Le centenaire bat son plein, mais le studio n'est pas à la fête. L'entreprise enchaîne les déconvenues au box-office depuis des mois. Mais Bob Iger a un plan !
Ce devait être l'événement des fêtes de fin d'année dans les cinémas américains. Le film étendard du 100e anniversaire de Disney. Problème : Wish est resté un vœu pieux. A peine 31 millions de dollars de recettes pour son grand week-end de sortie, en plein Thanksgiving... Même les prévisions les plus pessimistes ne mettaient pas Asha et sa bonne étoile en aussi mauvaise posture ! Le dernier film d'animation du studio aux grandes oreilles est battu par Napoléon et se contente de la 3e place du box-office US.
Un démarrage raté qui s'ajoute à une liste de flops ou de demi-succès, entamée dès le début de l'année par Ant-Man et la Guêpe : Quantumania. Moins de 500 millions de dollars de recettes pour le film qui devait consacrer Kang comme le nouveau grand vilain Marvel. Dans la foulée, Indiana Jones et le Cadran de la Destinée s'est contenté de 380 millions, très loin des ambitions annoncées pour les nouvelles (et dernières) aventures de l'archéologue. L'été 2023 a aussi été marqué par le succès tout relatif d'Élémentaire (500 millions) - qui termine seulement à la 17e place du box-office des Pixar (sur 27 films) - et surtout par l'échec cuisant du Manoir Hanté, bloqué au faible score de 117 millions de dollars ! L'automne n'est guère plus réjouissant, puisqu'avant même de voir si le box office de Wish pourrait bénéficier des vacances de Noël, The Marvels s'avance déjà vers le titre du plus gros loupé de l'histoire du MCU, plafonnant sous les 200 millions de dollars.
Pour éponger les pertes, Disney devra se contenter, cette année, des 600 millions de dollars de La Petite Sirène en "live action" et des 850 millions de dollars des Gardiens de la Galaxie Vol. 3. Bien peu, d'autant que ça fait quelques temps que ça dure.
L'an passé, il avait déjà fallu encaisser les déceptions d'Avalonia, l'étrange voyage et de Buzz L'éclair. D'un point de vue comptable, hormis Avatar : La Voie de l'eau - acquis dans le cadre du rachat de la Fox pour 71 milliards de dollars - aucun film Disney n'a franchi le milliard de dollars depuis Star Wars IX. C'était en 2019. Cette année-là, le studio comptait même 7 des 9 films ayant franchi la barre symbolique à neuf zéros. Certes, entre-temps, une pandémie a remis les standards du box office à zéro. Pourtant, 6 films hollywoodiens ont depuis franchi ce seuil symbolique du milliard et aucun d'eux n'est sorti de l'écurie Disney (Avatar : La Voie de l'Eau ; Spider-Man : No Way Home ; Top Gun : Maverick ; Super Mario Bros et Jurassic World : Dominion).
Le box-office est une chose. Les critiques en sont une autre. Les films du groupe aux 100 ans d'existence sont régulièrement attaqués par la critique. Ant-Man 3 ou Indiana Jones 5, par exemple, n'ont guère déclenché l'enthousiasme. Même problème avec Wish, qui doit passer l'hiver avec une note médiocre sur Rotten Tomatoes (moins de 50% de critiques favorables).
Difficile de faire comme s'il n'y avait pas de problème. Le PDG Bob Iger a été obligé de faire son mea culpa la semaine dernière, au cours d'une conférence sur les résultats du groupe (via CNBC). Il reconnaît que depuis la fin de la pandémie, la qualité n'est pas au rendez-vous au sein de ses productions : "En examinant notre production globale, c'est-à-dire le studio, il est clair que la pandémie a créé de nombreux défis créatifs. J’ai toujours pensé que la quantité pouvait être en réalité un facteur négatif en matière de qualité, et je pense que c’est exactement ce qui s’est passé : nous avons perdu en concentration."
En d'autres termes, Disney s'est dispersé ces dernières années et a perdu en route une partie de son aura. C'est notamment le constat sur le Marvel Universe, qui va sérieusement revoir sa copie et ralentir sa cadence dans les mois à venir. Car Disney n'a pas déclaré de bénéfices d'exploitation positif dans son unité "contenus/licences et autres" - qui comprend le cinéma - depuis le deuxième trimestre 2022. La faute en partie au streaming, qui coûte cher (le groupe annonçait 370 millions de pertes pour Disney Plus le trimestre dernier). Du coup, la direction a décidé d'opérer une restructuration financière (selon Variety), divisant son activité divertissement en trois segments (film, télévision et streaming), sports (ESPN) et expériences (parcs à thème et produits). Le directeur financier, Kevin Lansberry, a également annoncé une baisse des dépenses en contenus pour 2024, qui s'élèveront à 25 milliards de dollars, contre 27 milliards de dollars en 2023 et 30 milliards en 2022.
Disney fera désormais moins de films. Moins cher. Avec moins de monde. Bob Iger, de retour aux manettes depuis un an, semble décidé à reproduire la stratégie qui avait fait sa réussite à la tête du studio au début du siècle. "Je suis satisfait de la direction dans laquelle nous nous dirigeons" dit-il aujourd'hui. Mais je suis conscient du fait que notre performance du point de vue de la qualité n'est pas vraiment à la hauteur des normes que nous nous sommes fixées".
Des mots aux actes. En 2024, Disney sortira un seul Marvel, avec Deadpool 3, mais aussi une énorme suite Pixar avec Vice Versa 2 et enfin un Disney "live" à très fort potentiel, avec Mufasa : Le Roi Lion. De gros dollars en vue, en attendant les retours à moyen terme de La Reine des Neiges, des Avengers et de Star Wars dans les salles. L'année du centenaire n'aura pas été la plus brillante de l'Histoire de Disney, mais les années à venir semblent déjà prometteuses.
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