Cette oeuvre est à présent plus courte que The Revenant.
"Un célèbre journaliste et réalisateur (Daniel Giménez Cacho) est contraint de retourner au Mexique, son pays natal, pour un voyage chargé en émotions."
Si le pitch de Bardo, Fausse chronique de quelques vérités, est simple, le film découvert par les festivalier à la Mostra de Venise s'est avéré long et rempli de tellement d'images et d'idées se superposant les unes aux autres qu'il a perdu des spectateurs en route. Alejandro González Iñárritu, le réalisateur de Babel, Birdman et The Revenant est reparti du Lido avec des critiques mitigées. Idem au festival de Telluride quelques jours plus tard, alors avant de montrer son film au public de San Sebastian, il l'a retouché. Ajoutant une séquence où le héros discute avec un chauffeur de taxi pendant qu'ils traversent Mexico, il a surtout coupé d'autres moments, raccourci des scènes, remonté son film en fonction de sa musique... pour trouver une harmonie qui lui plait davantage. Son montage final dure 22 minutes de moins qu'au départ, soit 2h32 exactement. C'est quatre minutes de moins que The Revenant, son film avec Leonardo DiCaprio qui a gagné l'Oscar en 2016.
S'il affirme ne pas lire les critiques "pour le bien de (sa) santé mentale", Iñárritu reconnaît avoir apprécié le fait d'assister aux projections publiques de Bardo, où il a pu prendre conscience des réactions de la salle, voir ce qui fonctionnait ou non. "J'ai vu des films de 80 minutes qui étaient trop courts et d'autres qui en faisaient trois heures trente et qui ne semblaient pas longs du tout, commente-t-il à présent en dévoilant sa bande-annonce à IndieWire. Il n'y a rien de plus puissant que de voir un film avec le public. C'est ce qui m'a aidé. La première fois que j'ai vu mon film fini, c'était avec 2000 personnes à Venise. C'était une belle opportunité d'apprendre que quelques passages pouvaient être réduits, qu'il y avait de la place pour cette scène qui n'était pas arrivée à temps et qu'on pouvait déplacer deux ou trois éléments de l'histoire. Alors petit à petit, je l'ai remodelé, et je suis très content du résultat. Honnêtement, je crois que je pourrais faire ça pour obtenir le meilleur film possible tant que j'en suis capable. Vous ne terminez jamais un film. On vous donne juste une date en vous demandant de le rendre à temps." Ajoutant qu'il avait déjà retouché 21 Grammes et Babel après leurs premières projections en festival, il précise : "Si je pouvais, le passerai tout le reste de l'année à le monter. J'adorerais passer le reste de ma vie à travailler sur ce film."
Babel : Le film d’Alejandro Gonzalez Inarritu gagne à être revu [critique]Le trailer est à l'image de Bardo, très subjectif, avec ses successions d'images qui se répondent sans pour autant être tirées de la même scène. C'est un patchwork, conçu avec Mark Woollen, le monteur de Tar et de White Noise, rythmé par le tube des Beatles "I Am the Walrus", dont Iñárritu a obtenu les droits grâce à Sean Lennon, le fils de John Lennon, qui adore son travail. Il explique pourquoi il trouve cette chanson en particulier proche de son travail sur Bardo : "John Lennon a fait exprès d'écrire des paroles qui ne pourraient pas être interprétées. Le non-sens qui prend du sens, c'est exactement ce que ce film essaye de faire. Mark Wooden a su faire en sorte que les paroles aient du sens avec les images." Il a aussi insisté pour que ce trailer n'ait pas de dialogues : "Il y a quelque chose dans le fait de lire les sous-titres pendant une bande-annonce qui peut interrompre le rythme. On s'est dit que les images suffiraient à transmettre ce que l'on voulait dire, émotionnellement parlant."
Concernant les changements, il ajoute que la séquence ajoutée, "est une toute petite scène d'ambiance", et que pour le reste, il préfère ne pas s'étendre sur ce qu'il a modifié : "C'est comme un tour de magie, personne ne doit jamais tout savoir. Mais le plus important, c'est que je trouve que le film va plus vite. J'ai restructuré des choses en fonction de la musique qui m'ont donné davantage confiance en lui. La majorité du film n'a pas été retouchée, c'était vraiment infime, des petites choses permettant de trouver le bon rythme de certaines scènes." Plus généralement à propos de Bardo, il explique avoir cherché à "montrer les différents états mentaux". Voilà pourquoi son personnage principal peut être en train de discuter avec le fantôme de son père ou d'imaginer qu'il est capable de voler. Le lieu de tournage, pays d'origine du réalisateur, était aussi au coeur du concept : "Le Mexique, ce n'est pas un pays, c'est un état d'esprit. Le film vient de là, de cette idée que ce pays ne vous appartient pas et que vous ne pouvez pas y revenir. Les Chilangos (un mot d'argot désignant les habitants de Mexico) comprennent ce que j'ai voulu faire et ça me réjouit. Et les gens ont beaucoup ri, aussi. C'est ce qui m'a le plus touché."
Bardo sera visible sur Netflix à partir du 16 décembre. Sera-t-il sélectionné aux Oscars ? Pour l'instant, il fait partie des quatre finalistes sélectionnés par le Mexique pour représenter le pays dans la catégorie Meilleur film en langue étrangère. On saura à la fin du mois s'il est choisi.
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