La French : Jean Dujardin est-il un bon juge ? Passage en revue de ses illustres prédecesseurs

La French : Jean Dujardin est-il un bon juge ? Passage en revue de ses illustres prédecesseurs

Qui est le meilleur juge de cinéma ?

<strong>Jean-Louis Trintignant</strong>, <strong>Philippe Noiret</strong>, <strong>Patrick Dewaere</strong>, <strong>Paul Newman</strong>... Dans La French, c'est à ces figures là que <strong>Jean Dujardin</strong> doit se mesurer : dans la peau du juge Michel, qui s'est attaqué aux mafieux marseillais de la French Connection dans les années 1970, l'acteur endosse un rôle sans cesse exploré au cinéma, et des deux côtés de l'Atlantique.A l'occasion de la sortie du film de Cédric Jimenez, on ressort les dossiers des juges les plus emblématiques du cinéma.<strong>Christophe Narbonne</strong>

Jean Dujardin dans la French

Le Juge : Le film de Cédric Jimenez s?intéresse à Pierre Michel, dit le « juge Michel », tristement célèbre pour avoir été assassiné par la Mafia marseillaise le 21 octobre 1981.Les faits : Moderne et dynamique, il est affecté au Tribunal de Grande Instance de Marseille, en charge du grand banditisme à partir de 1977.La méthode : Surnommé « le justicier » ou « le cow-boy », il révolutionne les méthodes d?investigation de la police marseillaise qu?il estime laxiste et désorganisée.Le résultat : Son action a été décisive. Sa mort, qui en a fait un martyr, a accéléré le processus de démantèlement de la French Connection et l?affaiblissement de son grand ordonnateur, Gaëtan Zampa.  

Patrick Dewaere dans Le Juge Fayard dit Le Shérif

Le Juge : Jean-Marie Fayard est un jeune juge intègre et fonceur. Il est affecté à Saint-Étienne où son style va lui occasionner des problèmes. <strong>Yves Boisset</strong> s?est inspiré du juge François Renaud, assassiné le 3 juillet 1975.Les faits : En enquêtant sur une affaire de braquage de pompe à essence, il va remonter la piste d?un scandale politico-mafieux.La méthode : Imperméable aux pressions, il n?hésite pas à arrêter des patrons et outrepasse régulièrement ses fonctions.Le résultat : Le juge met à jour un énorme scandale impliquant politicards et truands, membres du SAC, le Service d?Action Civique mis en place sous De Gaulle. Le film provoqua un vif débat sur cette collusion entre Mafia et État, à l?origine du financement des partis. Vous avez dit moderne ?

Philippe Noiret dans Le Juge et l'assassin

Le juge : 1893. Le juge Émile Rousseau s?intéresse à la personnalité controversée de Joseph Bouvier, ancien sergent d?infanterie interné pour ses crises de violence et considéré comme un esprit simple après avoir survécu en ayant deux balles restées logées dans sa tête.Les faits : À la fin du XIXème siècle, Joseph Bouvier est suspecté d?avoir commis plusieurs meurtres assez atroces en France. Le juge Rousseau, sur la base d?un signalement, arrête Bouvier lorsque ce dernier pénètre dans sa juridiction de province.La méthode : Rousseau feint de nouer une relation amicale avec Bouvier, dont il doute de la folie diagnostiquée par le corps médical, pour obtenir ses aveux.Le résultat : Bouvier avouera finalement quelques meurtres et sera condamné à mort. Bertrand Tavernier s?est inspiré de la relation qui s?est établie entre Joseph Vacher, considéré comme le premier serial killer français, et le juge Émile Fourquet, dont certains estiment qu?il est l?un des premiers profileurs au monde.

Jacques Perrin dans Le Juge

Le juge : Tourné trois ans après l?assassinat du juge Michel, ce film s?inspire de son combat contre la French Connection.Les faits : Le juge François Muller est affecté à Marseille où grâce à l?aide du commissaire Lucien Inocenti, il va tenter d?obtenir la tête d?Antoine Rocca, le baron de la pègre locale.La méthode : Il affiche un certain mépris pour les mafieux qu?il traque et se sert sans état d?âme des petits voyous pour obtenir des informations.Le résultat : Le film, tourné alors que l?instruction de l?assassinat du juge Michel est en cours et que l?enquête piétine, montre un personnage aimé par la base de la police. La thèse de Philippe Lefebvre et de son coscénariste Bernard Stora (Michel aurait été buté par Antoine Rocca, alias Gaëtan Zampa) sera démentie par les conclusions de l?enquête en 1988, qui attribue le meurtre à deux porte-flingues et à un autre commanditaire que Zampa.

