Affiches sorties de films du 1er juin 2022
Pathé Live/ Wild Bunch Distribution/ Orange Studio- UGC Distribution

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
ELIZABETH- REGARD (S) SINGULIER (S) ★★★☆☆

De Roger Michell

L’essentiel

Le regretté réalisateur de Coup de foudre à Noting Hill raconte la Reine d’Angleterre dans un documentaire ludique riche en archives inédites. La plus belle des manières de célébrer son jubilé !

Quelques semaines après le savoureux The Duke, une nouvelle œuvre posthume du regretté Roger Michell débarque sur grand écran. Pour le jubilé de platine d’Elizabeth II, célébrant les 70 années de son règne, le réalisateur de Coup de foudre à Noting Hill entreprend de la raconter dans ses moments de représentation comme dans l’intimité. Et son documentaire se révèle une grande réussite. Par la qualité des images réunies, pour beaucoup inédites. Par sa capacité à faire court. Mais surtout par sa construction qui, fuyant la facilité d’un récit chronologique, opte pour un chapitrage thématique ludique qui permet de mêler archives personnelles de la famille royale et la manière dont le cinéma, la télé, la musique et même les JO (la cérémonie de ceux de Londres avec un sketch mettant en scène Daniel Craig/ 007) se sont emparés de cette figure iconique de notre histoire contemporaine.

Thierry Cheze

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PREMIÈRE A AIME

ROLAND GORI, UNE EPOQUE SANS ESPRIT★★★☆☆

De Xavier Gayan

A l’heure où le jury cannois vient de couronner le cynisme décomplexé du suédois Ruben Ostlünd et son Sans filtre, il est bon d’écouter le psychanalyste français Roland Gori dans ce portrait que lui consacre Xavier Gayan. Son film prend la forme d’une conversation où cet homme engagé contre la violence de notre société marchande, partage sa pensée avec une limpidité salvatrice. On y entend par exemple cette saillie contre la dictature des algorithmes : « Les chiffres deviennent une manière de donner des ordres. », mais aussi une célébration de la poésie comme remède aux lois du marché ou encore des blagues racontées avec délectation le temps de très sérieux colloques. Bref, ici pas d’ironie facile, ni d’outrances malsaines ou de filtre pour enjoliver les choses, mais une façon pertinente de repenser notre monde. Bref, un film terriblement stimulant. .

Thomas Baurez

 

PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

COMPETITION OFFICIELLE ★★☆☆☆

De Mariano Cohn et Gaston Duprat

Après l’univers de la littérature (Citoyen d’honneur) et de la peinture (Un coup de maître), le duo Cohn- Duprat déploie leur petit arsenal satirique parfaitement huilé dans le petit monde du cinéma. Celui que veut tenter de pénétrer un homme d’affaires milliardaire en engageant les meilleurs pour décrocher un prix majeur en festival. Trois personnalités aux antipodes – une réalisatrice à la main de fer… dans un gant de fer, un comédien de théâtre radical et un acteur star capricieux – mais avec en commun un égo surdimensionné. Le tandem assume la caricature et leurs interprètes, Antonio Banderas, Oscar Martinez et Penelope Cruz s’en donnent à cœur joie dans un cabotinage orchestré avec soin. Mais en leur laissant les commandes, les réalisateurs ont oublié de creuser et dynamiser le récit, au fil de bien longues 110 minutes aux rebondissements peu fouillés. On les a connus plus inspirés.

Thierry Cheze

BROADWAY ★★☆☆☆

De Chritos Massalas

Il y a du Almodovar dans ce premier long métrage grec mettant en scène une jeune danseuse en fugue recueillie par des pickpockets squattant un complexe de loisirs abandonné d’Athènes et qui va peu à peu devenir leur complice en donnant des spectacles de rue leur permettant de distraire les passants pendant qu’ils subtilisent leurs portefeuilles. Avant que l’arrivée d’un autre homme au visage amoché lui aussi recueilli puis déguisé en femme pour échapper à un puissant malfrat local, ne vienne ajouter de la passion amoureuse dans cet univers déjà bien explosif. Adepte du mélange des genres, Massalas déploie un récit entre thriller, comédie musicale et chronique sociale (celle d’une Grèce toujours étouffée par la crise) à l’atmosphère queer et sensuelle plus que séduisante. Mais la forme finit par prendre le pas sur un scénario qui finit par se perdre dans les multiples sous- récits qu’il développe en 97 minutes forcément insuffisantes pour ne pas rester trop à la surface de certains. Un geste inabouti donc mais sacrément prometteur. 

Thierry Cheze

CLARA SOLA ★★☆☆☆

De Nathalie Alvarez Mesén

C’est un corps dont on ne parvient pas tout de suite à saisir le mystère et les blessures. Ce corps c’est celui de Clara qui avance dans le cadre avec suffisamment d’étrangeté pour accaparer toute l’attention. Clara a 40 ans, vit dans un village reculé du Costa-Rica, sous le joug de sa mère. Cette dernière cherche à entretenir la singularité de sa fille en la faisant passer pour une Sainte et ainsi en tirer profit. La malformation bien qu’opérable est savamment entretenue. Le film est le récit d’une difficile émancipation. Le travail sur le son et l’image - très chiadée -, tend à rendre l’expérience sensorielle. C’est en partie réussi, dommage cependant que la cinéaste, dont c’est le premier long-métrage, ne parvienne pas à créer suffisamment de connexion avec un personnage également prisonnier du système dans lequel la mise en scène l’a encerclée.

Thomas Baurez

LA RUCHE ★★☆☆☆

De Blerta Basholli

Pour son premier long métrage, inspiré par une histoire vraie, Blerta Basholli met en tête le parcours de combattante d’une femme sans nouvelles de son mari parti combattre sur le front de la guerre au Kosovo qui tente de subvenir aux besoins de sa famille en lançant une petite entreprise agricole. Un geste regardé avec mépris puis méfiance par le village dominé depuis des années par un patriarcat écrasant, surtout quand elle incite d’autres femmes à prendre leur destin en main et donc leur indépendance. Le sujet est fort et son traitement à la hauteur tant dans la description de la misogynie dominante que dans la manière de célébrer le courage de son héroïne sans jamais forcer le trait. Dommage cependant qu’en dépit de sa courte durée (1h23), la deuxième partie de son récit peine à trouver un second souffle et souffre de redites par rapport à sa remarquable entame.

Thierry Cheze

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PREMIÈRE N’A PAS AIME

C’EST MAGNIFIQUE ! ★☆☆☆☆

De Clovis Cornillac

Paul, la quarantaine, a passé sa vie au milieu de la nature, protégé par ses parents. Mais à la mort de ces derniers, où ce grand naïf apprend qu’il n’était pas un enfant naturel mais adopté, il va se retrouver contraint à affronter ce monde extérieur dont il ne maîtrise aucun code, en quête de ses origines. Vous l’aurez compris, Clovis Cornillac a choisi d’emprunter pour son troisième long (où il joue aussi Paul) le chemin de la fable. Et les surprises ne sont guère légion dans ce voyage au récit programmatique obsédé par la bienveillance où les bons sentiments sont surlignées par des couleurs colorées qui finissent par piquer les yeux. Lui qui avait si bien su jouer avec les codes de la comédie romantique dans son premier long au charme pétillant, Un peu, beaucoup, aveuglément, se retrouve ici pris au piège des bonnes intentions qui virent à la caricature involontaire.

Thierry Cheze

 

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