Jodie Foster : "Travailler avec Martin Scorsese a changé ma vie"
PREMIERE/WARNER COLUMBIA

"Sur le plateau de Taxi Driver, en observant Scorsese et De Niro, j’ai compris tout ce que ce métier impliquait, toute sa profondeur."

Martin Scorsese, qui vient de fêter ses 80 ans cette semaine, n'a fait qu'une fois la couverture de Première : c'était en 2019 pour The Irishman, son retour au film de gangster porté par Robert De Niro, Al Pacino et Joe Pesci. En revanche, ses comédiens phares ont souvent été à la une de notre magazine pour parler de ses films, Leonardo DiCaprio et De Niro en tête. Et même quand ils n'étaient pas en promo pour un film de Scorsese, ils en parlaient parfois mieux que personne ! A l'image de Jodie Foster, qui, en février 2021 (n°515), présentait Désigné coupable, de Kevin Macdonald. Dans cette interview fleuve revenant sur sa carrière hollywoodienne et évoquant aussi son amour pour le cinéma français (et notre pays en général), elle insistait sur le fait que ce cinéaste a particulièrement marqué sa vie d'actrice et de future réalisatrice.

En 1974 et 1976, elle a tourné dans Alice n'est plus ici et Taxi Driver. Ce dernier lui a valu sa première nomination aux Oscars. Et ce qu'elle a appris sur le plateau de ces deux films a littéralement changé sa vie.

Martin Scorsese dans Première
Première

Voici un extrait de cet entretien captivant :

Première : Est-ce que le cinéma peut aussi aider les gens ? Peut-il, selon vous, changer les mentalités ?

Jodie Foster : J’en suis la preuve vivante ! Voyage au bout de l’enfer a changé ma vie quand je l’ai vu à 14 ans. Comme plus tard Le Souffle au coeur, La Leçon de piano… Ces films qui bouleversent votre vie, vous soulagent ou vous aident à faire comprendre des choses à des membres de votre famille. Le cinéma en tant que spectatrice reste pour moi une expérience à nulle autre pareille. Je me sens proche en cela de Martin Scorsese ou de Francis Ford Coppola, des gens élevés par le cinéma qui a été à la fois leur meilleur ami et leur parent.

En parlant de Scorsese, on peut s’étonner que vous n’ayez plus jamais retravaillé ensemble après Alice n’est plus ici et Taxi Driver…

Ce n’est vraiment pas grave par rapport à l’essentiel : travailler avec lui a changé ma vie. Voir de près un réalisateur qui avait une signature et arrivait à l’imposer… Je suis tellement heureuse d’avoir pu vivre une telle expérience aussi jeune. Avant de le rencontrer, je n’avais pas envie d’être comédienne une fois adulte. Enfant cela m’amusait, mais je trouvais que c’était un métier un peu bête où il fallait se contenter de dire les paroles que quelqu’un d’autre avait écrites. Je ne comprenais pas comment on pouvait passer sa vie à faire ça. Sur le plateau de Taxi Driver, en observant Scorsese et De Niro, j’ai compris tout ce que ce métier impliquait, toute sa profondeur.

Il y a eu plus d’actrices nommées aux Oscars grâce à Martin Scorsese que d’acteurs

Être actrice, c’est aussi se battre pour décrocher certains rôles. Vos deux combats les plus intenses correspondent à vos deux Oscars, pour Les Accusés et Le Silence des agneaux. Vous vous doutiez de l’impact que ces films auraient auprès du public ?

Je sentais que je devais absolument les faire. Ça vous envahit et vous dépasse. Ce n’est qu’en jouant que tout s’éclaire et prend sens. Mais on ressent aussi, comme vous le dîtes, l’impact que ces films auront. Les deux sont liés. C’est ce qui explique pour moi le pouvoir du cinéma.

Vous avez des regrets concernant les films que vous avez refusés ou ceux pour lesquels vous n’avez pas été choisie ?

Pas tant que ça. J’ai aimé beaucoup de films que j’ai refusés mais je n’ai jamais vu ce que ma présence aurait pu apporter de plus. Finalement, mon plus grand regret est que Martin [Scorsese] ne m’ait pas proposé d’incarner Travis Bickle ! (Rires.) Mais à cette époque, ce genre de rôle était inenvisageable pour une femme.

L'interview complète de Jodie Foster est à retrouver sur notre boutique en ligne.

 

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