La première réalisation de l'acteur revient à 21h sur France 3.
Les Garçons et Guillaume, à table ! est une adaptation du one-man show de Guillaume Gallienne, réalisée et interprétée par Guillaume Gallienne. Qui raconte avec ce premier film en tant que réalisateur sa jeunesse, son rapport rendu problématique par sa famille à la féminité et à la virilité. Et sa relation fusionnelle avec sa mère. Autant d'ego et de dévoilement dans un premier film rend forcément la perspective face à l'oeuvre un peu faussée. Juge-t-on la fiction ou l'homme ? D'autant plus que dans la toute première scène l'acteur ôte dans sa loge une couche de maquillage clownesque avant de monter sur scène, comme pour signifier que le film sera tout entier placé sous le signe du dévoilement du moi de façon quasi thérapeutique. Feelgood movie et thérapie par la fiction, donc : Gallienne raconte comment, fils d'une famille très bourgeoise et fasciné par sa mère, il était une "fille dans un corps de garçon" et devait subir le rejet, les brimades et les moqueries des autres -et surtout les membres de sa famille- qui pensaient qu'il était homosexuel.
Body double
Les Garçons et Guillaume, à table ! (le titre reprend la phrase rituelle que disait sa mère pour appeler ses trois enfants pour le dîner) est une succession de scènes parfois hilarantes qui racontent progressivement comment Gallienne a fini par affirmer son identité face à la figure maternelle. Et c'est la meilleure idée du film : l'acteur interprète aussi sa propre mère. Avec un sens du timing et du détail foldingue, Gallienne compose un personnage assez inoubliable, mère BCBG qui fume comme un pompier aux expressions formidables ("ce n'est pas parce que ton frère a essayé de te noyer que tu dois te mettre dans des états pareils"). Lors d'une scène forcément irrésistible où Gallienne rejoue une scène de Sissi l'impératrice, il tient encore un rôle double simultanément à l'image, Sissi et Sophie, avec tout le décorum et les robes. Des passages qui font oublier des maladresses de style dues à l'enthousiasme du cinéaste débutant, et d'autres scènes pouet-pouet dont on se serait bien passés (le massage violent au spa et le lavement anal avec Diane Kruger). Les Garçons... est en fin de compte une foire aux vanités burlesque où Gallienne se fait plaisir.
Sylvestre Picard
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