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Patric Chiha, dont c’est le premier long métrage, a beau être autrichien, son Domaine s’enlise dès les premières minutes dans les
pires travers du cinéma français, alternant, avec la même raideur, scènes de dialogues anecdotiques et verbiage philosophique fumeux. Seul soubresaut formaliste dans cet océan de platitude visuelle : une interminable séquence de boîte de nuit, filmée au ralenti, qui tente désespérément d’installer une atmosphère de débauche alors que l’histoire tout entière respire la peur du sexe. Piégée dans un film
qui prétend être fasciné par son aura de femme dangereuse mais l’enferme dans un rôle improbable de mathématicienne alcoolique, Béatrice Dalle tourne en rond dans ce Domaine comme un grand fauve en cage. Contrainte d’incarner une figure essentiellement cérébrale et privée ainsi de son atout maître – son animalité –, l’actrice dépérit, noyée sous une montagne de monologues pompeux sur l’ordre et le chaos, qu’elle débite avec ce qui lui reste de conviction.
Toutes les critiques de Domaine
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Ce film ressemble à un beau voyage dans lequel deux êtres surprenants et touchants se rencontrent et nous touchent, nous émeuvent avec leur mal de vivre. Cela fait bien longtemps que l’on n’avait pas vu Béatrice Dalle aussi juste et aussi belle : pour la caméra de Patric Chiha, elle devient une mystérieuse et troublante mathématicienne plongée dans une histoire d’amour pas comme les autres. Le réalisateur filme magnifiquement ces deux êtres qui se perdent au milieu de la foule et de leur vie, ainsi que la ville, les rues et l’architecture de Bordeaux, rarement montrées d’aussi belle façon. Avec une musique amie et complice et un remarquable travail sur la lumière signé Pascal Poucet, ce « Domaine », cette autre montagne magique, s’apparente à un très beau premier film.
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Sublime en vamp vulnérable prise en étau dans une existence qui se dérobe sous ses yeux félins, Béatrice Dalle crève l'écran.
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Dans Domaine, la ville est absente et les gens sont épisodiques : deux piliers de bar, un gay qui imite Joan Crawford, un vieux pervers plus dérisoire qu'inquiétant... Le monde semble se rétrécir, se resserrer sur ces deux êtres qui s'aiment sans pouvoir s'aider. Sur cet ado qui se tait et sur cette femme qui chute.
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Béatrice Dalle, excellente de bout en bout, insuffle au projet son dangereux mystère. "Domaine" ne fera pas l’unanimité. Mais il vous harponne, vous accompagne et vous tient. Oui, le plus grand compliment à lui faire, c’est peut-être celui-là : voici, dans la vague des sorties lambda, un film dont on se souvient.
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(...) on passe les cent minutes de Domaine à se demander pourquoi. Pourquoi avoir affublé Béatrice Dalle d'une profession qui ne lui sied guère, mathématicienne.
Pourquoi ces dialogues artificieux, qui ne font pas qu'introduire une distance entre personnages et spectateurs mais mettent les premiers hors de portée des seconds.
Pourquoi la froideur décorative de la mise en scène qui fait des rues de Bordeaux un monde désert dans lequel déambulent des personnages exsangues.
Les questions ont beau se précipiter, il n'y en a pas tant à poser que l'on puisse tenir cent minutes. Et la conclusion de Domaine, aussi prévisible qu'arbitraire, arrive bien après l'épuisement de la patience qu'exige cet exercice.