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Cette semaine au cinéma, la vampire Sélène revient, ainsi que les héros de Star Wars (en 3D). Gary Oldman doit débusquer une taupe parmi ses agents secrets, et Rémi Bezançon raconte le premier voyage d'une girafe en France -et pas question de relief ! Vous l'aurez compris, il y en a pour tous les goûts dans les salles.Choix numéro 1 : La taupe, de Tomas Alfredson, avec Gary Oldman, Colin Firth, John Hurt...Synopsis : Adapté du thriller d'espionnage, La Taupe de John Le Carré. 1973. La guerre froide empoisonne toujours les relations internationales. Les services secrets britanniques sont, comme ceux des autres pays, en alerte maximum. Suite à une mission ratée en Hongrie, le patron du MI6 se retrouve sur la touche avec son fidèle lieutenant, George Smiley. Pourtant, Smiley est bientôt secrètement réengagé sur l’injonction du gouvernement, qui craint que le service n’ait été infiltré par un agent double soviétique. Épaulé par le jeune agent Peter Guillam, Smiley tente de débusquer la taupe, mais il est bientôt rattrapé par ses anciens liens avec une redoutable espionne russe, Karla. Alors que l’identité de la taupe reste une énigme, Ricki Tarr, un agent de terrain en mission d’infiltration en Turquie, tombe amoureux d’une femme mariée, Irina, qui prétend posséder des informations cruciales. Parallèlement, Smiley apprend que son ancien chef a réduit la liste des suspects à cinq noms : l’ambitieux Percy Alleline, Bill Haydon, le charmeur, Roy Bland, qui jusqu’ici, a toujours fait preuve de loyauté, le très zélé Toby Esterhase… et Smiley lui-même.Dans un climat de suspicion, de manipulation et de chasse à l’homme, tous se retrouvent à jouer un jeu dangereux qui peut leur coûter la vie et précipiter le monde dans le chaos. Les réponses se cachent au-delà des limites de chacun…L'avis de Première : A la suite de l’incroyable Morse, le suédois Tomas Alfredson confirme ses qualités de metteur en scène de premier plan en adaptant le roman d’espionnage le plus célèbre de John Le Carré. Contrairement aux apparences, le sujet est loin d’être désuet, et on peut même lui trouver des points communs avec Morse. Smiley, le personnage central (superbement joué par Gary Oldman), ressemble à un vampire, et pas seulement parce qu’il renaît après la mort symbolique que constitue sa mise à la retraite. Il est froid et dépourvu de sentiments, comme en proie à un état de gel moral et affectif, pur produit de la guerre froide que se livrait un monde artificiellement divisé en deux camps. Magnifiquement photographié, interprété et mis en scène, le film décrit ce monde qui a perdu sa raison d’être, et révèle une vérité vertigineuse: les « renseignements » obtenus par les différents services secrets ne servaient qu’à faire tourner cette usine à gaz que, du côté britannique, Le Carré appelait « le cirque ». La paranoïa, les trahisons et les défections y étaient monnaie courante, parce qu’elles faisaient partie intégrante de ce système absurde qui avait besoin de se justifier en inventant des raisons de s’entre-espionner. Dans le genre, La taupe est un film de réflexion plus que d’action, qui décrit une réalité complexe plutôt qu’il ne perpétue une mythologie simpliste. Aux antipodes d’un James Bond, il représente un modèle aussi réussi que séduisant.Bande-annonce : Choix numéro 2 : Zarafa de Rémi Bezançon et Jean Christophe Lie, avec les voix de Simon Abkarian, François-Xavier Demaison...Synopsis : Sous un baobab, un vieil homme raconte aux enfants qui l’entourent, une histoire : celle de l’amitié indéfectible entre Maki, un enfant de 10 ans, et Zarafa, une girafe orpheline, cadeau du Pacha d’Égypte au Roi de France Charles X.Hassan, prince du désert, est chargé par le Pacha de conduire Zarafa jusqu’en France mais Maki, bien décidé à tout faire pour contrarier cette mission et ramener la girafe sur sa terre natale, va les suivre au péril de sa vie.Au cours de ce long périple qui les mènera du Soudan à Paris, en passant par Alexandrie, Marseille et les Alpes enneigées, ils vont vivre mille péripéties et croiser la route de l’aéronaute Malaterre, des étranges vaches Mounh et Sounh et de la pirate Bouboulina…Librement inspiré de la véritable histoire de la girafe offerte par le Pacha d’Égypte au Roi de France en 1827.L'avis de Première :  Commençons cette critique par des réponses aux deux questions que vous vous posez. Primo : Rémi Bezançon n’est pas un surhomme. Si Zarafa sort quatre mois après Un heureux événement, c’est parce que la longue fabrication d’un film d’animation lui a permis de tourner sa comédie sur la grossesse en parallèle. Deuxio : en dépit des apparences, Zarafa s’inscrit avec cohérence dans sa filmographie. Car, que raconte Bezançon depuis Ma vie en l’air ? 1. Des histoires d’adultes qui ne veulent pas grandir. 2. Des sagas familiales entachées de conflits. 