Guide du 31 octobre 2018
Memento Films Distribution / Twentieth Century Fox France / Pathé Distribution

Ce qu’il faut voir cette semaine.

L’ÉVENEMENT

EN LIBERTÉ ★★★★★
De Pierre Salvadori

L’essentiel
Le neuvième film de Pierre Salvadori orchestre les noces du polar et de la comédie dans un fabuleux chassé-croisé amoureux.

« Voilà, c’est fini !» Bien qu’amusante, la première phrase d’En Liberté!, sonne le glas d’un mythe. Celui de Santi (Vincent Elbaz) super flic dont la veuve Yvonne (Adèle Haenel), elle aussi inspectrice, réalise qu’il n’était qu’un ripou. Le point de départ du nouveau film de Pierre Salvadori est donc celui d’un désenchantement brutal, d’une mise en échec de la féérie qui auréolait jusqu’alors la vie d’Yvonne, mais aussi celle de son fils éperdu d’admiration pour l’héroïque paternel.   
Éric Vernay

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PREMIÈRE A ADORÉ

SILVIO ET LES AUTRES ★★★★★
De Paolo Sorrentino

Commençons par là : Silvio et les autres est l’anti-Caïman. En 2006, alors que le Cavaliere était politiquement ruiné, Moretti dépouillait le bouffon de sa faconde, de son cabotinage, et dénonçait la froide mécanique de sa tyrannie. Dans une stylisation orwellienne (sobre, clinique, en colère) la dernière partie de son film, carnage total, faisait littéralement froid dans le dos. 12 ans plus tard Sorrentino s’empare de « tête d’asphalte » au moment même où le pays sombre dans un populisme rance rappelant le pire de ses années de pouvoir.
Gaël Golhen

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LE GRAND BAL ★★★★☆
De Laetitia Carton

« Le cinéma est une allégorie de nos vies, et nos vies sont elles-mêmes du cinéma », nous dit Laetitia Carton dans l’entretien qu’elle nous a accordé. C’est exactement le sentiment qui nous habitait quand on a découvert Le Grand Bal à Cannes. Tout à coup, des préoccupations qui semblaient à l’opposé des nôtres – quoi de plus éloigné du glamour de la Croisette que les danses traditionnelles ? – devenaient des métaphores actives de nos expériences festivalières – la quête de l’air du temps, l’addiction à l’extase, la ritualité et l’épuisement.

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SIX PORTRAITS XL : PHILIPPE ET BERNARD ★★★★☆
D’Alain Cavalier

Alain Cavalier est devenu un filmeur. Il a longtemps été un cinéaste, comprendre un auteur signant des films dans un format traditionnel, faits de drames, de joies, de beautés, d’élans romanesques bigger than life… Sans oublier, l’essentiel : des stars (Romy Schneider, Jean-Louis Trintignant, Alain Delon, Catherine Deneuve, Michel Piccoli, Nathalie Baye…)  Le combat dans l’île (1962), L’insoumis (1964), La chamade (1968), Le plein de super (1976) …
Thomas Baurez

