Première
La science-fiction peut aussi être un genre minimaliste. Dans Belladone, Gaëlle (Nadia Tereszkiewicz) s’occupe illégalement d’une colonie de personnes âgées sur une île coupée du monde, dans une société où l’on chasse la vieillesse. À travers sa mise en scène conflictuelle entre une jeune trentenaire dévouée dans sa protection des aînés et des corps vieillissants qui ne cherchent qu’à savourer leurs derniers jours sur Terre, le film réfléchit en effet des problématiques du contemporain, radicalisées par une projection futuriste, en huis clos. Mais il pâtit hélas de la direction de jeu donnée à son actrice principale, en lui demandant de rester bloquée sur un monde intense, systématiquement au bord des larmes. Cela se fait particulièrement ressentir dans une scène à table où Gaëlle essaie d’empêcher les anciens de boire du vin par un trop-plein maternisant : elle passe à côté de sa jeunesse, et le film de ce sujet en or et ô combien contemporain.
Nicolas Moreno