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Quatrième long-métrage du franco-georgien Gela Babluani (13 Tzameti), Money est ce qui est arrivé de mieux au cinéma de genre français depuis le siècle dernier. Mais est-il vraiment français, ce film qui a failli se tourner à Detroit, spectaculaire ville symbole des ravages de la mondialisation? Finalement, Le Havre et sa banlieue dévastée assurent un cadre assez propice pour situer cette histoire d'un immigrant serbe, veuf et père d'une petite fille, étranglé par les dettes et le racket d'un malfrat local. Lorsque deux de ses amis l'entraînent dans un cambriolage apparemment facile, il voit une chance de sortir de l'enfer. Sur place, lui et ses complices vont découvrir une situation plus complexe que prévue, à l'occasion d'une scène mémorable qui donne un sens inattendu au verbe "dépendre". Les multiples complications qui s'ensuivent vont faire exploser les liens d'amitié, et obliger chacun à assumer les conséquences de ses actes, un peu à la façon d'un Crime et châtiment mâtiné de Fargo.
Casting parfait
En dépit de moyens limités, Money s'appuie sur un scénario d'une densité exceptionnelle, que valorise une mise en scène sobre et précise et une direction d'acteurs sans faute. Le moindre rôle est juste, et quelques plans suffisent pour caractériser des malfrats réellement menaçants. Louis-Do de Lencquesaing incarne un notable méprisant et corrompu avec un naturel parfait, et Benoît Magimel n'a jamais été aussi convaincant que dans ce rôle de nettoyeur implacable qui ne paie pas de mine.