Paul Newman dans Juge et hors-la-loi

Le juge : <strong>John Huston</strong> s?est emparé d?une légende américaine, le juge Roy Bean, qui s?autoproclamait « La Loi à l?ouest du Pecos » - le Pecos est un affluent du Rio Grande.Les faits : Dépouillé et laissé pour mort par les consommateurs d?un saloon, Roy Bean revient et les tue tous. Il s?improvise alors juge de cette contrée perdue.La méthode : Il se base sur un vieux livre de loi déniché dans un bordel et embauche comme shérifs adjoints les membres d?un gang. Il rend une justice arbitraire mais non dénué de bon sens.Le résultat : Forcé par les circonstances, le juge quitte sa ville et revient vingt ans plus tard où un ancien avocat a fait fructifier l?endroit grâce au pétrole. L?utopie libertaire fait place au pragmatisme, qui partira cependant en fumée...

Sylvester Stallone dans Judge Dredd

Le juge : Dans un lointain futur, les juges se déplacent en motos volantes et sont également policiers et bourreaux. Le juge Dredd est l?un d?entre eux.Les faits : Il est accusé du meurtre d?un journaliste. Avec sa consoeur, le juge Hershey, et son ami, Herman Ferguson, il va mettre au jour une manipulation inimaginable.La méthode : « La loi, c?est moi ! », claironne Sylvester Stallone, plus monolithique que jamais pour personnifier la Justice avec un grand « J » qu?il expédie avec son art subtil du cassage de gueule.Le résultat : Très loin de la noirceur du comics d?origine, ce film du tâcheron Danny Cannon enterra d?entrée la carrière de ce dernier et toute idée d?une nouvelle franchise made in Stallone. Son remake de 2012 n?a pas redressé la barre.

Jean-Louis Trintignant dans Z

Le juge : Il n?est pas nommé, comme un symbole universel du combat pour la justice et la démocratie.Les faits : Dans un pays indéterminé, un député de l?opposition meurt dans des conditions douteuses à la fin d?un meeting. Un juge d?instruction intègre est nommé pour enquêter sur ce qui est présenté comme un accident.La méthode : Il épluche méthodiquement les faits pour aboutir à une conclusion différente de celle des autorités et, surtout, de la police.Le résultat : Sorti en 1969, en pleine effervescence post soixante-huitarde, Z une critique en règle du Régime des Colonels instauré en Grèce en 1967. Costa Gavras s?est inspiré d?un roman de Vassilis Vassilikos lui-même tiré d?un fait réel. C?est grâce notamment à l?aide de <strong>Jacques Perrin</strong>, suite au désistement de United Artists, que le film put se faire. Il rencontra un énorme succès en France en rassemblant près de quatre millions de spectateurs.

Christopher Lloyd dans Roger Rabbit

Le juge : Personnage secondaire, le juge DeMort fait partie de ces méchants inoubliables, à la fois grotesques et cruels.Les faits : Le détective Eddie Valiant, affublé de l?encombrant toon Roger Rabbit, va trouver sur son chemin le sinistre juge DeMort qui veut débarrasser l?humanité des toons.La méthode : Il fait régner la loi à sa manière, qui consiste à traquer principalement d?innocents toons. Il a inventé la « trempette », un procédé destiné à dissoudre ces êtres animés.Le résultat : Mélange révolutionnaire - à l?époque - de prises de vues réelles et animées, le film de <strong>Robert Zemeckis</strong> fit péter le box-office et offrit à <strong>Christopher Lloyd</strong> son rôle le plus mémorable avec celui du Doc dans <em>Retour vers le futur</em>. On n?est pas prêt d?oublier le dénouement qui voit le juge DeMort pris à son propre piège. Justice est faite.