3. Des récits initiatiques qui empruntent des chemins sinueux. Maki est ainsi un orphelin devenu trop tôt mature, qui se trouve un père de substitution en la personne de l’insaisissable Hassan. La continuité thématique est assurée (ainsi que l’émotion), Bezançon et Jean-Christophe Lie ajoutant, sans excès, la touche exotico-pédagogique propre aux contes. La majesté des paysages en Scope, l’animation stylisée qui confère une vraie identité visuelle... À voir Zarafa, on se dit que la 2D a encore de beaux jours devant elle. On pense souvent à Ocelot (qui a « confisqué » l’imagerie africaine avec Kirikou) mais aussi à Sylvain Chomet par moments, les silhouettes longilignes et dégingandées de Louis X et des gens de sa cour distillant par exemple un humour plus adulte, qui symbolise l’équilibre trouvé entre le conte et la satire.Bande-annonce : Choix numéro 3 : Underworld nouvelle ère, de Mans Marlind et Stein Bjorn, avec  Kate Beckinsale...Synopsis : Depuis des siècles Lycans et Vampires se livrent une bataille sans merci. Mais les deux races sont à l’aube d’une ère nouvelle car les humains, qui ont récemment découvert leur existence, décident de cesser leurs conflits internes pour s’engager ensemble dans la lutte contre ce qu’ils considèrent comme des fléaux. Sélène s’attire la convoitise de l’armée et des scientifiques. Une traque incessante commence alors contre la plus redoutable des vampires.L'avis de Première :  Depuis bientôt dix ans que l'actrice joue les vampires baddass, créature nocturne à mi-chemin entre Blade et Matrix, on ne peut pas dire que la carrière du couple décolle, surtout après avoir vu Wiseman anéantir Die Hard. Mais peu importe. Tout ça est sans doute à l'image d'Underworld, film post tout, suivant la voie hybride ouverte par les Wachowski pour déjà trois films qu'on a pas vraiment suivi de près. Qu'attendre alors d'un quatrième opus, toujours supervisé par Wiseman mais confié au tandem suédois Mans Marlind et Bjorn Stein ? Des deux zigotos, un rapide coup d'oeil sur imdb laisse à dire pas grand chose. De la licence non plus, sans doute trop fermée sur elle-même et sans enjeu pour intriguer. Pourtant tout n'est pas à jeter dans cette Nouvelle ère, et c'est encore les restes d'une alchimie entre la caméra et son actrice qui mérite de tenir, un peu. Gainée de cuir telle une Catwoman luisante, tranchant les gorges, atomisant les cervelles, bondissant des immeubles, Kate Beckinsale continue d'offrir son corps à ce monde ou vampires et lycanthropes se font la guerre. Dans une intro tonitruante, l'actrice fonce telle une Terminator animale, panthère noire éliminant tout sur son passage avec une belle précision du geste. Sans bouleverser la nouvelle série B numérique, cet Underworld laisse surgir, au milieu d'une intrigue insipide pour fan hardcore, quelques éclats de mise en scène non négligeables. La fluidité du mouvement, sa légèreté, son aisance à capter Kate Beckinsale comme un corps agile, félin, rapide, lisse, montre une maîtrise de l'espace pas si commune à Hollywood par les temps qui courent. Pas de quoi pavoiser (c'est parfois aussi très laid ou mal filmé), mais assez pour perpétuer sans honte un cinéma du corps mutant hérité, au plus loin, de Douglas Fairbanks. Film athlétique et de la célérité où les décors sont bâtis selon les dimensions ou les capacités des corps, cet Underworld apporte un peu plus d'eau au moulin de leur longue transformation. Eternel horizon du film de monstre, du super héros, du dessin-animé ou du demi-dieu.Bande-annonce : Choix numéro 4 : Star Wars : la menace fantôme, en 3D, de George Lucas, avec Ewan McGregor, Liam Neeson, Natalie Portman...Synopsis : La République, autrefois si paisible, est aujourd'hui dans la tourmente. La taxation des routes commerciales des systèmes stellaires est contestée et la puissante et cupide Fédération du commerce tente de résoudre le conflit par la force. Une armada de vaisseaux de guerre a imposé un embargo sur la planète pacifique de Naboo, dont la reine Amidala refuse de se soumettre aux exigences de la Fédération. Deux chevaliers Jedi, Qui-Gon Jinn et son disciple Obi-Wan Kenobi sont envoyés régler le problème diplomatiquement. Ils découvrent que la Fédération est contrôlée par un personnage mystérieux, le seigneur Dark Sidious et qu'elle se prépare à lancer ses armées sur Naboo. Dans sa fuite le vaisseau de la reine est endommagé et se réfugie sur la planète Tatooine. Ils y encontrent un jeune esclave, Anakin Skywalker, dont Qui-Gon sait qu'il est celui qui apportera la Force...L'avis de Première : La salle de cinéma étant le milieu naturel de Star Wars, on pouvait se réjouir à l'annonce de la reprise en relief de la saga Star Wars. Mieux, d'un point de vue technique, la mise en scène de George Lucas étant souvent statique et privilégiant largement les plans larges, le film aurait pu (dû) y gagner. Las. La présence du relief est inexistante, à l'exception de rares scènes de dialogues en champ/contre-champ. La 3D ne serait donc là que pour rajouter quelques euros au prix du ticket ? Restent certaines scènes épiques - la course de pods, le duel final au son de Duel Of The Fates - qui ne prennent vraiment leur dimension que sur le grand écran d'une salle imprégnée de l'odeur du pop-corn, et que même la conversion 3D ratée ne parvient pas à ruiner totalement.Bande-annonce :