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Depuis Chronicle et Fruitvale Station, Michael B. Jordan affole les radars de l’industrie. Creed est sa consécration : une résurrection surexcitante de la franchise Rocky, où il croise le fer avec Stallone. Le film sera de retour ce soir sur NRJ12.

Creed sera rediffusé en ce vendredi soir à la télévision. A sa sortie, début 2016, Première avait rencontré l'un de ses deux acteurs principaux, Michael B. Jordan, qui a depuis cartonné dans Black Panther, du même réalisateur, et qui a depuis dirigé le troisième opus de la saga déclinée de Rocky, cette fois sans Sylvester Stallone.

Entretien du 12 janvier 2016 : Michael, j’ai cru comprendre que Ryan Coogler, le réalisateur de Creed, avait été biberonné à la saga Rocky dès sa plus tendre enfance. C’est ton cas aussi ?
Bien sûr ! Mais on est assez nombreux dans ce cas, non ? Cette saga existe depuis quarante ans, c’est assez vertigineux quand on y pense. Pour me mettre en condition avant le tournage, j’ai revu tous les films, un par un. C’était génial. Galvanisant. Avec Creed en ligne de mire, c’était comme si je les découvrais pour la première fois. Et que je retombais amoureux du personnage.

Comment s’est passée la première rencontre avec Stallone ?
Oh, man ! Sly... Il nous a donné rendez-vous à son bureau. On se voyait pour mettre le projet sur les rails. On a parlé boxe, sport, acting... Puis il m’a donné quelques tuyaux pour améliorer mon punch. D’ailleurs ce jour-là, je me suis pris son poing dans le ventre. Et je peux confirmer que l’animal sait encore cogner ! (Rire.)

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Comment Ryan et toi avez-vous réussi à le faire replonger ? On pensait la franchise morte de sa belle mort avec l’épisode 6...
Le truc, c’est que Creed est un projet personnel, porté par Ryan depuis longtemps et inspiré de sa relation avec son père. Il vient du cœur. C’est un film, un vrai, pas l’exploitation cheesy d’une recette. Rocky Balboa sort de sa retraite et, la grande idée, c’est de le montrer sous une nouvelle perspective. Il y a Rocky d’un côté, Adonis, le fils d’Apollo, de l’autre. Et les deux mondes se rencontrent.

Stallone est bouleversant dans le film. J’avoue, j’ai un peu chialé...
(Rire.) Y’a pas de honte, mec ! Le film est tuant de ce point de vue-là. Moi aussi, j’ai versé une larme...

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À quel moment ? Personnellement, je craque quand Rocky évoque Adrian dans le vestiaire : il dit qu’il échangerait tout pour passer quelques instants supplémentaires avec elle...
Pour moi, c’est quand Rocky vient chercher Adonis en prison. Ce qu’il dit à ce moment-là, pfff... C’est bouleversant, parce que tu sais en l’entendant que ce n’est pas bidon. Ces émotions-là sont vraies. Je n’en menais pas large le jour où on l’a tourné.

Comment fait-on, en tant qu’acteur, pour exister face à une légende comme Stallone ?
Aucune idée ! Comment répondre ? Tu joues, un point c’est tout. La seule solution, c’est d’être dans la vérité de l’instant, de l’émotion. Il ne faut pas trop intellectualiser. Juste croiser les doigts, en espérant que cela fonctionne à l’écran.

 
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Stallone a l’air ravi d’être là. Relax, détendu. Comme soulagé de ne plus être le seul garant de la saga. On dirait aussi qu’il y a eu pas mal d’impro… Je me trompe ?
Non, c’est vrai. C’est la méthode de Ryan. Quand le tournage commence, tous les acteurs connaissent leur personnage sur le bout des doigts. Alors on peut improviser, se laisser aller, inventer des situations, des répliques… La « vérité » du film naît de cette manière.

L’année a été mouvementée pour toi. On parle du fiasco des 4 Fantastiques ? Quelle leçon en tires-tu ?
Quoi que tu fasses, beaucoup de choses restent hors de ton contrôle. Tu as beau bosser comme un fou, tu n’as aucune certitude que le produit fini rendra justice au mal que tu t’es donné. C’est dommage, mais c’est comme ça. Personne n’a jamais débuté un tournage en se disant qu’il allait faire un truc nul. Personne ne rêve de médiocrité.

Est-ce qu’une version alternative du film existe quelque part ? Est-ce que Josh Trank t’a montré son director’s cut ?
Non, je n’ai rien vu. Est-ce que quelque chose finira par sortir ? Honnêtement, je n’en sais rien.

David Simon (le créateur de The Wire) a écrit cette phrase extraordinaire à ton sujet : "La seule façon d’intéresser l’Amérique au sort des jeunes gens de couleur est de tuer Michael B. Jordon à l’écran." Il faisait référence à la saison 1 de The Wire, mais aussi à Fruitvale Station
Oui. Et alors ?

Et je me demandais si ce n’était pas une responsabilité trop lourde à porter…
Je n’en étais pas conscient. Je n’envisageais pas de devenir l’emblème de quoi que ce soit – même si, bien sûr, un choix comme Fruitvale Station est loi d’être innocent. Les rôles que je choisis ont fini par dessiner cette image de moi. Il semblerait que l’industrie marche de cette façon. Je ne savais pas que j’allais devoir endosser cette responsabilité. Mais tu sais quoi ? Ca me va très bien. Ma filmographie est forcément le reflet de ma personnalité.

Dans une interview accordée au GQ américain, on sentait une forme de lassitude de ta part face à ces questions. Tu disais vouloir brouiller les lignes entre le blanc et le noir
Exactement. Et un film comme Creed est là pour le faire. Un mec parti de rien qui finit par arriver au sommet. Cette fable de l’underdog est universelle.

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