Du moins spoiler au plus spoiler.
Ready Player One revient en toute fin de week-end à la télévision : rendez-vous dimanche à 23h45 sur TF1 pour (re)voir le blockbuster de Steven Spielberg. Juste avant, c'est Les Animaux fantastiques 3 qui sera diffusé pour la première fois en clair.
Tous ceux qui ont grandi avec les films et jeux vidéo des années 1970/1980/1990 pourront s’amuser à repérer les (auto)références de Steven Spielberg à l’écran. Première a beaucoup aimé cette histoire de chasse aux "easter eggs", et l’on ne résiste pas à l’envie de revenir sur les clins d’œil les plus marquants du film à la pop culture. Plutôt que de les classer du meilleur au pire, nous choisissons ici un top "du moins au plus spoiler". Comme ça, si vous lisez ces lignes avant de voir RPO vous pourrez apprécier une partie de l’article. Mais, si c’est le cas, arrêtez-vous à la moitié : si les premiers clins d’œil ont tous été vus dans les différentes bandes-annonces, il serait dommage de gâcher la surprise des derniers.
Avec Ready Player One, Steven Spielberg signe un autoportrait phénoménal [critique]
1. Le T-Rex de Jurassic Park croise Jack Slater de Last Action Hero
Steven Spielberg a rapidement fait savoir qu’il comptait limiter les auto-références dans Ready Player One. Même si le roman d’Ernest Cline est rempli de clins d’œil à l’œuvre du réalisateur d’E.T., Indiana Jones et Rencontres du Troisième Type, et que le cinéaste y est même nommément cité en tant qu’influence majeure de la pop culture, Spielberg a assuré que son adaptation ne serait pas égocentrique.
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Le réalisateur, qui a souvent joué au jeu des "easter eggs" au cours de sa carrière, a tout de même accepté de laisser quelques références à son travail, dont une dévoilée lors de la promotion du film : le T-Rex de Jurassic Park. Celui-ci est au cœur de la scène d’action d’ouverture, et il s’y ajoute un autre élément moins voyant, mais bien pensé : au beau milieu de la course poursuite à la Speed Racer, le héros passe devant un cinéma diffusant le faux film Jack Slater III. Un joli clin d’œil à Last Action Hero, la comédie géniale de John McTiernan avec Arnold Schwarzenegger, sortie en 1993. A l’époque, elle était justement en concurrence directe avec Jurassic Park au box-office, et ce sont les dinos qui avaient gagné. "Sans racune ?", semble dire Steven avec cette référence maligne, qui plaira aux cinéphiles, sans pour autant gêner la compréhension de l’intrigue : si on la voit et qu’on connaît l’histoire entre les deux films, c’est très cool, mais si on la rate, cela n’a aucun impact sur l’histoire de Ready Player One.
2. Le Géant de fer à la rescousse
Pour le coup, on le voyait dès le tout premier teaser du projet : le Géant de fer de Brad Bird tient un rôle important dans Ready Player One. Inutile d’en dire plus à ce sujet, car c’est surtout sa place symbolique qui est très intéressante ici. En effet, la Warner Bros., le studio qui a produit les deux films, a accepté que ce personnage soit au cœur du récit, alors qu’à sa sortie, en 1999, il avait fait un flop aux Etats-Unis, rapportant 23 millions de dollars pour 70 de budget. Cela montre bien la popularité grandissante de ce personnage terriblement attachant, qui a trouvé son public par la suite en DVD et lors de ses diffusions télé. Sans compter que le Géant de Fer est bien amené dans l’histoire et s’avère au final aussi touchant que l’original.
Notons également que c’est un retour à l’envoyeur sympathique de la part du réalisateur, avec qui Brad Bird a travaillé en début de carrière : au milieu des années 1980, il avait été embauché comme assistant réalisateur et scénariste sur sa série Histoires fantastiques, qui compte 43 épisodes.
