Après avoir réinventé la saga Halloween, David Gordon Green s'empare d'un monument du cinéma d'horreur avec une nouvelle suite qui promet un retour aux sources inespéré. Rencontre.
50 ans après L’Exorciste, qui aura traumatisé des générations de spectateurs sur plusieurs décennies, David Gordon Green s’empare du film culte de William Friedkin avec L’Exorciste : Dévotion, promesse d’une suite respectueuse de l’œuvre d’origine dans laquelle on pourra retrouver des têtes connus du grand public (le retour d'Ellen Burstyn et de Linda Blair) et de nouveaux personnages prêts à affronter d'effroyables démons... Rencontre avec le réalisateur David Gordon Green après la sortie d'une première bande-annonce ce mardi.
Cette suite débarque 50 ans après le premier film… Dans quel état d’esprit êtes-vous aujourd’hui ?
L’Exorciste est un film qui est toujours d’actualité alors qu’il est sorti il y a 50 ans, vous vous rendez compte ? Quand on le regarde aujourd’hui, il est toujours aussi effrayant qu’à sa sortie. Il a inspiré énormément d’œuvres après lui et continue à nourrir beaucoup de conversations. Je dois vous avouer que faire partie de cet héritage constitue une véritable leçon d’humilité.
Cette bande-annonce débute avec une histoire de disparition, comme dans un thriller… C’était important pour vous d’aller vers quelque chose de réaliste ?
Oui ! Quand on regarde des thrillers, on se rend compte que ce qui importe le plus est le côté réaliste, et la manière dont le récit se déploie de manière très académique, ce qui le rend d’autant plus captivant. On voulait avoir cette sensation dans notre film, pour pouvoir ensuite nous diriger plus naturellement vers le domaine horrifique. Il fallait ancrer cette histoire dans quelque chose de plus terre à terre, à laquelle on pourrait presque s’identifier.
On peut également voir une nouvelle génération de jeunes filles possédées, comme si le démon n’avait jamais vraiment disparu…
C’est en réalité un démon complètement différent ! Je souhaitais ajouter un nouveau chapitre dans la grande histoire de la démonologie au cinéma. Je voulais aussi montrer comment la famille MacNeil du premier film pouvait aider et conseiller les parents dont les filles sont aujourd’hui victimes d’un démon. On est dans une histoire différente, mais sur un terrain déjà connu.
Il y a également certains acteurs que l’on voit pour la première fois dans la franchise, dont Leslie Odom Jr. et Ann Dowd… Comment les avez-vous choisis ?
Il y a plusieurs acteurs avec qui j’avais déjà travaillé sur d’autres films. Ann Dowd est une actrice que je connais très bien, le rôle que j’ai écrit dans ce film lui était destiné depuis le départ. Je voulais également faire tourner des acteurs avec qui je n’avais jamais collaboré, comme Leslie Odom Jr, qui est fabuleux et qui avait énormément d’idées à apporter sur la création du film. Et puis on a aussi nos jeunes actrices Lidya Jewett et Olivia Marcum, qui sont bourrées de talents et qui réussissent à s’emparer de ces rôles compliqués avec une certaine grâce, surtout après la performance extraordinaire de Linda Blair dans le premier film.
Cette bande-annonce montre le retour d’Ellen Burstyn, la mère du premier film, qui semble avoir ici un rôle important.
C’était incroyable de l’avoir avec nous et d’entendre toutes les histoires qu’elle avait à nous raconter sur le tournage du premier film. C’était aussi important de faire évoluer son personnage près de 50 ans plus tard, en essayant d’intégrer certains éléments qu’elle nous suggérait et qui était très souvent pertinents. Travailler avec une icône pareille à ce moment précis dans sa carrière est un véritable honneur.
Comment se sentait-elle sur le plateau ?
Il faudrait lui demander ! (rires) Je peux vous dire que nous nous sommes beaucoup amusés ! On se racontait nos propres histoires de tournage sur le plateau, c’était fascinant. Se connecter avec quelqu’un comme Ellen Burstyn est important, il faut construire une véritable relation de confiance tout en essayant de l’amener vers quelque chose de plus profond dans sa manière d’aborder le personnage. Avoir sa sagesse sur le film est quelque chose de fort, c’est certain.
On aperçoit également une photo de Regan, la possédée du film de Friedkin…
Faire revivre l’histoire de Regan était très important pour nous. En tant que fan du premier film, réaliser un reboot en invitant certains acteurs de l’œuvre originale à revenir est quelque chose d’unique. L’idée que l’on puisse raconter ce qui est arrivé à ce personnage tout en parlant de sa relation avec sa mère était essentiel. C’est d’ailleurs l’un des thèmes principaux du film. De montrer ce que c’est d’être une mère dans un moment difficile, comme dans le premier film, mais aussi de montrer ce que c’est après des évènements d’une telle ampleur.
Dans cette bande-annonce, on entend The Tubular Bells, le thème musical du film d’origine composé par Mike Oldfield. Est-il toujours d’actualité aujourd’hui ?
Au moment de faire le film, il y avait plusieurs choses que j’avais inscrites sur ma liste d’envies. Parmi elles, il y avait le retour d’Ellen Burstyn, bien entendu, mais aussi les fameuses Tubular Bells, qui sont en réalité très peu utilisés dans le film de Friedkin, mais qui restent pourtant extrêmement iconiques ! La musique est, de manière générale, très importante au sein de la franchise.
Cette bande-annonce met également l’accent sur la religion et la foi, avec tous ces plans montrant des croix, ainsi qu’avec cette image de la jeune fille marchant dans l’église. Est-ce que la religion est au centre de cette histoire ?
Le film s’intéresse à plusieurs facettes de différentes religions. On ne voulait pas raconter une simple histoire catholique, mais multiplier les perspectives religieuses tout en les modernisant.
Les scènes de possession ont l’air extrêmement intenses… Comment les avez-vous préparés ?
Je suis tellement admiratif du travail de Linda Blair dans le premier film. Il faut se rappeler qu’elle n’avait que 14 ans à l’époque ! Elle est donc devenue consultante sur Devotion afin de pouvoir conseiller les jeunes actrices sur leur jeu, mais aussi pour les aider psychologiquement après une performance aussi intense. Il y avait près de 2h30 de maquillage chaque matin pour les jeunes actrices, et tout le monde sur le plateau avait une énergie spirituelle qui lui était propre. Il fallait aussi faire en sorte que les actrices puisent continuer à suivre leur cours. Il y avait toute une logistique à mettre en place, et la présence de Linda Blair a été extrêmement bénéfique à cette organisation, étant donné qu’elle a aussi dû passer par toutes ces étapes il y a près de 50 ans.
Cette bande-annonce rappelle énormément le climat du film de William Friedkin. Après Halloween, ça vous paraissait important de revenir aux sources de cette saga mythique ?
On est sur quelque chose de très différent ! Halloween fait partie du genre du slasher, ce qui est donc très éloigné de cette idée. Je ne voulais pas faire un film uniquement pour les fans, avec tout ce qu’ils souhaiteraient voir à l’intérieur. C’est pour moi une manière d’exprimer mon amour inconditionnel pour cette histoire, tout en essayant de me rendre digne du film de Friedkin.
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