Affiches Films à l'affiche mercredi 9 août 2023
Paramount Pictures/ Sony Pictures/ Zinc

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
NINJA TURTLES TEENAGE YEARS ★★★☆☆

De Jeff Rowe et Kyker Spears

L’essentiel

En réinventant joyeusement les Tortues Ninja, le réalisateur Jeff Rowe signe un film moderne, nerveux et très à l'aise dans son époque. Cowabunga

En une trentaine d’années, les Tortues Ninja ont connu une grosse dizaine de transpositions sur petit et grand écran, avec quelques rares grands crus et pas mal d’objets filmiques qu’on préférerait oublier. Gros projet à gros budget, Ninja Turtle Teenage Years entend ouvrir une nouvelle ère pour la franchise, et se distingue immédiatement par son parti pris scénaristique - raconter l’adolescence des Tortues sous la forme d’une comédie d’action - ainsi que son look inimitable - on jurerait que les dessins ont été réalisés au stylo. Très ancré dans son époque (le smartphone tient évidemment une place essentielle), Ninja Turtles Teenage Years  porte l'empreinte humoristique de son producteur, Seth Rogen. Fun, drôle et ultra rythmé, le récit file à toute allure, parfois au risque d’oublier un peu de caractériser les Tortues. Mais si l’on accepte de se laisser porter et de mettre de côté les citations pop culture incessantes - et parfaitement lourdingues -, Ninja Turtles Teenage Years se révèle être une aventure survitaminée sur les troubles de l'adolescence.

François Léger

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PREMIÈRE A AIME

ANIMALIA ★★★☆☆

De Sofia Alaoui

Découverte en 2020 avec son court- métrage Qu’importe si les bêtes meurent (récompensé d’un Grand Prix à Sundance puis d’un César), Sofia Alaoui confirme en format long son talent à arpenter le terrain du genre. Elle met en scène Itto (impressionnante Oumaïma Barid), une jeune Marocaine d’origine modeste enceinte et mariée au fils d’une riche famille, dont les membres – à commencer par la mère du futur marié – la regardent de haut. Itto qui, alors que toute sa belle- famille part pour la journée, se retrouve seule au cœur d’un surgissement soudain d’événements surnaturels plongeant le pays dans l’état d’urgence et créant la panique chez les animaux. Sofia Alaoui a ici la belle idée de ne pas chercher à tout expliquer, de laisser le mystère entier. Et tout en proposant un regard sur la société marocaine et son rapport à la religion par le prisme du mysticisme, son Animalia se situe aux antipodes d’un film à sujet : un film de sensations à l’intérieur duquel on prend un immense plaisir à s’abandonner devant la beauté somptueuse des images et des cadres de Noé Bach (le chef op’ de Spectateurs !, le prochain Desplechin). Une réalisatrice à suivre de près.

Thierry Cheze

24 HEURES A NEW- YORK ★★★☆☆

De Vuk Lungulov- Klotz

Il y a incontestablement une volonté de pédagogie dans ce premier long métrage, à haute teneur autobiographique, mis en scène par le réalisateur trans américain Vik Lungulov- Klotz. Celui de raconter frontalement les questions tout à la fois très pratiques (un blocage pour encaisser un simple chèque...) et dans sa relation à ses proches d’une transition. Et il suit pour cela 24 heures dans la vie de Feña, jeune homme trans d’origine chilienne, anxieux à l’idée de l’arrivée imminente à New- York où il s’est installé, de son père qu’il n’a plus revu depuis sa transition. Une nuit et un jour où son passé ne va cesser de le rattraper, en retombant par hasard dans une soirée sur son ancien petit ami, avec qui il n’avait plus eu de contact non plus depuis.  Mais pédagogue ne veut pas dire scolaire et ces 24 heures sont riches en rupture de rythme et de ton (de la violence sourde d’un moment d’humiliation dans une pharmacie pour l’achat de protections hygiéniques à une scène troublante de sensualité entre les deux anciens amants dans une laverie) mais sans jamais verser dans le misérabilisme et en faisant un sort à tous les archétypes. Un film bouleversant de pudeur.

Thierry Cheze

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

UN COUP DE MAÎTRE ★★☆☆☆

De Rémi Bezançon

Les films du duo argentin Mariano Cohn- Gastón Duprat inspirent décidément le cinéma français. Peu après le remake de leur Citoyen d’honneur par Mohammed Hamidi, c’est au tour de Rémi Bezançon de s’emparer de leur Coup de maître, sorti en 2018. Un choix plutôt malin car il s’agit d’un des films les plus faibles des duettistes et que monter en gamme se révélait sur le papier plus simple. Et après plusieurs longs lui aussi quelconques (Nos futurs, Le Mystère Henri Pick…), le réalisateur du Premier jour du reste de ta vie y parvient. L’intrigue reste la même - une histoire d’amitié entre un galeriste et un peintre qu’il présente – et les gros défauts aussi : le trait très épais de la caricature du milieu de la peinture, des personnages ployant par ricochet sous des archétypes. Mais en faisant de ce peintre non plus la victime d’une perte de mémoire après un accident mais un provocateur sur le déclin qui refuse de jouer le jeu social pour s’en sortir, Bezançon dynamise le récit, le rend plus fluide. Et a eu surtout la géniale idée de confier les deux rôles à Vincent Macaigne et Bouli Lanners dont la complicité fait merveille.

