La comédie romantique de Richard Curtis (Love Actually) revient ce soir sur Chérie 25.
A l'occasion de la rediffusion d'Il était temps, de Richard Curtis, avec Rachel McAdams, Domhnall Gleeson et Bill Nighy, nous republions l'interview de ce dernier, rencontré en 2013 pour parler de cette comédie très réussie du réalisateur de Love Actually.
Que retenez-vous de votre rôle dans Il était temps ?
J’ai été très content qu’on me le propose, et j’ai même brisé une de mes règles qui est de ne jamais jouer un rôle qui n’a pas de nom : ce personnage s’appelle juste Papa. J’aime la proposition très simple du film : ne pas se prendre la tête avec le passé et essayer de profiter des joies ordinaires de la vie. Un des combats essentiels de notre existence.
Pourquoi votre personnage ne voyage-t-il pas dans le temps ?
Comme dit Richard (Curtis), c’est une sorte de film de voyage dans le temps anti voyage dans le temps. Les personnages y découvrent qu’ils n’ont pas besoin de ce pouvoir.
Si vous pouviez voyager dans le temps, que feriez-vous ?
Deux choses. D’abord, je retournerais au moment où on m’a proposé une cigarette pour la première fois, et je dirais Non merci. Ma vie en aurait été tellement facilitée. Et puis j’utiliserais le voyage dans le temps comme un juke box vivant. Je retournerais en 1962 au premier rang de l’Apollo Theatre quand James Brown a joué le concert devenu légendaire qui a donné l’album Live at the Apollo. J’irais aussi écouter quelques concerts de Bob Dylan des débuts, des Rolling Stones, les concerts épiques, sans oublier Marvin Gaye et Ray Charles. Mais sinon je ne voudrais rien changer. Non pas que ma vie ait été parfaite, mais je suis content du présent.
A défaut de voyager dans le temps, y a-t-il d’autres façons pour vous de revivre l’époque que vous évoquiez ?
Oui, j’ai lu récemment des livres sur James Brown. Je n’ai pas d’ordinateur mais j’ai un téléphone et lorsqu’un titre est mentionné, j’écoute le morceau correspondant sur mon téléphone. Parfois on peut même tomber sur des enregistrements vidéo des concerts cités dans le livre. Lors de l’enregistrement d’un concert pour la télé américaine, James Brown était second sur l’affiche après un groupe anglais encore peu connu à l’époque, les Rolling Stones. Et il n’était pas content, alors il a donné un spectacle incroyable. On peut le trouver sur Youtube, le moment où il joue "Out of sight", il danse d’une façon qui défie la logique physique. Incroyable !
C’est ce concert qui a inspiré son jeu de scène à Mick Jagger ?
Je ne sais pas, tous les livres s’accordent pour dire que qu’il s’est inspiré de Charlie et Ines Fox, le duo marié de Mocking Bird. Charlie dansait autour d’Ines d’une façon particulière dont Mick Jagger dit s’être inspiré. Tina Turner aussi. Mais les Stones se sont inspirés des tournées soul qui passaient en Angleterre. Les labels comme Stax, Atlantic ou Tamla présentaient cinq de leurs artistes, imaginez l’équivalent aujourd’hui, ce serait génial !
Comment avez-vous vécu le début des années 60 ?
Je ne suis pas nostalgique de cette époque. J’ai quitté l’école à 16 ans et j’ai passé quelques mois à Paris, parce que j’avais lu des livres sur des écrivains qui y avaient cherché l’inspiration dans les années 20. Sinon, il y a eu une explosion de musique pendant quelques années au cours de laquelle l’Angleterre, cette île relativement petite, a produit les Rolling Stones, les Who, Led Zeppelin, Pink Floyd, les Small Faces, c’était extraordinaire. On est passés en très peu de temps de la musique de nos parents - chantée par des gens en tenue de soirée qui parlaient de la lune - à Jimi Hendrix. Cette musique m’a complètement intoxiqué. J’ai vu beaucoup de concerts, car j’ai travaillé dans les coulisses d’une salle comme manutentionnaire. J’ai trimballé des amplis pour les Faces à l’époque où Queen faisait leur première partie. Et aussi pour Yes, Genesis, les Moody Blues, les Who, pendant la tournée Who’s Next. J’étais censé faire la sécurité, j’ouvrais la fenêtre des toilettes pour laisser les gamins entrer.
Si vous n’aviez pas été acteur, qu’auriez-vous fait ?
Je ne sais pas. Ayant raté ma scolarité, je n’avais aucune qualification. Je voulais être écrivain, et j’hésite à la dire parce que tout le monde veut l’être. Je suis venu à Paris pour écrire, mais je n’ai absolument rien écrit. J’ai fait la manche au Trocadéro. On m’a invité à fréquenter un endroit appelé Madame Coucou, pour y faire l’amour à des femmes plus âgées pour 150 francs, mais j’ai décliné. Donc je ne suis devenu ni écrivain, ni gigolo.
Interview Gérard Delorme
Bande-annonce d'Il était temps :
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