Ce soir, France 2 rediffuse Les Hommes qui n’aiment pas les femmes.
Soirée thrillers sur France 2. Après The Ghost Writer, de Roman Polanski, la chaîne proposera à partir de 23h05 Millenium : Les Hommes qui n’aiment pas les femmes. Le film le plus faible de David Fincher ? A sa sortie en 2012, cette adaptation du premier roman de la saga de Stieg Larsson a déçu. Elle est pourtant intéressante sur plusieurs aspects, à commencer par son héroïne, Lisbeth Salander, incarnée avec brio par Rooney Mara. Voici la critique publiée dans Première à l’époque.
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Grosse pression ? Respect immodéré du matériau originel ? On comptait sur Fincher (et son scénariste Steve Zaillian, le génie derrière La Liste de Schindler et American Gangster) pour sublimer la commande. Pas la subvertir, non, mais au moins opérer les ajustements nécessaires pour muscler l'histoire originelle - au risque de se brouiller avec le fan-club de Larsson, on est en droit de juger certains rebondissements du livre limite clichetonneux. Il sont ici reproduits à la virgule près.
Rien de neuf, donc ? Pas si simple. Déjà parce qu’un film de Fincher, même mineur, c’est de la haute couture filmique, supérieure à 99% de la production contemporaine (lumière aveuglante du chef op’ Jeff Cronenweth, score hypnotique de Trent Reznor, morceaux de bravoure à tous les étages…). Et aussi parce que Lisbeth Salander. Sans nul doute LA raison pour laquelle Fincher s’est collé à ce nouveau thriller, alors qu’il avait déjà tout dit sur le genre avec Seven et Zodiac. Incarnée par la bluffante Rooney Mara, la hackeuse gothique au regard froid comme le métal s’impose ici comme la jumelle du Mark Zuckerberg de The Social Network. Détraquée, désaxée, les yeux rivés sur son PC, et seule à en crever. Le générique (une déflagration tétanisante rythmée par la reprise du "Immigrant Song" de Led Zep’) raconte ça encore mieux que le film, explicitant en tout cas merveilleusement la démarche de Fincher : comment on fabrique un personnage, comment on façonne une icône (réponse : en la trempant dans un bain d’encre, de sueur et de sang). Et quand il s’agit de façonner des icônes, le réal’ de Fight Club s’y entend mieux que personne. Un film problématique, donc, assommant et fascinant, forcément impossible à balayer d’un revers de la main.
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