Toutes les critiques de Exilé

Les critiques de Première

  1. Première
    par Gérard Delorme

    L'intrigue minimale n'est qu'un prétexte à mettre en scène les figures du genre, toujours euphorisantes lorsqu'elles sont bien executées. Dans ce domaine, To n'est jamais à court d'énergie ni d'imagination, surtout lorsqu'il est obligé de trouver une solution dans la seconde. Les meilleurs scènes ont ainsi un goût d'improvisation, même si elles reposent sur des siutations solidifiées par une ironie diabolique.

Les critiques de la Presse

  1. Le Monde
    par Jean-Luc Douin

    Fidèle à l'une de ses problématiques (le dilemme entre obligations et devoirs, exécution des ordres et amitié), Johnnie To signe un éblouissant divertissement dont les héros ne cessent de tirer à pile ou face et qui, accumulant les clins d'oeil à divers de ses maîtres (Peckinpah, Kurosawa), est orchestré comme un western, principalement un hommage à Sergio Leone.

  2. Le JDD
    par Stéphanie Belpêche

    Pour la première fois, Johnnie To a pris son temps. Et ça lui réussit. Avec Exile, il atteint la perfection. Calquant sa mise en scène maniériste sur celle de Sergio Leone, optant pour une bande originale nerveuse et lyrique à la Ennio Morricone, le ténor aligne les plans séquences spectaculaires, chorégraphiés comme des ballets. Une générosité que partagent les comédiens, excellents.

  3. Paris Match
    par Christine Haas

    Les scènes de combats lyriques sont un cliché du genre dont on ne se lasse pas. Le scénario met en avant l'honneur et la camaderie de personnages très attachants. L'intrigue alterne violence, humour noir et mélancolie jusqu'à une fin explosive, mais pour la bonne cause. Toujours inventif dans sa mise en scène, Johnnie To déploie la dramaturgie visuellement magnifique et émotionnellement puissante du meilleur cinéma de Honkkong.

  4. Pariscope
    par Virginie Gaucher

    Impossible ne pas penser au western spaghetti, aux films de Sergio Leone, à « Il était une fois dans l’ouest » ou à « Et pour quelques dollars de plus », dès les premières images du film. Cigare, harmonica, lenteur des gestes et marche côte à côte dans la ruelle : « Exilé » a tout d’un western urbain, aux gunfights époustouflants dont le premier, dans un appartement, mis en scène avec grâce, légèreté et sans esbrouffe. Beau et surprenant, comme à l’accoutumée chez le réalisateur de « The mission » et de « Breaking news ». Film de genre, polar crépusculaire et nostalgique : l’histoire de ces porte flingues, qui se battent for l’honneur, quand tout est perdu, est une histoire émouvante, drôle, nostalgique sur l’amitié et la loyauté

  5. Télérama
    par Pierre Murat

    Il y a ainsi dans Exilé, à peu près toutes les vingt minutes, et comme pour obéir à un cahier des charges précis, les fusillades les plus insensées possibles. Faire de ces passages obligés des morceaux d’anthologie semble être l’obsession du cinéaste.Mais ce film-ci appartient plutôt à la veine parodique de Johnnie To. Les trognes des acteurs (souvent les mêmes de film en film) lorgnent du côté de Sergio Leone.

