"Steve Jobs est mort". La simplicité d'un texto qui m'arrache à mon début de sommeil à 2h du matin, petite bulle blanche sur mon écran d'iPhone. Steve Jobs c'est le mec qui a fait que j'ai ce truc-là dans les mains à 2h du mat et aussi le type qui a fait le clavier sur lequel je suis en train d'écrire et le gars qui a mis des i partout devant les mots. Alors même si on ne se lève pas dans la nuit pour écrire sur le décès de Steve Jobs comme on a pu le faire pour un Michael Jackson mort mystérieusement, parce que Steve Jobs n'est pas une star ni un people au sens où on l'entend ici, il n'en reste pas moins que oui, en fait Steve fut un artiste, celui de notre quotidien. Et non, pas que pour le pire...Quelques minutes ont suffi pour faire de mon Facebook une liste de statuts identiques allant du classique "RIP Steve Jobs" au larmoyant "Merci pour tout", les changements de photos de profil se multiplient. Pommes noires, pommes en deuil, Finder qui fait la moue, et j'en passe et des meilleures. Sur Twitter, mille fois plus de chances encore de tomber sur des posts et infos et photos et annonces relatives au décès du co-fondateur d'Apple. Des i se rajoutent devant tous les mots. iRip est la formule consacrée. Ok, la sphère pseudo-geek est en émoi, mais pas que. Dans les réactions débarquent celles des non-geeks, avec leur maladresse et leur petit clin d'oeil qui va bien à ce type qui "bon ok a inventé un truc que j'aime bien et dont je connais un peu le nom parce que mon mec m'en a parlé".Le réveil sonne et j'éteins mon iPhone et je te bouscule comme i-habitude. De la pomme du i-dej à mes mails sur mon Mac Book Pro suivi de mes retrouvailles avec mon i-Mac à la rédaction, sans compter la page d'accueil en mode pierre tombale de Safari, j'ai en gros passé la matinée à voir Steve partout. Mais si on peut rendre hommage à cet industriel, entrepreneur et innovateur parce qu'on est entouré par les objets qu'il a pensés, cela ne reste effectivement que des objets futiles et ce serait limiter la portée de cette personnalité à part entière.Très vite les questions se sont posées ou m'ont été posées : "Et si Bill Gates meurt les gens s'en foutent ?" "Et qui connait les noms des mecs qui ont créé Google, ils meurent, personne ne capte leurs noms, tout le monde s'en fout." Mis à part que l'on a enterré en quelques phrases la fleur de la technologie actuelle et qu'on a aussi déjà imaginé Mark Zuckerberg un pied dans la tombe et un Facebook entièrement noir, ces questions ne sont pas si anodines. Oui Steve Jobs a cette dimension de pop star au sens basique du terme, de star populaire, qui a réussi à incarner ce concept abstrait de l'informatique-le-truc-auquel-on-comprend-rien à la sauce glamour et démocratisée. Il a réussi à mettre un nom et un visage sur un génie industriel et technologique. Jusqu'à en jouer, à créer une communauté et à en être presque le gourou."Oui mais Steve Jobs c'est le mec qui te fait dépenser tous les six mois une fortune pour un objet inutile". Ah cette fameuse addiction à nos smartphones qu'on refuse de faire sienne ! Bon à la vue de mon iPhone zéro, première mouture et désormais antique, mon budget Apple est largement inférieur à mon budget Coca-Cola mensuel. Finalement de quoi parle-ton de plus qu'un emblème populaire au caractère luxueux et au design précieux mais qui finalement se voit par centaines dans une rame de métro ?Rendre hommage à Steve Jobs aujourd'hui ce n'est pas rendre hommage à des objets addictifs ni même vénérer son iPhone qui n'a plus de batterie, comme un signe de synchronisation avec son Dieu créateur, non soyons juste sérieux, Steve Jobs fait partie des génies qui ont révolutionné des technologies, avec du bon et du moins bon, apanage de toute révolution industrielle, des pratiques quotidiennes, des comportements individuels nouveaux.Bref, c'est l'histoire d'un mec et d'une pomme.Alexandra ApikianFollow @alexandrapikian Toutes les chroniques du jeudi iciLa dernière chronique du jeudi : JEUDI ÇA JE DIS RIEN - La méthode Coué par Cristiano Ronaldo : je m'abonne !
- People
- News People
- JEUDI ÇA JE DIS RIEN - Steve Jobs : comment je suis tombée dans l'iRIP
JEUDI ÇA JE DIS RIEN - Steve Jobs : comment je suis tombée dans l'iRIP
Commentaires