Première
par Frédéric Foubert
L’été est fini, les blockbusters ont cessé de squatter les écrans, la saison des Oscars (des biopics) peut commencer. Rien que ce mois-ci, Bobby Fischer bat l’URSS aux échecs (dans "Le Prodige"), Ice Cube invente le gangsta rap (dans "N.W.A. – Straight Outta Compton"), James Dean prend la pose ("Life")... Le cas Lance Armstrong est le plus épineux de tous. Le plus excitant, aussi. Ce type est-il un héros ou un salaud ? Stephen Frears et le scénariste John Hodge (l’auteur de "Trainspotting", autre grand film sur la drogue) font le pari de ne pas trancher. De refuser les conventions hagiographiques en vigueur sans tomber pour autant dans le portrait à charge. Ironique, distancié, léger comme une plume, le film porte un regard irrésistiblement british sur un Américain "programmé" pour gagner. Un robot yankee lancé à toute allure. Guidé par un pur principe de plaisir et de vitesse, "The Program" enchaîne les séquences de reconstitution "historique" invraisemblables (et bien sûr scrupuleusement véridiques) et les scènes de course euphorisantes (avec les bonnes chansons – celles des Ramones, de Radiohead... – au bon moment) sans jamais se retourner, collant ainsi parfaitement à l’ambiguïté de son sujet. Alors, Armstrong, héros ou salaud ? Aucune idée. Mais un putain de personnage de cinéma, oui, pas de doute là-dessus.