Il y a 15 ans, James Gray bluffait le public avec La Nuit nous appartient
Wild Bunch Distribution

A sa sortie, Première avait absolument adoré son polar noir avec Joaquin Phoenix, Mark Wahlberg, Eva Mendes et Robert Duvall.

New York, fin des années 80. Bobby est le jeune patron d'une boite de nuit branchée appartenant aux Russes. Avec l'explosion du trafic de drogue, la mafia russe étend son influence sur le monde de la nuit.
Pour continuer son ascension, Bobby doit cacher ses liens avec sa famille. Seule sa petite amie, Amada est au courant : son frère, Joseph, et son père, Burt, sont des membres éminents de la police new-yorkaise...
Chaque jour, l'affrontement entre la mafia russe et la police est de plus en plus violent, et face aux menaces qui pèsent contre sa famille Bobby va devoir choisir son camp...

La Nuit nous appartient fête son 15e anniversaire en ce 28 novembre. Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il a fortement marqué Première ! Exceptionnellement, la rédaction avait même publié deux critiques du film de James Gray : une dans le magazine signé d'Olivier de Bruyn, et une sur Premiere.fr de Gaël Golhen. Deux journalistes absolument conquis par ce film noir.

La critique d'Olivier de Bruyn démarrait notamment sur le regret d'un "fâcheux contresens" : projeté dans le cadre du festival de Cannes 2007, le film n'avait pas reçu de prix, car "perçu comme un hymne à la loi, un plaidoyer pour les vertus de l'ordre." Il éclipsait d'emblée ce malentendu en expliquant que "comme à sa bonne habitude, James Gray filme des personnages en quête d'identité." Afin de ne rien spoiler, il n'en disait pas plus sur son héros, Bobby, simplement que son conflit interne était raconté de façon "hyper tendue" "Parlons plutôt de la richesse thématique du film, qui font dans une même sérénité majestueuse le quotidien documentaire, le drame psychologique et la puissance exemplaire de la tragédie classique; de l'inspiration de la mise en scène, qui excelle dans la sensualité à fleur de peau et de mots (scène d'ouverture magistrale), l'action (séance de traquenard ridiculisant la concurrence) ou l'atmosphère (commissariats tristounets, fêtes extatiques); de la direction d'acteurs, enfin. Mark Wahlberg et Joaquin Phoenix accomplissent des miracles. (...) Autour, même excellence. Fait rare, Eva Mendes n'est pas utilisée que pour sa très jolie silhouette. Quant à Robert Duvall, père dévasté, sa prestation confirme que le génie ne s'use que quand on on s'en sert mal. James Gray a peu tourné depuis ses débuts, mais à chaque fois, il a tourné juste, profond et admirable. Vite, la suite..."

La Nuit nous appartient est à (re)voir sur Première Max

La critique de Gaël Golhen : "Depuis son premier film (Little Odessa), James Gray a établi les bases de son univers : la filiation désagrégée, la fatalité, le conflit entre la loi et la famille. Sur une trame biblique, d’un noir sans fond, la Nuit nous appartient met en scène ces obsessions et surtout deux frères sans dilemmes, sans hésitations, mais qui souffrent et embrassent les enjeux d’un récit mythologique. Depuis l’époustouflante perf des acteurs jusqu'à la reconstitution du NY 80’s, depuis l’incroyable densité narrative jusqu’aux scènes d’actions éblouissantes, ce film rappelle que Gray est l'un des plus grands cinéastes 'noir' d’aujourd’hui."

En plus de ces deux critiques dithyrambiques, Première publiait aussi un portrait du réalisateur, dans lequel Gray avouait s'être inspiré de sa propre adolescence pour tourner La Nuit nous appartient : "On ne se souvient plus de ce qu'était New York dans les années 80. Sa violence, le danger... Je conserve pourtant d'excellents souvenirs de cette époque. Il y avait une vraie culture urbaine. Une culture de la rue. Mon patrimoine émotionnel, ma mémoire, viennent de là. J'essaie de les retrouver en filmant mes histoires." Une réflexion qu'il a effectivement poursuivie par la suite, notamment dans son dernier film, Armaggedon Time, un récit autobiographique se déroulant une nouvelle fois à New York, et racontant un tournant clé de son adolescence.


James Gray : "The Immigrant est mon film le plus ambitieux, le mieux réalisé et le plus émouvant"