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3. Retour vers le futur est au cœur du concept
Steven Spielberg n’a peut-être pas abusé des auto-références, mais il ne s’est pas privé de faire des clins d’oeil aux copains. La trilogie Retour vers le futur, de Robert Zemeckis, qu’il a produite, était au cœur du roman et on la retrouve dans le film de façon régulière. Il y a bien sûr la DeLorean, utilisée de façon très intelligente pendant la course, mais on peut aussi apercevoir Doc au début et à la fin du film, et entendre quelques notes de la bande originale géniale d’Alan Silvestri, qui a accepté de composer celle de RPO et peut ainsi s’amuser avec son propre travail. Sans oublier le "cube Zemeckis", une arme au nom "meta", qui est bien utile au cours du film (dans le roman, le réalisateur donne son nom à… une planète).
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4. "Let’s dance !" avec Michael Jackson, A-ha et La Fièvre du samedi soir
Les hommages de Ready Player One à la pop culture depuis les années 1970 passent aussi par la musique. Alan Silvestri s’amuse à reprendre des extraits de bandes originales cultes, et Steven Spielberg a aussi choisi des chansons phares de l’époque. Si le groupe Rush était au cœur du livre, le blockbuster est notamment rythmé par des tubes comme "Take On Me", de A-ha, dont le clip mi-live mi-dessiné a marqué le public depuis 1985.
La Fièvre du samedi soir (1977) tient aussi une place importante à l’écran, lors d’une scène de danse très réussie où les deux héros s’envolent dans les airs et imitent le déhanché de John Travolta.
Il y a aussi un joli clin d’œil à Michael Jackson, lorsque Parzival cherche une tenue idéale avant de partir en soirée. Parmi sa panoplie, il revêt un instant le fameux costume rouge de "Thriller", issu du clip culte de John Landis, qui remonte à 1982. Un élément qui fait évidemment écho à l’incroyable popularité de la star à l’époque, mais qui rappelle aussi son amitié avec Steven Spielberg. En 1989, le cinéaste avait notamment accepté d’apparaître dans son clip de "Liberian Girl".
5. Des jeux vidéo pour toutes les générations
Il n’y a pas que des films qui sont cités dans Ready Player One : les jeux vidéo y tiennent également une grande importance. Et là, les références s’adressent à toutes les générations, passant en vrac de Minecraft (créé en 2011) à Joust (des autruches du jeu de 1982 apparaissent un court instant au début, alors qu’elles faisaient l’objet d’une épreuve dans le livre), en passant par les jeux Arkham, donc, qui cartonnent depuis 2009, différentes versions de Zelda (qui a bien changé depuis 1986) ou encore Overwatch, qui n’a même pas deux ans.
Attention, à partir d’ici, les "easter eggs" spoilent un élément du film
6. Star Trek ou Star Wars ?
Star Trek, répond ici Steven Spielberg. La rumeur a couru qu’il n’avait pas pu obtenir les droits de la saga de son pote George Lucas, mais il a rapidement démenti, affirmant qu’il y aurait bien "un R2-D2 caché dans un coin" (un "jeu des caméos" qu’il a démarré dès 1977 dans Rencontres du Troisième Type), ainsi que quelques vaisseaux.
Zéro clin d’oeil à Star Wars dans Ready Player One ?
En revanche, la saga de Gene Roddenberry est bien présente. Déjà multi-citée dans le roman de Cline, elle est évoquée dans le film au cours du message d’adieu de James Halliday (Mark Rylance). Dans une scène cruciale, donc, puisque c’est à travers cette vidéo que le créateur de l’OASIS lance la chasse au trésor qui permettra de désigner son successeur. Dans son cercueil-capsule aux couleurs de Starfleet, il s’adresse directement à ses joueurs/utilisateurs, prêt à léguer son héritage. Choisir Star Trek pour symboliser une telle scène ne relève évidemment pas du hasard, la série originale ayant eu une énorme influence sur la science-fiction actuelle.
