Adèle Haenel s’est emparée du cinéma d’auteur français à sa façon, à bras-le-corps. Entre ses débuts à 13 ans dans Les Diables, de Christophe Ruggia, et son rôle dans le prochain film d’André Téchiné (L’Homme qu’on aimait trop), l’actrice n’a pas chômé : troublante en nageuse dans Naissance des pieuvres, de Céline Sciamma, elle a ensuite imposé sa présence charnelle chez Bertrand Bonello (L’Apollonide – Souvenirs de la maison close), Catherine Corsini (Trois Mondes) ou Katell Quillévéré (Suzanne). Un mélange de force brute et de séduction que l’on retrouve dans Les Combattants, de Thomas Cailley, dans lequel elle interprète une jeune femme virile qui se prépare dans un camp militaire à survivre à l’apocalypse.PREMIÈRE : Qu’est-ce qui vous a plu dans ce rôle de fille obsédée par la fin du monde ?ADÈLE HAENEL : Madeleine est un personnage jusqu’au-boutiste, totalement intransigeant et, surtout, elle est drôle. Pas au sens « je vais vous raconter une blague » mais parce qu’elle a une vision de la vie très originale. Et puis ce qui m’attirait, c’était le côté physique, les bastons : j’avais un flingue, j’étais contente.C’est votre premier rôle véritablement comique. Étiez-vous à l’aise ?Je n’ai pas particulièrement eu à me forcer. Quand j’étais gosse, j’ai ressenti mes premières émotions de cinéma en tant que spectatrice devant les Tex Avery, The Mask et tous les trucs avec Jim Carrey. Les films « mentaux », c’est venu plus tard.On dirait que c’est par le corps que vous abordez vos rôles, ici par l’intermédiaire du burlesque. Vous considérez-vous comme une actrice « physique » ?J’aime le burlesque. C’est dynamique, c’est le plaisir du jeu à l’état pur. Un peu comme quand on est dans la cour de récré. Le film estriche parce qu’en plus de cet aspect comique, il a une dimension métaphorique : que signifie « vivre » quand on est jeune et démuni face au monde ? Particulièrement aujourd’hui, où l’on voit que l’avenir est un peu bouché. Il y a déjà eu des gens géniaux avant nous, en mieux. Il ne nous reste donc pas grand-chose, à part nos propres obsessions.Dans le film, vous avez une belle scène de bagarre avec un garçon. Vous pratiquez toujours le judo ?(Rire.) Non. J’en ai fait de 5 à 12 ans, jusqu’à la ceinture verte. Je suis un peu dégoûtée parce qu’il paraît que c’est facile d’avoir la verte. Tout le monde me dit ça, alors que moi, j’avais l’impression d’être un héros !Avez-vous déjà nagé avec des rangers aux pieds comme Madeleine ?Non, désolée, seulement avec des sandalettes en plastique... Mais quand j’étais petite, mon jeu préféré était de traverser les rivières en transportant de gros cailloux.Pas de problème avec l’autre défi physique : les scènes d’amour ?J’avais déjà rencontré Kevin (Azaïs, son partenaire). Quand je l’ai vu arriver sur Les Combattants, plus de dix ans après, j’ai halluciné ! Pour Kevin, c’était émouvant, mais il y avait aussi quelque chose de stressant dans la mesure où j’avais déjà tourné des scènes d’amour et pas lui. Heureusement, on avait confiance l’un en l’autre.Cet été, vous serez également à l’affiche de L’Homme qu’on aimait trop, d’André Téchiné, qui relate l’affaire Le Roux- Agnelet. J’imagine que l’ambiance était plus sérieuse sur le plateau...Oui, les deux rôles n’ont rien à voir. Le Téchiné se passe sur la Riviera dans une ambiance très aristo. C’est plus littéraire et dramatique. Agnès Le Roux, que j’interprète, est une jeune femme qui se consume. J’avais sans cesse peur de ce qu’André allait dire car il est vraiment implacable. Il est intimidant à cause de son histoire et de sa franchise. Ça m’a forcée à ne pas me laisser aller, à me recadrer, parce qu’à un moment, on commence à tellement se kiffer sur un tournage qu’on fait n’importe quoi.Qu'est-ce que ça fait de jouer la fille de Catherine Deneuve ?Au début, j’avais peur de me faire virer. Je me disais : « Si quelqu’un saute, c’est forcément moi, alors ne nous faisons pas trop remarquer. » Un peu comme les premiers jours à la rentrée des classes. Tu ne racontes pas ta vie à tout le monde, quoi. Mais bon, dès que j’ai vu que l’équipe me faisait confiance, je me suis vraiment éclatée !Interview Eric Vernay (@ericvernay)Les combattants sort aujourd'hui au cinéma. Bande-annonce :
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- EXCLU - Adèle Haenel : "J’aime le burlesque. C’est dynamique, c’est le plaisir du jeu à l’état pur"
EXCLU - Adèle Haenel : "J’aime le burlesque. C’est dynamique, c’est le plaisir du jeu à l’état pur"
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