Première
par Frédéric Foubert
Noël à Miller’s Point : le titre sonne comme celui d’un téléfilm de Noël lambda. De fait, le contexte se veut le plus ordinaire possible : un réveillon dans une famille de la classe moyenne US, avec cadeaux en pagaille au pied du sapin, dinde sur la table, gamins se goinfrant de bonbons, gentils tontons avinés, B.O. sixties sucrée. Des clichés, oui, mais mis en orbite par le regard magique de Tyler Taormina, petit prodige indé révélé par Ham on Rye. Zappant à toute allure d’un personnage à l’autre, d’un détail loufoque à une micro-épiphanie poétique, le cinéaste travaille une sorte de pointillisme fiévreux, arrachant des bribes d’éternité au quotidien le plus prosaïque, pour réfléchir à la façon dont se composent et se sédimentent les souvenirs. Son film finit par avoir la texture flottante d’une réminiscence, qui aurait surgie en un flash des tréfonds de notre propre mémoire. Ce Noël-là, c’est sûr, on l’a vécu.