Première
par Michaël Patin
Des extra-terrestres prennent forme humaine pour envahir notre planète. Une poignée d’êtres humains sont choisis comme guides. Les autres se font déposséder de leurs concepts fondamentaux (famille, passé, peur, amour). Ce scénario vous dit quelque chose ? C’est que vous avez vu Avant que nous disparaissions, le précédent film de Kiyoshi Kurosawa, sorti en mars sur nos écrans. Invasion est la deuxième adaptation consécutive, par le même réalisateur, d’une pièce de Tomohiro Maekawa, inspirée du classique 50’s L’invasion des profanateurs de sépultures. Et même la troisième puisqu’il s’agit de la version ciné d’une mini-série produite pour la chaîne nippone WOWOW. Passé l’effet de trouble (excitant au demeurant), l’expérience ressemble au jeu des sept erreurs, ou plutôt des sept variations. Bonne idée de resserrer le scope sur un trio de personnages, là où le précédent film se dispersait entre plusieurs histoires parallèles. Dans cet esprit, la simple horreur domestique se substitue au brassage de genres décomplexé qui faisait le charme et la limite d’Avant que nous disparaissions. Mais l’usure du même (mème ?) se fait sentir à mi-course et le rapport de force s’inverse : où sont passés l’humour, la légèreté, le rythme, l’émotion ? L’apparition d’un nouveau sous-texte poussif (montrer la servitude humaine comme une addition à la drogue) achève de souligner la panne d’inspiration - et, par métonymie, la vacuité de l’entreprise. Kuro contre Kuro : un match perdu d’avance.