7. Batman, Superman et les héros de DC Comics
Pour obtenir les droits des films et des jeux qu’il voulait citer, Steven Spielberg et son équipe ont dû demander de nombreuses autorisations à des studios différents. La Warner Bros. a sans surprise donné accès à plusieurs licences à succès, notamment à ses super-héros : Batman apparaît le temps d’une blague au début, puis Harley Quinn, le Joker ou encore Bat Girl (avec le look des nouveaux jeux vidéo Arkham) passent furtivement au second plan. C’est surtout la référence à Superman qui est bien pensée, lorsque Parzival essaye de passer inaperçu et qu'Art3mis lui conseille de reprendre la technique de Clark Kent. Des lunettes, une nouvelle coupe de cheveux et, hop !, le tour est joué.
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Attention, à partir d’ici, les "easter eggs" spoilent VRAIMENT des scènes importantes du film
8. Adventure ou le premier "easter egg" de l’histoire
C’est la seule épreuve du livre qui a été gardée pour le film : Adventure, sorti en 1979 sur Atari 2600, est célèbre pour avoir caché le premier "easter egg" de l’histoire des jeux vidéo. A la fin de Ready Player One, le but n’est donc pas de terminer le jeu, mais de trouver le pixel permettant d’accéder à la signature secrète de son créateur Warren Robinett. Les lecteurs du roman d’Ernest Cline n’ont pas la surprise, mais symboliquement, inclure ce premier "easter egg" dans le film était inévitable : c’est le cœur même de tout le concept.
9. La Sainte Grenade en hommage aux Monty Python
Toujours dans le livre, les Monty Python sont régulièrement cités, et l’une des épreuves découvertes par Parzival (nom qui n’est évidemment pas choisi par hasard) est de rejouer l’une des scènes cultes du film Sacré Graal !. L’idée a bien été reprise dans le film, mais avec une autre référence, à la fois très différente et tout aussi culte (voir plus bas). Les scénaristes Zak Penn et Ernest Cline ont tout de même conservé un excellent clin d’œil à cette comédie : la Sainte Grenade. "C’est l’un de mes films préférés, et normalement les personnages rentrent dedans dans le roman, nous a expliqué l’auteur. Il y a bien une référence à ça dans le film avec la Sainte Grenade, même si Parzival ne compte pas jusqu’à 3 ou 5 avant de la jeter. Je sais que ça énerve des gens, mais moi, j’adore le fait qu’on ait cette Sainte Grenade dans le film."
10. "Y a pas de zombies dans Shining !"
Nous arrivons donc à la LA scène la plus dingue du film. Au beau milieu de l'histoire, les héros entrent dans Shining pour y trouver une clé. C’est évidemment un hommage de Steven Spielberg à l’un de ses réalisateurs préférés, Stanley Kubrick, dont il a repris le projet A.I. Intelligence artificielle peu de temps après sa mort. C’est aussi une œuvre totalement culte pour plusieurs générations de spectateurs, qui aiment se faire peur devant cette adaptation du roman de Stephen King et n’ont pas fini d’y chercher des sens cachés. Les théories les plus folles courent autour de Shining et en cela, le choisir comme "easter egg ultime" est une idée de génie. Et n'oublions pas qu'en 1980, c'était déjà la Warner Bros. qui soutenait le film porté par Jack Nicholson.
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De plus, faire en sorte que l’un des héros (Aech) n’ait pas vu Shining et tombe dans tous ses pièges offre une double lecture excellente. Le "super-combo" à la fin de la scène, quand des zombies s’invitent dans la salle de bal le temps de quelques pas de danse en rappelant les fantômes de la Maison Hantée de Disney, achève de terrifier/amuser les spectateurs. C'est diablement efficace, qu'on ait vu Shining ou non. Entre ça, Chucky, Alien et Freddie Kruger, Spielberg et son équipe parviennent à citer des références horrifiques majeures de façon particulièrement malignes au milieu d’un film tout public.
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