Fluctuat
Pas beaucoup de cinéma dans Doute qui, des planches à l'écran, ne fait pas le moindre effort pour transformer son récit en images. Demeure l'éventuelle découverte d'un texte récompensé du Pulitzer et la performance des acteurs : c'est peu.Pour résumer Doute, suffit de consulter ses nominations aux Oscars : best performance pour Meryl Streep, Philip Seymour Hoffman et Amy Adams, meilleur scénario pour John Patrick Shaley, adaptant himself son méga succès off puis in à Broadway - que roman polanski a part ailleurs mis en scène à Paris fin 2006. On plébiscite l'écriture, les acteurs, tout ceci nous éloignant dangereusement du cinéma. Bienvenue donc au théâtre, dont certes Doute a migré, mais sans muter en film. Entre paresse et académisme, Shaley déplie son programme, sûr de son intrigue sérieuse et serrée comme le cul d'une nonne : 1964, une école catholique du Bronx tenue par des soeurs. La mère supérieure (Streep) soupçonne le père Flynn (Hoffman), aux idées trop libérales et modernes à son goût, d'entretenir des relations immorales avec un jeune étudiant noir. Convaincue, elle fait tout pour l'évincer de sa paroisse. Hélas sans preuves le doute s'installe et un duel rhétorique s'engage.Est-ce que tout ça est inintéressant ? Non, situé peu après la mort de Kennedy, le récit de Shaley moissonne sur les terres d'une Amérique en crise, quand paranoïa et doute pénètrent jusqu'aux fondations empiriques de sa société. Il est alors facile de sauter jusqu'à aujourd'hui pour trouver des échos dans l'Amérique de Bush (la pièce fût jouée en 2004). D'une ère du soupçon à l'autre, entre chasse aux sorcières et angoisse des saines forces libératrices, même sentiment d'assister à un effondrement intérieur sournois, au trucage du réel, résumé ici dans un espace symbolique où la foi et la confiance vacillent. Une lecture qui relève du commentaire de texte. Car la chercher dans le film revient à tenter de débusquer en vain un tressaillement derrière ces caméras rivées au sol qui ne lâchent jamais les acteurs. Des planches à l'écran, Shaley n'est pas loin de la captation. On peut trouver son plaisir à suivre ces acteurs carrés, pros, mais comme on les contemplerait sur la scène d'un théâtre bourgeois.DouteDe John Patrick ShaleyAvec : Meryl Streep, Philip Seymour Hoffman, Amy AdamsSortie en salles le 11 février 2008[mediabox id_media="84699" align="null" width="500" height="333"][/mediabox]Illus.© Walt Disney Studios Motion Pictures France- Exprimez-vous sur le forum cinéma- Lire les fils adaptation, acteur, actrice, oscars sur le blog cinéma - A lire aussi : les portraits de Meryl Streep et Philip Seymour Hoffman
Le Monde
par Thomas Sotinel
Si l'on aime les Meccano ® intellectuels, on pourra trouver un certain plaisir à l'édification de cette intrigue, toute en rebondissements à haute portée théologique. Sinon, on regardera, fasciné, Meryl Streep jouer comme au grand-guignol, en poussant chaque effet jusque à son paroxysme.
Télérama
par Aurélien Ferenczi
Il manque de la profondeur à l'écriture, voire une ou deux scènes plus costaudes opposant le méchant prêtre à la sainte femme - les affrontements sont à crucifix mouchetés. La chair est faible, le script aussi, hélas.
Télé 7 jours
par Viviane PESCHEUX
Un huis clos étouffant, théâtral et bavard sur les ravages de l'intime conviction.