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Une bande de petits escrocs londoniens, des tueurs russes invincibles, une comptable véreuse, un caïd qui contrôle la ville... Jetez au milieu de tout cela un tableau volé et une star du rock accro à l’héroïne, et vous obtenez le nouveau film de Guy Ritchie, en train de bégayer péniblement la recette qui, à la fin des années 1990, fit le succès d’Arnaques, Crimes & Botanique et de Snatch. Le scénario, tellement « méandreux » qu’un GPS s’y paumerait, enchaîne les rebondissements pour faire oublier qu’il n’a rien à raconter, pendant que le casting, pourtant peuplé de gens sympathiques (Gerard Butler, Idris Elba, de la série The Wire), ne sait plus quoi défendre (les meubles ?). Après avoir subi À la dérive, Revolver et, maintenant, RocknRolla, il faut peut-être juste se rendre à l’évidence : et si Guy Ritchie n’était l’homme que d’un seul tube, le Vanilla Ice du cinéma ?
Toutes les critiques de Rocknrolla
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
- Pariscopepar Virginie Gaucher
Les personnages (tous pourris) : le parrain à l’ancienne, les crapules sympathiques qui voudraient bien en croquer, un mafieux russe fraîchement débarqué dans la cité londonienne, une jolie souris, une rock star défoncée au crack. Le grain de sable : un tableau porte-bonheur. Sur un thème similaire à ceux de « Snatch » et « Arnaque, crime et botanique » (des gangsters doivent rembourser fissa une somme dont ils n’ont pas le premier kopeck), Guy Ritchie joue d’un humour décalé, d’une mécanique bien huilée, de rebondissements en cascade et d’un rythme soutenu . Sans se renouveler, sa comédie policière chargée à l’adrénaline s’avère rock, stylée, tripée.
- Fluctuat
Ex super star d'un cinéma cool et ultra maniériste avec Snatch, Guy Ritchie tente de se remettre en selle avec Rock'Nrolla. C'est pas gagné.Ce qu'il y a de rassurant lorsqu'on voit Rock'Nrolla, c'est qu'on n'est pas dépaysé. En dix ans, depuis Arnaques, crimes et botanique, Guy Ritchie n'a pas changé. Cet instinct de conservation est presque attendrissant. Après s'être méchamment vautré avec son ex (Madonna) dans A la dérive ou avoir frôlé la chute libre dans Revolver, on aurait pu croire que le plus british des scorsesiens se serait remis en question, mais non. Rock'Nrolla c'est toujours les mêmes recettes : la roublardise candide et maniériste, les récits mikado, l'esthétique ultra bling bling, des gueules de malfrats en veux-tu en voilà, de la voix off en guise de point de suture, des personnages pivots par dizaine, du montage à la cool, et de la musique, beaucoup de musique. Etonnant donc de voir que rien n'a bougé, combien Ritchie est resté bloqué à son revival seventies fin de siècle, celui que Tarantino avait exhumé pour le dépasser depuis, loin, très loin. Attendrissant parce que devant tant d'effort pour épater le chaland, autant de volonté qui s'épuise dans les méandres de bavardages hystériques et omniprésents, Rock'Nrolla se révèle d'une ringardise absolue. Et en cela, dans sa déférence fiévreuse et dépassée à Scorsese, cette généalogie cinéphile usée jusqu'à la corde, Ritchie ressemble à un fidèle. Son compteur papillonne toujours au coeur des nineties alors que les années 80 sont partout. Il est une sorte de dinosaure du post-post modernisme - tout un concept en soi, faisant de Rock' Nrolla un film parfaitement vide et étrangement plein dont on ne retiendra peut-être qu'une scène : cette poursuite sur voie ferrée où les corps s'épuisent dans un étourdissant jeu à double vitesse.Rock' NrollaDe Guy RitchieAvec Gerard Butler, Tom Wilkinson, Thandie NewtonSortie en salles le 19 novembre 2008 Illus. © StudioCanal - Exprimez-vous sur le forum cinéma- Lire les fils réalisateur, film policier sur le blog cinéma - Lire les critiques de Arnaques, crimes et botanique et Snatch- Lire notre histoire du cinéma anglais