Choix numéro 1 : Blanche Neige et le chasseur, de Rupert Sanders avec Kristen Stewart, Charlize Theron, Chris Hemsworth ...Synopsis : Il y a très longtemps, dans un sombre royaume, naquit "une enfant au teint blanc comme la neige, aux lèvres rouges comme le sang et aux cheveux noirs comme le bois d’ébène ! " Très belle, sa chevelure noire et la blancheur de sa peau lui valent le surnom de Blanche-Neige. Seulement, sa beauté attise la jalousie de la diabolique reine Ravenna, sa marâtre. En quête de la jeunesse éternelle, cette dernière missionne Éric, un chasseur, d'éliminer cette jeune femme qui ose lui faire de l'ombre. Valeureux, Éric ne parvient pourtant pas à résister aux charmes de Blanche-Neige. Il se prend d'affection pour elle et se retourne contre la reine Ravenna. Au lieu de la tuer comme le lui avait demandé sa maîtresse, le chasseur décide d'aider Blanche-Neige dans sa lutte contre le mal et lui conseille de se réfugier dans les bois. Il l'a forme au combat, lui apprend à monter à cheval et la protège. Il lui apprend également toutes les techniques pour affronter les terribles créatures de la forêt. Face à cette trahison, c'est toute son armée que la reine envoie sur les traces de Blanche-Neige et du chasseur. La guerre commence. En première ligne, Blanche-Neige, aidée de ses amis les nains, va devoir mener la lutte pour renverser de son trône la maléfique Ravenna.L'avis de Première : La guerre des Blanche-Neige n’aura pas lieu, la version de Rupert Sanders reléguant celle de Tarsem Singh dans l’arrière-boutique de votre Vidéo Futur, qu’elle n’aurait jamais dû quitter. Car, pour un coup d’essai, c’est un coup de maître que nous sort ce parfait inconnu issu de la pub. Dark au possible, lyrique en diable, beau comme une enluminure, son Blanche-Neige et le Chasseur revisite le conte des frères Grimm avec respect (le miroir, la pomme, les nains, le baiser sont bien là), tout en lui faisant quelques infi délités. Le personnage du chasseur prend ainsi une importance qu’il n’a pas dans le livre, tandis que celui du frère de la reine est, lui, carrément inventé. Cette virilisation de l’histoire l’éloigne du conte de fées pour l’emmener sur le terrain de l’heroic fantasy façon Seigneur des anneaux, avec l’union des forces du bien contre le mal absolu, qu’incarne l’usurpatrice. Comme chez Peter Jackson, il se dégage des scènes de bataille – épiques –, une puissance dramatique proportionnelle à l’attachement que l’on nourrit pour les personnages. Les deux figures cardinales du conte ne sont pas oubliées : montagne de névroses, la reine est à la fois terrifi ante et touchante ; Blanche-Neige, elle, est aussi coriace qu’idéaliste. Au passage, Charlize Theron, impériale, dame d’ailleurs le pion à Kristen Stewart. « Meilleur est le méchant, meilleur est le film », disait Hitchcock. On confirme.Bande annonce :          Choix numéro 2 : Quand je serai petit, de Jean Paul Rouve avec Jean Paul Rouve, Benoît Poelvoorde, Arly Jover ... Synopsis : À l'occasion d'un voyage, Mathias, 40 ans, croise par hasard un enfant qui lui fait étrangement penser à lui au même âge. Profondément troublé, il se lance dans une quête insensée sur les traces du petit garçon qui risque bien de bouleverser son existence et son équilibre familial … Et si l'on pouvait revivre son enfance, pourrait-on alors changer le cours des événements ?L'avis de Première : Si un père et son fils pouvaient se rencontrer au même âge, qu’auraient-ils à se dire ? En partant de cette interrogation vieille comme le monde (ou, disons, vieille comme Le Parrain 2), Jean-Paul Rouve ouvrage un conte philosophique attachant, perpétuant, après Pierre François Martin-Laval (Essaye-moi) et Maurice Barthélemy (Papa), la lignée des ex-Robins des Bois travaillés par les questions de l’enfance et de la paternité. L’argument est digne de