Première
par Frédéric Foubert
Un vieil homme amer et acariâtre (Lance Henriksen) vient séjourner chez son fils (Viggo Mortensen), en Californie. Le rejeton représente tout ce que le paternel déteste : il est gay, démocrate, marié à un homme d’origine asiatique, père d’une petite fille adoptée, heureux membre d’une famille moderne et tolérante… Le vieillard va alors passer ses journées à insulter sa progéniture, à l’agonir de remarques racistes ou homophobes. La réaction du fils ? Garder son calme, ne jamais céder à la colère… On verra aisément dans Falling une parabole de la vie de ces Américains de gauche qui ont dû tenter de rester stoïques face au torrent d’ignominies qu’ils subissent quotidiennement pendant la présidence Trump. C’est un pays malade de son machisme et de son virilisme que Viggo Mortensen interroge dans son premier film en tant que réalisateur. La métaphore est maligne et la performance du revenant Lance Henriksen (dans un rôle de vieux connard à la Bruce Dern) très puissante, pourtant l’émotion est étouffée par un dispositif trop théâtral et une mécanique de récit extrêmement monotone (une engueulade, un flashback, répété ad lib.), qui échoue à créer un crescendo dramatique. A noter, pour les cinéphiles maniaques, une belle utilisation d’un extrait de La Rivière rouge, et un caméo de l’ami David Cronenberg (en proctologue !). Manière de rappeler que l’histoire de l’Amérique est, encore et toujours, « a history of violence ». Celle que les pères transmettent aux fils. Falling exprime (un peu trop sagement) l’espoir que cette histoire- là prenne un jour fin.