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(...) Ajami ne se résume pas à une parabole sur le conflit israélopalestinien. Copti et Shani livrent une lecture plus universelle, étendant, dans ce thriller efficace, le schisme juif/arabe aux antagonismes homme/femme ou pauvre/riche. En effet, les réalisateurs ont eu la brillante idée de décrypter le Proche-Orient actuel avec les nouveaux codes du cinéma de genre. La mise en scène, ample et pédagogique, rappelle celle d’un Iñárritu (Amours chiennes) ou d’un Paul Haggis (Collision), à qui est emprunté l’imparable sens du chaos pour dépeindre la complexité d’une situation et ses dégâts collatéraux, et un certain sentimentalisme.
Toutes les critiques de Ajami
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Ajami est ainsi une saccade permanente où la voix-off d'un des protagonistes, Nasri, un adolescent de treize ans à peine, prédit la fin proche des siens dès les premières secondes. Une film-prophétie.
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Divisé en chapitres, le récit se compose de blocs narratifs, créant un ensemble volontairement déstructuré. Les deux cinéastes maîtrisent leur sujet et font de ce drame haletant une oeuvre sensible, exigeante et humaine.
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Ce tableau évoque, en dépit de la grandeur conférée aux personnages, un monde pourri de l'intérieur par les logiques claniques, vitrifié par le repli communautaire, mû par une incontrôlable puissance mortifère.
Cet impact tient pour l'essentiel à deux facteurs. L'influence esthétique des meilleures séries télévisées américaines (type "Les Soprano", "Sur écoute" ou "Breaking Bad"), où la trivialité des personnages le dispute à la sophistication de la forme. Mais aussi une approche de type documentaire, qui associe des acteurs non professionnels, non avertis du scénario, à un tournage chronologique privilégiant les prises uniques.
Ces partis pris produisent, dans un film pourtant très stylisé, un effet de réalisme et de prise sur le vif impressionnant. -
Ici, Omar, arabe israélien, risque la mort. Sa famille est impliquée dans une guerre de clans. Là, Malek, réfugié palestinien, travaille illégalement pour payer l’opération de sa mère. Ailleurs, une juive s’entiche d’un chrétien dont le cousin est amoureux d’une musulmane, tandis que Dando, un flic juif veut venger son frère… Avec plusieurs intrigues et un scénario au cordeau, Ajami s’impose par son sens de l’action et son réalisme stupéfiant, révélateurde l’aliénation politique et émotionnelle de toute une société.
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(...) un film puissant et marquant, en forme de trait d'union prônant la réconciliation.
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Bardé de prix (meilleur film israélien de l’année, mention à la Caméra d’or de Cannes 2009), réalisé par l'Israélien Yaron Shani et de l'Israélo-Palestinien Scandar Copti, le film, joué par des acteurs non professionnels, mêle avec brio des histoires intimes à une réalité quasi documentaire, celle d’une poudrière gangrenée par la violence, où chaque communauté, juive, palestinienne ou chrétienne, est à la fois coupable et victime. Dans un quartier, prison géographique et mentale, les collisions de ces intrigues croisées rappellent le style du mexicain Inarritu et comme lui, donnent une image très forte et courageuse de la complexité d’un pays, de ses dérives violentes, mafieuses, corrompues, d’autant plus brutales et bouleversantes qu’elle touche la jeune génération.
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Le film, joué par des acteurs amateurs, même plusieurs histoires et autant point de vue. Il a l'intérêt louable d'abattre le mur qui sépare Palestiniens et Israéliens. Paradoxalement, la fiction finit par gêner, comme si elle cachait l'aspect documentaire du film.
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C'est un quartier de Jaffa qui donne son nom à Ajami, chronique violente signée Scandar Copti et Yaron Shani.
Les deux réalisateurs collent au plus près d'une réalité poisseuse pour brosser un tableau sans concession d'Israël, un pays où personne ne parvient à trouver sa place. L'état d'instabilité permanente se ressent jusque dans les rapports entre des personnages pour qui le recours à la délinquance ne se présente pas en termes de choix. Ajami propose ainsi une dénonciation brutale en forme d'état des lieux. Le film n'est pas exempt de maladresses et de lenteurs que l'on excuse volontiers devant la maestria des auteurs pour envelopper le spectateur dans une atmosphère étouffante qui pèse sur ses épaules bien après le générique de fin. -
Avec ces allers-retours dans la chronologie, « Ajami » est un film-puzzle dont les différentes pièces se mettent en place jusqu’à la fin. Coréalisé par un Juif et un Arabe, interprété par des acteurs non professionnels, ce long-métrage captive à la fois par sa force documentaire, la complexité de sa construction et la tension qui électrise son intrigue. Une réussite.
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Le scénario, virtuose, évoque Scorsese, Tarantino, voire Coppola (la scène de tribunal bédouin aurait sa place dans Le Parrain...). Mais, en guise d'acteurs, les deux réalisateurs ont fait appel aux authentiques habitants du quartier d'Ajami, qu'ils ont filmés, façon documentaire, chez eux ou dans la rue. La force de ce thriller haletant, en fait, c'est d'avoir permis aux réalisateurs de tisser, entre les apprentis comédiens et leurs personnages, des liens qu'ils s'obstinaient, précisément, à nier dans la vie...
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D'une puissance réaliste quasiment traumatisante, ce film mixte reflète, comme ils disent avec justesse, "l'ambivalence tragique de la réalité humaine". Frère de sang de Mean Streets de Scorsese ou de Gomorra de Matteo Garrone, Adjami nommé pour l'Oscar du meilleur film étranger, est une oeuvre de poing.