décollage pour Jordan Peele. L’épreuve du troisième film, après les sensationnels Get Out et Us. Avec la malice qui le caractérise, Peele a d’ailleurs placé Nope sous le patronage de deux des plus fameux "troisièmes films" de l’histoire du cinéma : Rencontres du troisième type et Signes. Nope sera donc film de soucoupe volante sis dans les grands espaces américains, une énigme, un appel à regarder (ou pas) ce qui se trame au-dessus de nos têtes…
Il y est question d’une famille d’éleveurs de chevaux travaillant pour l’industrie du cinéma, qui doit faire face à la mort brutale et mystérieuse du patriarche. D’un ancien enfant acteur ayant vécu un événement traumatique sur le plateau d’une sitcom des années 90, reconverti depuis en entrepreneur de parc d’attraction. D’un gros nuage planant au-dessus d’un ranch californien, et abritant peut-être un objet volant non identifié… Pendant une heure et demie (à vue de nez, on n’avait aucune envie de regarder notre montre), Jordan Peele échafaude un empire de signes, un labyrinthe d’images, de plans intrigants, de sensations flottantes, de flash-backs horrifiques arrêtés avant leur terme, d’idées ouvrant sur des gouffres vertigineux…
C’est à une fable morale sur le sens du spectacle et des images que le cinéaste nous invite ici. Otis Junior (Daniel Kaluuya) et sa sœur Emerald (Keke Palmer) se sont mis en tête de filmer les E.T. qui s’agitent au-dessus de leurs têtes et leur mission va les emmener à croiser la route d’acteurs et de forains, de reporters-charognards et de chefs opérateurs esthètes, tous à la recherche du plan parfait, tous confrontés à une altérité qu’ils ne pensent pouvoir saisir qu’en braquant une caméra dessus… Que faut-il faire face au spectacle de la catastrophe qui s’annonce ? Y a-t-il des manières plus héroïques que d’autres de capturer le "money shot" ultime ? Les questions que posent Peele pourraient être totalement assommantes, mais elles sont enrobées dans un spectacle SF euphorisant, flippant et mystérieux. La démonstration de force d’un cinéaste en pleine possession de ses moyens. On attend avec impatience le quatrième film, bien sûr. Mais Nope devrait nous occuper encore un long moment d’ici là.
Frédéric Foubert
Lire la critique en intégralitéPREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME
LAAL SINGH CHADHA ★★☆☆☆
De Advait Chandan
Une plume d’oiseau qui vole et vent dans la première et ultime scène. Un héros qui court et traverse plus de 30 ans de l’histoire son pays en héros malgré lui. On est ici en terrain connu. Logique : Laal Singh Chaada est le remake indien du Forrest Gump de Zemeckis. Un remake extrêmement fidèle à l’histoire originale, remplaçant juste les allusions directes à l’histoire des Etats- Unis par des événements marquant de l’histoire de l’Inde et la fameuse boîte de chocolats par des golgappas, des boules de pain frits de la taille d’une balle de ping-pong, remplis d’oignons, de piments, de pois chiches ou de pomme de terre. Sa si grande proximité tue évidemment dans l’œuf tout effet de surprise et fait ressentir des longueurs au fil des 2h39 du récit (Forrest Gump faisait lui à peine moins : 2h22), la sympathie et l’empathie que dégage la star de Lagaan, Aamir Kahn, dans le rôle central, emporte le morceau.
Thierry Cheze
LOIN DE CHEZ NOUS ★★☆☆☆
De Wissam Tanios
Dans ce documentaire, Wissam Tanios suit la trajectoire de deux jeunes frères syriens – l’un menuisier comme leur père, l’autre ne quittant jamais sa trompette - ayant fait le choix de l’exil pour tenter de vivre une vie meilleure loin de leur pays d’origine en guerre. Impossible de rester insensible devant ce film mêlant images du présent et documents d’archives familiaux (grâce à la caméra de leur oncle qui n’a jamais cessé de filmer gamins) dans un équilibre construit avec soin pour que le passé ne bégaie jamais mais éclaire la situation actuelle de ces deux frères. Le pourquoi de leur exil – échapper à l’enfer d’un quotidien tragique et meurtrier – apparaît comme une évidence. Logiquement, Loin de chez nous s’intéresse donc d’abord et avant tout au comment (faire ses adieux ou non par exemple) vivre cet exil sans perdre le fil de la transmission si essentielle pour les deux frères. Mais malgré la force des témoignages, il n’émane pas de ce documentaire la puissance de sommets récents sur cette question de l’exil forcé que furent Flee ou Pour Sama qui transcendaient eux bien plus, par leur forme, les récits qui se déployaient à l’écran.
Thierry Cheze
Retrouvez ces films près de chez vous grâce à Première GoPREMIÈRE N’A PAS AIME
DODO ★☆☆☆☆
De Panos H. Koutras
Mais qu'est-ce que t'as Dodo, dis donc ? Panos H. Koutras, rien de moins que le réalisateur grec du gaguesque L'Attaque de la moussaka géante, met en scène un couple au bord la ruine qui s'apprête à célébrer le mariage de leur fille avec un riche héritier, histoire de littéralement sauver les meubles. C'est là, à la veille de la cérémonie, que se pointe dans le jardin familial un dodo, animal censé avoir disparu de la surface de la Terre il y a 300 ans... Le rapport entre les deux ? Absolument aucun, et c'est sûrement le plus gros problème de ce film choral, qui aimerait allier loufoquerie absolue et comédie de mœurs sur les conséquences de la crise grecque. Koutras semble empêtré dans son propre récit, composé de sous-intrigues en cascades et de métaphores plus ou moins grossières. Allez, au dodo.
François Léger
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