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Mettons tout de suite les choses au point, Spider-Man Homecoming n'est pas un reboot du superhéros, puisqu'il a déjà été réintroduit avec succès dans Captain America : Civil War. Débarrassé de la tâche de relancer Spidey (tâche qui avait écrasé les imparfaits mais intéressants The Amazing Spider-Man de Marc Webb), Homecoming fait office de récréation au sein du Marvel Cinematic Universe : ni origin story ni grand moment pivot de la saga. Une récréation en attendant d'autres choses plus sérieuses (cette critique s'en ressentira forcément). Et un rappel que le superhéros du MCU est aussi le lecteur/auteur du MCU, le geek nourri à Star Wars et aux comics qui s'exclame "cool", "awesome" ou "badass" dès qu'il voit un superméchant. Tony Stark, Star-Lord, Spider-Man, Docteur Strange, Ant-Man, ils sont tous avatars du geek masculin blanc d'âge moyen supposément "normal" qui voit le monde avec le filtre de la pop culture (Spidey dans Civil War qui fait tomber Ant-Man en employant un stratagème tiré de L'Empire contre-attaque).
En attendant que Black Panther (Chadwick Boseman) et Captain Marvel (Brie Larson) viennent secouer tout ça, Homecoming opère un léger changement d'échelle par rapport aux autres superhéros. Peter Parker, 15 ans, est un geek qui a grandi dans le monde du MCU : qu'est-ce que ça fait de grandir dans un monde où Captain America tourne des vidéos pédago pour apprendre aux lycéens à respecter les règles et faire du sport ? Dans un monde où vos parents ont bossé pour nettoyer la grande baston entre les Vengeurs et les Chitauri ? C'est là où le film est le plus rigolo (des lycéens collés s'emmerdent tout autant quand Cap leur fait la leçon en vidéo), voire le plus profond : le personnage de méchant joué par Michael Keaton est de loin le plus réussi du MCU, car il s'inscrit très bien dans la continuité des autres films et ses actions sont parfaitement motivées par les conséquences d'Avengers. En contrepoint, la boule d'énergie Tom Holland se voit flanqué d'un sidekick qui s'exclame "cool", "awesome" ou "badass" à la moindre poussée superhéroïque du script.
Homecoming ne contient pas non plus de gestes de cinéma insensés, comme dans la séminale trilogie de Sam Raimi : ce qu'exprime ce moment où notre Spidey de 2017 tente de retenir les deux moitiés d'un ferry coupé en deux à l'aide de sa toile, se retrouve crucifié et échoue à sa tâche là où le Spidey de Spider-Man 2, dans une posture similaire (la scène du métro aérien) réussissait avec l'appui de la population de New York. La présence récurrente d'Iron Man, deus ex machina qui intervient à des moments-clefs pour corriger et diriger Spidey renforce cette impression de film à-côté, de récré, de face B du MCU, pas désagréable (même si on a encore droit à l'antienne "si tu n'es rien sans ton costume, c'est que tu le mérites pas") mais pas inoubliable non plus. L'équivalent de la classe de Première, avant la Terminale, quand on ronge son frein en passant le bac de français en attendant la quille de l'année suivante (Avengers : Infinity War l'an prochain, voire Thor : Ragnarok en octobre). Ceci dit, c'est quand même très dur de dire du mal d'un film dont la bande originale contient "Blitzkrieg Bop" des Ramones. Hey, ho, let's go !