Réalisé par Dan Mazer (Borat), ce film pour enfants fait souffrir les adultes. Méchamment.
Depuis le succès fou de Maman j'ai raté l'avion, de Chris Columbus, en 1990 (475 millions de dollars de recettes mondiales), la 20th Century Fox a multiplié les suites : Maman, j'ai encore raté l'avion, évidemment, était toujours porté par Macauley Culkin deux ans plus tard, puis il y a eu aussi Maman, je m'occupe des méchants (1997), Maman, je suis seul contre tous (2002) et Maman, la maison est hantée (2012), qui avaient de moins en moins de rapport avec leur aîné, et passaient de plus en plus inaperçus...
En rachetant le studio en fin d'année dernière, Disney n'allait certainement pas se priver de continuer à développer cette saga familiale : voilà donc Maman, j'ai raté l'avion ! (ça recommence), une nouvelle suite réalisée cette fois par Dan Mazer, le co-créateur de Borat, à partir d'un scénario de Mikey Day et Streeter Seidell (connus pour leurs sketchs du Saturday Night Live) qui vient de sortir sur Disney Plus.
Mais pourquoi est-il aussi méchant ?
Si vous revoyez Maman, j'ai raté l'avion à chaque fête de Noël, vous serez forcément déçu, cette version 2.0 n'étant jamais aussi drôle ni imaginative que l'original. Elle n'est pas non plus complètement ratée, parvenant à proposer quelque chose d'inédit, qui, bien que souvent maladroit, a le mérite d'essayer de ne pas copier-coller la recette initiale -contrairement à ce que promettait sa bande-annonce, d'ailleurs. Si elle fait bien quelques clins d'oeil au film culte, notamment via le personnage de Buzz McCallister (Devin Ratray), le grand frère de la fratrie qui revient ici adulte dans le costume d'un policier, ce type de références reste limité.
Le principal changement est d'avoir fait de Max (Archie Yates, la révélation de Jojo Rabbit), le petit garçon oublié par ses parents lors d'un voyage à l'étranger, le second rôle du film. Ainsi que son grand méchant pendant une grande partie de l'intrigue. Les vrais héros, ici, ce sont les parents d'une famille voisine, Pam et Jeff (incarnés avec beaucoup d'enthousiasme par Ellie Kemper et Rob Delaney). Ils se retrouvent malgré eux à devoir cambrioler la maison du petit bonhomme parce qu'ils le soupçonnent de leur avoir volé une poupée qui pourrait les sortir de la dèche. On suit ce couple dès l'ouverture du film, avant Max, quand ils mettent leur maison en vente à contre-coeur avant de découvrir que ce souvenir d'enfance moche est coté à 200 000 dollars grâce au gamin, venu visiter les lieux parce qu'il avait une envie pressante d'aller au petit coin.
S'il s'avère assez vite plutôt malin, Max n'est pas, à l'inverse de Kevin, la victime de maléfiques cambrioleurs, le public comprenant très vite que tout cela est né d'un quiproquos. Résultat, quand il se retrouve seul à la maison, passé une courte période d'euphorie -qui parodie entre autres Scarface !-, les spectateurs n'ont jamais peur pour lui, alors que Harry et Marvin, joués par Joe Pesci et Daniel Stern, étaient à la fois "goofy" et terrifiants dans le premier film, vus à hauteur d'enfant. Ils représentaient un grand danger pour ce petit garçon qui avait bien conscience d'être livré à lui-même. Ici, on ne craint jamais pour Max, alors quand il se met à imaginer des pièges (globalement moins imaginatifs que son aîné, excepté pour un gag à base de réalité virtuelle, parfaitement exécuté), le public n'est pas vraiment de son côté, déjà conquis par ses deux adversaires. A partir de là, chaque coup (bas) fait mal, très mal. On se retrouve à grimacer face à tant de sadisme, avant qu'un "happy end" trop convenu n'essaye d'effacer cette impression. On se dit alors que quitte à inverser les rôles et faire du petit garçon le grand méchant du film, ses créateurs auraient dû se lancer à fond dans cette voie, et à abandonner le côté "production familiale" pour une vraie comédie noire... mais ça n'aurait sans doute pas été compatible avec une diffusion sur Disney Plus. Maman, j'ai raté l'avion ! (ça recommence) est finalement trop bancal pour devenir aussi marquant que son aîné. Difficile de remettre "l'esprit de Noël" au centre des préoccupations après tout ça, si bien que malgré tous ses efforts, le jeune Max ne sera jamais aussi attachant dans nos souvenirs que le personnage de Kevin.
Pourquoi Kevin (Macauley Culkin) n'a pas de caméo dans Maman, j'ai raté l'avion ! (ça recommence) ?
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