Le Gatsby le Magnifique de Baz Luhrmann projeté en ouverture de Cannes et dans les salles ce mercredi est la quatrième adaptation du roman de F. Scott Fitzgerald. On ne saura bien sûr jamais ce que l’auteur de la Génération perdue aurait pu penser de la version post-moderne du cinéaste australien, mais on connaît en revanche sa réaction face à la seule qu’il a eu l’occasion de voir : il est parti avant la fin.Avant celui avec Leonardo DiCaprio, le Gatsby le plus connu à ce jour reste celui incarné par Robert Redford dans le film de Jack Clayton de 1974. Mais avant lui, il y eut une adaptation en 1949 renommée Le Prix du silence en France, et surtout, une version muette sortie en 1926, soit un an à peine après la publication du roman - donnant à son auteur l’occasion de voir son œuvre portée à l’écran. Verdict ? « C’est POURRI et affreux et horrible et nous sommes partis » raconte Zelda Fitzgerald, la femme de Scott, dans une lettre à leur fille Scottie. Ce Gatsby le Magnigique de 1926 a été perdu, n'en reste, étrangement, qu'une bande annonce disponible sur YouTube : C’est de cette correspondance entre Zelda et sa fille que nous viennent les impressions des Fitzgerald sur l’adaptation de Gatsby le Magnifique et plus largement sur leur séjour hollywoodien, qu’une enseignante a pu consulter dans les archives de l’Université de Princeton pour en faire le récit sur le Huffington Post.En janvier 1927, le couple s’installe pour quelques semaines à Hollywood. Scott doit y travailler sur le script de Lipstick, une comédie destinée à la star du muet Constance Talmadge, qui finit par se débarrasser de lui, préfigurant l'ensemble de la carrière cinématographique du romancier : un fiasco. Il met sa touche aux traitements de nombreux films (Autant en emporte le vent, The women, Madame Curie, Trois Camarades, ce dernier étant le seul pour lequel il sera effectivement crédité au générique) sans jamais mener un projet à bien. Les relations de F. Scott Fitzgerald avec l’industrie hollywoodienne, dont il devint dépendant pour raisons financières, furent tumultueuses, frustrantes et globalement infructueuses. Et si entre temps sa production littéraire fut beaucoup plus féconde, il mourut en 1940 d’un infarctus à Hollywood comme un scénariste de 44 ans au chômage.Depuis, le cinéma lui a souvent offert sa revanche. Quatre adaptations existent de Gatsby, sans compter les téléfilms. Son autre grand roman, Tendre est la nuit, a lui aussi été porté à l’écran, ainsi que sa dernière œuvre, inachevée, Le Dernier Nabab (par Elia Kazan). Sans oublier L’étrange histoire de Benjamin Button, adapté par David Fincher. Mais sa plus belle victoire sur l’industrie du cinéma, c’est peut-être bien ce mercredi 15 mai que l’auteur américain la tiendra grâce à Baz Luhrmann, qui emmène Gatsby à Cannes, sur la Côte d’Azur où Fitzgerald a longtemps séjourné et écrit une bonne partie de son plus célèbre roman. Vanina Arrighi de Casanova
Commentaires