Toutes les critiques de Sous Le Sable

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Sous le sable confirme le talent de conteur de François Ozon. Le film brille par sa sensibilité à fleur de peau, par son humanisme déroutant mais aussi pour ce portrait de femme, dessiné tout en finesse et interprété par Charlotte Rampling qui envahit l'écran de son élégance.
    Le scénario est tiré de faits réels : "Je me suis inspiré d'un événement dont, enfant, j'ai été témoin. J'avais 9-10 ans et j'étais en vacances dans les Landes avec mes parents. Sur la plage, nous croisions tous les jours un couple de Hollandais de 60 ans. Un jour, l'homme (Jean/Bruno Cremer dans le film) est parti se baigner et il n'est jamais revenu. On a alors vu l'hélicoptère arriver sur la mer, la femme (Marie/Charlotte Rampling) qui discutait avec les Maîtres Nageurs Sauveteurs. (...) Et l'image de cette femme qui repart seule chez elle avec les affaires de son mari m'a souvent hanté. Je me suis toujours demandé : que s'est-il passé ?"Ozon contourne les clichés du genre (pathos, musique envahissante, mise en scène tape-à-l'oeil) et en profite pour déposer quelques touches personnelles. L'auteur du très beau Regarde la mer est toujours empreint de cette poésie décalée, présente dans ses précédents films et qui fait souvent mouche. Chaque plan est une ode à la passion humaine, chaque séquence confirme une maîtrise époustouflante de la mise en scène. La pureté du jeu des trois principaux comédiens (Charlotte Rampling - Bruno Cremer - Jacques Nolot, l'amant de passage) correspond en réalité à un détachement corporel dans le temps. Ozon emplit l'espace d'une souffrance : celle d'un mari désabusé par la vie, celle de son épouse qui perd toute sensibilité et qui s'ouvre à cette nouvelle solitude.Cette oeuvre met en scène des voix. Celles d'une veuve aux traits tirés, d'un mari à la "virilité simple", d'une femme sensible et sensée. Ce qui force l'admiration, c'est la façon dont Ozon raconte l'histoire de cette femme égarée. On a souvent cette impression qu'Ozon a écrit chaque plan de son film dans un état de suffocation, comme si sa vie en dépendait. Ce qui donne une suite de plans totalement, dispersés, morcelés comme le coeur de Marie.Sous le sable
    De François Ozon
    Avec Charlotte Rampling, Bruno Cremer
    France/Japon, 2000, 1h35.
    - Lire la chronique de 5x2 (2003).
    - Lire la chronique de Swimming pool (2002).
    - Lire la chronique de Huit femmes (2001).
    - Lire la chronique de Gouttes d'eau sur pierres brûlantes (1999).
    - Lire la chronique de Les amants criminels (1998).
    - Lire l'entretien avec François Ozon réalisé le 28 juillet 1999.
    - Le site officiel de François Ozon.