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PREMIÈRE A AIMÉ

ON L’APPELAIT RODA ★★★☆☆
De Charlotte Silvera

Etienne Roda-Gil, c’est d’abord un corps. Un physique de vieux lion hirsute, vêtu d’un perfecto en cuir. Une cigarette toujours au bord des lèvres. Puis un esprit. Raffiné et rebelle, calme et tempétueux, d’une sensibilité que l’on pressent à vif. Tout chez cet homme respire le vécu, l’authenticité.  « Roda » était (il est mort en 2004 à l’âge de 62 ans) une plume de l’ombre qui a mis ses lumières sur d’autres, parolier de Julien Clerc (Ce n’est rien), Vanessa Paradis (Joe le taxi) ou encore Claude François (Alexandrie, Alexandra). Dans le métier, l’homme était, on s’en doute, un patron. Le dandy-roc(k) Roda avait son rond de serviette à la très chic Closerie des Lilas, brasserie mondaine parisienne. C’est là que Charlotte Silvera, la réalisatrice de ce portrait volontairement empathique, donne rendez-vous à Vanessa Paradis. Roda est déjà là, ému de ces retrouvailles improvisées. L’échange est simple et touchant. Ces deux-là s’aiment, c’est visible. Pour le reste, Charlotte Silvera filme cet ami dans son bureau, la rue, des bistrots plus anonymes... De ce complice, elle ne cherche pas à dresser un portrait linéaire et chronologique. Le style est vagabond. C’est Roda qui donne le tempo des confidences. Il parle de tout et de lui, de ses chansons, de ses amours, de la vie... Tous ces entretiens qui composent ce On l’appelait Roda datent de quelques mois avant sa mort. On remerciera au passage la réalisatrice de ne pas nous abreuver de témoignages people et forcément hagiographiques. Seuls Vanessa Paradis donc, Roger Waters ou encore Julien Clerc, racontent avec des mots justes leur Roda. Il y a aussi des anecdotes savoureuses, de celles qui contribuent à la légende. Une parmi d’autres, quand Claude François lui demande d’écrire pour lui, Roda-Gil fait la fine bouche, regarde la star disco de haut. Claude François lui aurait alors dit : « Continue d’écrire pour un public bourgeois, moi je chante pour le peuple! » Touché, Roda-Gil se ravise et explosera les charts avec Alexandrie-Alexandra...
Thomas Baurez

TOUCH ME NOT
 ★★★☆☆
D’Adina Pintilie

Ours d’Or à Berlin, ce singulier premier long métrage roumain entreprend de mêler fiction et documentaire autour des notions d’intimité et de sexualité à travers une série de personn(ag)es mal à l’aise avec les notions de « toucher » et « être touché » – au sens propre comme figuré : une quinqua incapable du moindre contact physique, un homme ayant perdu toute pilosité dans sa jeune adolescence, un handicapé revendiquant son droit à la sexualité. Le ton du film détonne et dérange sans provocation facile par le talent de la réalisatrice à mêler ces témoignages autour de la notion d’empêchement et la crudité des corps exposés sur des fonds le plus souvent d’un blanc immaculé. Mais la fascination que ce Touch me not provoque tend à s’estomper au fil de ses deux longues heures trop riches en digressions, en nécessité impérieuse et pourtant si peu utile de faire se croiser ces différents protagonistes et plus encore par les interventions régulières de la cinéaste dans son propre rôle. Celle- ci piétine hélas un peu trop souvent le fil ténu sur lequel son film évolue.
Thierry Chèze

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ

BOHEMIAN RHAPSODY ★★☆☆☆
De Bryan Singer

Si on ne sait pas trop quoi penser de Bohemian Rhapsody en sortant de la salle, c'est sans doute parce que le film ne sait pas non plus trop quoi dire. Est-ce le biopic de Freddie Mercury ? En partie. Le récit du concert du Live Aid en 1985 ? Un peu mais pas que ça. L'histoire du groupe Queen ? Des fois mais pas vraiment. Le coming out de Mercury ? Pas trop ça non plus. 
Sylvestre Picard

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CHACUN POUR TOUS ★★☆☆☆
De Vianney Lebasque

Plutôt adaptation que remake, Chacun pour tous s’inspire d’un scandale qui éclaboussa les Jeux Paralympiques de Sydney et qui a déjà donné lieu à une comédie espagnole, Champions : en 2000, le coach de l’équipe de basket espagnole de déficients mentaux, faute de moyens, engagea de vrais athlètes, sains d’esprit, mélangés à quelques handicapés. Vianney Lebasque, remarqué pour Les petits princes (un film sur les centres de formation de foot), en tire une comédie feel-good, avec Jean-Pierre Darroussin en entraîneur opportuniste, lassé du manque d’aide de sa fédération, et Ahmed Sylla en scoreur sympathique. Cousue de fil blanc, mais animée d’un bon esprit et traversée de quelques bons gags, Chacun pour tous fait correctement le job. Sans shoot au buzzer.
Christophe Narbonne