  6. Fluctuat

    Conçu comme une variation et une fausse suite de The Mission (même casting sauf un), Exilé est un post western mélancolique hyper stylisé. Un film presque abstrait et construit comme un rêve où Johnnie To est toujours en quête sentimentale du cinéma géométrique parfait.
    - Exprimez-vous sur le forum ExiléLorsqu'on a annoncé la mort du cinéma avec Rio Bravo (Howard Hawks, 1959), on s'était trompé. Le jour déclinait seulement par une belle fin d'après-midi d'été. Le crépuscule c'était pour plus tard, en 1973, avec Pat Garett et Billy the Kid de Sam Peckinpah. Film de la fin des temps, du monde, de l'Histoire, des utopies, de la jeunesse, de l'Amérique, d'Hollywood. Une oeuvre mélancolique qui traversait le Styx sous nos yeux en devenant le dernier western, le dernier film, un des plus beaux de l'histoire du cinéma. Tout après ne pouvant être que réminiscence ou renaissance, réalisme ou maniérisme. Le cinéma n'étant dès lors plus naïf, il se réfléchissait, se pensait, certains diront qu'il est devenu adulte. Exilé de Johnnie To, c'est justement ce qui vient après le crépuscule, c'est la nuit.Exilé est un songe, il semble n'être qu'un souvenir d'autres films (The Mission, PTU) ou du cinéma (sergio leone, jean-pierre melville, King Hu). C'est une oeuvre quasi abstraite, faite seulement d'équations (comment penser, régler et résoudre un gunfight en termes de problèmes narratifs et filmiques), de lumières ciselées à l'ambiance onirique et de personnages presque mutiques à la lisière de la désincarnation. Ces gangsters que Johnnie To réduit au silence n'ont même plus de parenté avec ceux encore relativement kitaniens de The Mission. Ils sont comme des points, des lignes, ce qui fait tenir un ensemble géométrique, cette logique de l'interdépendance qui est le motif récurrent de To. Exilé est donc un pur film maniériste soutenu par ce qui semble d'uniques enjeux formels, plastiques ou musicaux. Tout le récit évoluant au fur et à mesure d'une logique de la relance et de la reprise (situations, personnages, airs), pour inventer de nouveaux problèmes de cadre, de relations, et un autre gunfight, jusqu'à épuisement des duels.Du milieu de la nuit, Johnnie To rêve ainsi au western. Il reprend ses espaces (désert, point d'eau, saloon) et ses motifs (l'or, l'harmonica, le whisky, les duels). Pour lui Exilé est un prétexte à l'hommage, mais pas fétichiste, plutôt au jeu, au plaisir de savoir qu'on peut rejouer, refaire du cinéma, re-filmer des duels digressifs après Leone et des gunfights opératiques après John Woo. Et non seulement qu'on peut le faire, mais mieux, comme un défi envers soi-même pour montrer que des scènes sublimes peuvent jaillir dans ce néo-western comateux. Des moments de composition parfaite, graphique, où le temps se dilate au fil d'une attente qui fait mijoter chaque scène jusqu'à l'explosion. Ces gunfights parfois si stylisés et parfaits que To les casse par un plan plus trivial, comme pour forcer à rire ou ajouter un élément narratif à l'action qui pourtant se suffit à elle-même. To en rajoute, il est à la recherche de l'équilibre idéal de The Mission qui était déjà une oeuvre mélancolique.Exilé badine avec la mort du western et d'un cinéma géométrique déjà regretté dans The Mission. C'est une géométrie du regret où To sait que tout n'est qu'une illusion, que son monde n'a plus de sens et qu'il filme des spectres. Ses gangsters ont encore le sens de l'honneur, ils aident un ami, sauvent sa femme, ils ont même encore un peu d'humour et paraissent vouloir survivre, mais ils sont surtout en sursis et errent en attendant la mort, ils sont même déjà morts et ne vivent plus que d'accidents. Ils se savent condamnés par fidélité (au groupe) et amour du jeu (défi, duel, problème). Celui de To, imaginant un univers de boucle (la reprise des motifs, du genre, de The Mission) et d'embranchement (une route où reviennent les personnages sans savoir à chaque fois où aller), comme pour montrer un certain rapport au temps, à l'espace, au cinéma et peut-être le doute de To qui parfois hésite. Car comment refaire The Mission, retrouver sa grâce épurée et métrique, et si tout ceci était terminé comme le western ? Ce long exil nocturne et fantasmatique, où tout semble décidé, achevé et à la fois ouvert, possible, avec une capacité à faire renaître du cinéma depuis son tombeau, crée ainsi une sensation étrange. Mais peut-être que ce que To filme aussi, c'est cette nuit dans laquelle erre tout le cinéma de Hong Kong. Il est alors comme un phare, on voit sa lumière comme une ligne ou un point, par intermittence. Exilé
    De Johnnie To
    Avec Anthony Wong, Francis Ng, Simon Yam, Lam Suet, Roy Cheung, Nick Cheung
    Sortie en salles le 11 juillet 2007
    Illus. © ARP Sélection
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