Le cinéaste le présentait à la Quinzaine des réalisateurs.
Vingt-sept ans après El Mariachi, qu'il avait financé lui-même pour trois fois rien, Robert Rodriguez a décidé de faire le chemin à l'envers. « A la base, je n'avais aucune intention de montrer ce film », a prévenu d'emblée le réalisateur, venu en coup de vent à la Quinzaine des réalisateurs (24 heures sur place, pas plus) présenter Red 11. Un tout petit truc au budget riquiqui, tourné en 14 jours avec un casting réduit, à la base destiné à servir de proof of concept aux aspirants cinéastes. Une façon concrète de démontrer il est possible de faire un long-métrage avec seulement 7 000 dollars en poche, un seul technicien, beaucoup d'imagination et pas mal d'endurance.
Couplé à un documentaire de 2 h 30 (dont il n'a montré qu'une trentaine de minutes à Cannes) sur les improbables coulisses de son tournage, Red 11 s'inspire de la propre expérience de Rodriguez époque El Mariachi, alors qu'il s'était fait embaucher en tant que cobaye dans un centre de recherche médicale pour gagner de quoi amortir son film.
On y suit Rob, qui doit 7 000 dollars (ah ah) empruntés à un cartel de la drogue pour tourner son premier long-métrage (ah ah ah). Le jeune homme se retrouve obligé de participer à des essais cliniques pour rembourser sa dette. Mais les choses deviennent vite surréalistes quand la plupart des patients sont pris de vomissements et de diarrhées extrêmes, et que Rob met en doute la réalité de ce qu'il vit.
Méta jusqu'à plus soif, Red 11 est un petit thriller SF sanglant sans prétention, une série Z qui ne brille pas par son scénario mais est suffisamment inventive dans ses effets pour faire oublier à quel point elle est fauchée. Rodriguez y joue à faire « comme si », mais le plaisir – visible – qu'il prend à s'obliger à œuvrer dans le dénuement est extrêmement communicatif. A voir au moins pour le tour de force et l'espoir que le film suscitera chez certains, même s'il n'a pour l'instant aucune date de sortie.
Commentaires