BLACK INDIANS
★★☆☆☆
De Jo Béranger et Hugues Poulain

En marge des célébrations de Mardi Gras, auxquelles les gens de couleur n’étaient pas conviés au XIXème siècle, les Afro-Américains et les Afro-Amérindiens de la Nouvelle-Orléans ont créé leur propre carnaval. Plus d’un siècle et demi plus tard, ils se réunissent encore chaque année pour rendre hommage à leurs frères et sœurs amérindiens, en mémoire de l’oppression qui les a rassemblés. Plongée festive et colorée dans un univers métissé peu connu du grand public, Black Indians met en scène une communauté qui, après avoir lutté contre l’oppression, se bat désormais pour sauvegarder sa culture menacée par l’oubli. Mélange de témoignages et de séquences musicales, le film peine un peu à trouver son rythme de croisière. Ce qui n’empêchera pas les fondus de la Nouvelle-Orléans et des cultures afro-américaine et amérindienne de trouver leur compte dans ce documentaire.
Maxime Grandgeorge

 

PREMIÈRE N’A PAS AIMÉ

SEULE LA VIE ★☆☆☆☆
De Dan Fogelman

C’est peu de dire qu’on attendait le retour au cinéma de Dan Fogelman, dans la foulée de la superbe série This is us. Au point d’avoir un peu oublié que Danny Collins, le premier long de celui qui fut aussi le scénariste de Cars, n’a pas laissé une trace impérissable dans la carrière de son interprète principal, Al Pacino… Mais la mémoire sélective peut avoir du bon tant les premières minutes de ce Seule la vie paraissent un délice de comédie romantique sucrée juste ce qu’il faut. Une mécanique implacable et ludique à la fois à mi-chemin entre les meilleurs Lelouch et 500 jours ensemble. Avec ce qu’il faut de coups de foudre, de cœurs qui battent la chamade, de joies et de drames. Le tout dans les traces de deux jeunes New- Yorkais (impeccables Oscar Isaac et Olivia Wilde) amoureux depuis leurs années fac. Puis voilà que le récit part faire un détour en Espagne. Et soudain la machine se grippe. Violemment. Le scénario devient totalement attendu, la lumière agressive, le jeu incertain (avec Antonio Banderas en roi du cabotinage…) et la musique omniprésente façon tire-larmes insupportable. On a le sentiment d’une série dont on nous aurait changé le showrunner, le réalisateur, le monteur et le compositeur en plein milieu. Et les deux heures passées devant ce Seule la vie finissent par se révéler interminables.
Thierry Chèze

LES HABILLEUSES
☆☆☆☆☆
De Jean-Louis Mahé et Gill Sgambato

Les Habilleuses documente le projet de six étudiantes voulant venir en aide aux plus démunis. Futures habilleuses ou costumières, elles décident de confectionner des vêtements adaptés aux besoins des personnes vivant dans la rue. Le résultat s’apparente à un long reportage télé, le genre de documentaires diffusés le week-end après le journal de 13h. Compilation de banalités sur la pauvreté et la solidarité, le film ne parvient pas à se défaire du regard naïf de ses jeunes protagonistes.
Maxime Grandgeorge

 

 

Et aussi
Breaking away de Peter Yates
Lettre à Inger de Maria Lucia Castrillon
Paradise Beach de Xavier Durringer
Sophia Antipolis de Virgil Vernier
Keys to the heart de Choi Sunh-hyuan
Monstrum de Huh Jong-ho

 

Reprises
Cycle Robert Enrico
Fog de John Carpenter
Les camarades de Mario Monicelli
Quatre de l’infanterie de Georg Wilhelm Pabst
Johnny s’en va-t-en guerre de Dalton Trumbo