Claude Chabrol
Abaca

Le réalisateur nous quittait il y a dix ans. Retour sur une filmographie qui a marqué le paysage cinématographique français.

En 1968, Claude Chabrol réalise son premier film, Le Beau Serge qui sera reconnu comme le premier long métrage de la Nouvelle Vague racontant le retour d’un jeune homme dans son village natal dans la Creuse illustrant les mœurs déjà doucement critiqués d’une bourgeoisie provinciale à laquelle le réalisateur lui-même appartenait. Rédacteur aux Cahiers du cinéma, Claude Chabrol fréquente les grandes figures du mouvement de la Nouvelle Vague, tout spécialement Jacques Rivette, Jean-Luc Godard et Eric Rohmer dont il produira le premier film Le Signe du lion (1962).

Dans le livre Chabrol par lui-même et par les siens du journaliste Michel Pascal, Claude Chabrol disait vouloir ‘’raconter des histoires qui parleraient de la France, de la bourgeoisie, de la province, de la quête du bonheur et de la bêtise ou de la folie des hommes. ‘’ Les personnages évoluent les uns en fonction  des autres et partagent tout jusqu’aux femmes, avec une ironie grinçante que ce soit autour de repas dans le Var avec A double tour (1959) ou encore dans le Finistère dans Que la bête meure (1969) toujours arrosés de vin et d’apéritif entourés de tapisseries jaunies par le temps. L’infidélité jalonne le cinéma de Claude Chabrol qui rentre dans l’intimité des personnages par-delà les volets fermés pour y filmer entre autre les parties fines de Jour tranquille à Clichy (1990), une adaptation du célèbre roman de Henry Miller et si on dit souvent que Chabrol est le ‘’ peintre au vitriol de la bourgeoisie française ‘’,  réduire ses films à une critique sociale est trop insuffisant. Avec Sarcasme, il montre la cruauté et la violence d’un monde injuste comme l’illustre la mort d’un enfant dans Que la Bête meure, dans lequel les personnages bourgeois sont érudits et parlent de littérature ou s’inscrivent en mélomanes avertis à la manière du père de famille (Jean-Pierre Cassel) de La Cérémonie (1995) qui regarde entouré de sa femme et de ses filles une rediffusion de l’opéra de Giovanni de Mozart sous les yeux méprisants de Sandrine Bonnaire et Isabelle Huppert

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Mais d’ailleurs, comment parler des films de Claude Chabrol sans parler de la musique ? De la chevauchée des Walkyries mise par Jean-Claude Brialy durant une soirée dans Les cousins (1959), aux 4 Chants Sérieux de Brahms dans Que la bête meure en passant par Puccini durant l’introduction de La fille coupée en deux (2007), la musique classique est omniprésente et confère aux films une atmosphère à la fois puissante et épique. Cependant Claude Chabrol c’est aussi l’histoire d’une collaboration fructueuse avec le compositeur Pierre Jansen qui offrira une introduction homérique et orchestrale à Michel Piccoli dans Les Noces rouges (1973).

Claude Chabrol, nous quittait il y a dix ans, laissant derrière lui une série de films cultes, Il confiera d’ailleurs avoir voulu ‘’ dénoncer la déliquescence des mœurs d’une époque où les rapports sociaux tuaient les rapports humains ‘’. Un pari réussi.