Thierry Cheze

LA VOIE ROYALE ★★☆☆☆

De Frédéric Marmoud

La voie royale qui donne son titre au troisième long de Frédéric Mermoud (Complices, Moka) ce sont ces classes préparatoires qui conduisent vers les grandes écoles au prix d’une ou deux années de travail acharné et de compétition intense. Le réalisateur nous les fait vivre à travers le parcours d’une fille d’agricultrice, lycéenne brillante, qui tente sa chance dans un univers ouvrant la possibilité d’une ascension sociale. Interprété par un casting solide (Suzanne Jouannet et Marie Colomb en tête), La Voie royale touche juste dans la description du quotidien de ces écoles comme dans l’écriture de son personnage central et ses relations amicales ou amoureuses complexes avec des élèves de son âge, d’une classe sociale supérieure. Mais à vouloir aborder beaucoup de sujets (de la crise agricole aux Gilets Jaunes en passant par le mépris de classe), il en survole hélas un peu trop certains.

Thierry Cheze

LES PROMESSES ★★☆☆☆

De Amanda Sthers

Un amour qui n’a jamais vécu est un amour qui ne peut jamais mourir… Tel pourrait être le sous- titre de cette adaptation de son propre roman par Amanda Sthers qui assume ici son amour du mélo, son désir de pousser les émotions à leur paroxysme, sans craindre d’en faire trop. Cette histoire d’amour inachevée car toujours empêchée par les aléas de l’existence, celle d’Alexander et Laura entre la Grande- Bretagne et l’Italie, la réalisatrice nous la fait vivre sur plusieurs décennies au fil de flashbacks et flashforwards qui auraient gagné à être allégés. Mais le charme opère à intervalles réguliers grâce à ses deux interprètes principaux Pierfrancesco Favino (dans un rôle proche de celui du récent Colibri) et Kelly Reilly, dont l’alchimie, la justesse et la finesse justement dans ce voyage tumultueux sur la Carte du Tendre permettent de gommer certains de ses défauts.

Thierry Cheze

 

PREMIÈRE N’A PAS AIME

GRAN TURISMO ★☆☆☆☆

De Neill Blomkamp

Production faite pour promouvoir l’un des jeux vidéo phares du catalogue PlayStation, Gran Turismo entend mettre en scène une "histoire vraie", celle de Jann, un jeune Gallois expert dans cette simulation de course auto hyper réalist qui va devenir un vrai pilote de bolide en intégrant un programme créé par Nissan pour faire la pub de leurs bagnoles. Gran Turismo est donc affaire de promotion à tous les niveaux. A la réalisation, Neill Blomkamp (District 9) apporte une indéniable physicalité au à ce film de tôles froissées pour de vrai, via des mouvements de drone vertigineux qui évoquent le splendide Ambulance de Michael Bay. Sauf que là où ce dernier en faisait un procédé de cinéma nécessaire (jouer le réel contre le faux), Blomkamp  n’en fait qu’un simple amusement -une copie publicitaire, peut-être. En cette année 2023 où les plus grands succès planétaires ne sont au fond que de vastes entreprises publicitaires à leur sommet (Barbie, Mario), Gran Turismo ne détonne, au fond, absolument pas.

Sylvestre Picard

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ZONE(S) DE TURBULENCE ★☆☆☆☆

De Hafsteinn Gunnar Sigurdsson

Le point de départ est plutôt malin : une femme d’affaire londonienne qui, pour sauver sa nouvelle relation de couple et partir au bout du monde avec son amoureux, veut guérir sa peur phobique de l’avion et effectue, pour sa thérapie, un vol avec d’autres angoissés du même genre (organisé par… « Les Voyageurs intrépides). Vol évidemment riche en émotions fortes mais à l’issue duquel ils vont surtout se retrouver coincés en Islande sans possibilité de rentrer aussi vite que prévu. Et après une entame réussie, cette comédie s’essouffle vite. La faute à des quiproquos et des imbroglios vite lassants entre son héroïne et son compagnon avec lequel, n’ayant jamais parlé de ce vol thérapeutique, elle doit enchaîner mensonge sur mensonge. Mais aussi à des personnages peinant à sortir des archétypes et se noyant dans des facilités : un nième personnage d’Instagrameuse, cible des nièmes mêmes moqueries. Et tout à son obsession de créer une collection de situations délirantes, Hafsteinn Gunnar Sigurdsson compile les sketchs très inégaux en oubliant de raconter une histoire.

Thierry Cheze

LES AVANTAGES DE VOYAGER EN TRAIN ★☆☆☆☆

De Aritz Moreno

Dans un train qui la ramène de l’hôpital psychiatrique où elle a fait interner son mari, une éditrice fait la connaissance d’un docteur qui lui raconte des cas cliniques plus sordides les uns que les autres. Le début d’un récit façon poupées russes où il sera question de pédophilie, de snuff movies, d’humiliations faites aux femmes... On perçoit le désir de comédie noire cruelle et incorrecte. Mais en surlignant tous ses effets, Aritz Moreno passe à côté de son film. N’est pas Marco Ferreri qui veut.

Thierry Cheze

 

Et aussi

Veuillez nous excuser pour la gêne occasionnée, de Olivier von Hoofstadt

 

Les reprises

L’Eté en pente douce, de Gérard Krawczyck

Punch-drunk-love, de Paul Thomas Anderson