La Quatrième Dimension, mais le charme du film repose sur son traitement à la fois réaliste et indolent qui emprunte une voie médiane entre le trip mental à la Resnais et la comédie fantastique conceptuelle façon Big ou Un jour sans fin. Dans le rôle du paternel fantôme, Poelvoorde est génial. Dommage que Rouve se sente obligé d’envoyer les violons dans le dernier quart d’heure, offrant une conclusion un peu lourde à sa fable légère comme une plume.Bande annonce :          Choix numéro 3 : Marley, de Kevin MacdonaldSynopsis : La place de Bob Marley dans l’histoire de la musique, son statut de figure sociale et politique et l’héritage qu’il nous laisse sont uniques et sans précédent. Ses chansons délivrent leur message d’amour et de tolérance, de résistance à l’oppression, et transcendent les cultures, les langues et les religions aujourd’hui encore, avec la même force que lorsqu’il était en vie. En collaboration avec la famille de l’artiste – qui a ouvert ses archives privées pour la première fois - Kevin Macdonald a réuni une mine d’informations, des images d’archives rarissimes et des témoignages poignants qui interrogent le phénomène culturel tout en dessinant le portrait intime de l’artiste, depuis sa naissance jusqu’à sa mort en 1981, faisant définitivement de MARLEY le film documentaire de référence, au moins pour les 30 années à venir.L'avis de Première : La problématique de ce documentaire était au fond très simple : comment évoquer la vie d’une icône ? Comment transformer le christ jamaïcain en un sujet de fi lm ? Dès le début, le cinéaste écossais choisit la limpidité. Marley est une oral history, le récit de la vie du chanteur de sa naissance jusqu’à sa mort, racontée par ses proches. Académique ? Peut-être, mais aussi imparable. Réalisé avec le concours de la famille, le fi lm ne tombe jamais dans l’hagiographie ; truffé de séquences musicales, il ne se dilue pas non plus dans le concert filmé... Les témoignages, les images d’archives et les enregistrements de ses concerts finissent par composer un puzzle qui n’hésite pas à aborder les sujets qui fâchent (son infidélité légendaire, ses contradictions politiques) sans pour autant écraser le personnage. Au fond, il n’y avait pas de meilleur sujet pour Macdonald. On connaît sa fascination pour l’Afrique (Le Dernier Roi d’Écosse) et pour les 70’s (Un jour en septembre), sa curiosité pour les personnages « ogresques » (Idi Amin Dada, Klaus Barbie) et surtout pour le métissage (sujet en creux de L’Aigle de la neuvième légion). C’est précisément l’axe de ce documentaire, le fil rouge choisi pour raconter Marley, figure complexe et complexée qui regrettait « de n’avoir pas été plus noir ». La force du fi lm, c’est que, pour guider le spectateur à travers les effluves de ganja, le réalisateur a choisi de se mettre en scène, devenant progressivement le Nicholas Garrigan du chanteur – dans Le Dernier Roi d’Écosse, on découvrait l’Ouganda et son dictateur Idi Amin Dada à travers regard de ce jeune docteur blanc et naïf interprété par James McAvoy. Là, c’est le cinéaste himself qui endosse le rôle de Candide, enivré (mais jamais dupe) par la beauté de la Jamaïque, le charisme du chanteur et de ses femmes. Ce point de vue, qui aurait pu irriter, est finalement salutaire : face au mysticisme rasta, face à la légende dévorante de Marley, Macdonald incarne la rationalité, le regard distancié, tour à tour crédule et sceptique, enthousiaste et inquisiteur. Cette dialectique, la volonté du cinéaste de ne jamais se laisser écraser par la légende, de faire coûte que coûte du cinéma (l’intro, la séquence où le demi-frère blanc de Marley écoute Cornerstone ou tout le final), font qu’il ne se laisse jamais dépasser par son sujet. Et les deux en sortent grandis. Ja Man !Bande annonce :        Les autres sorties de la semaine sont ici