En 2003, l'actrice avait été deux fois en couverture de Première pour ce film de Quentin Tarantino. Dans le numéro de novembre, elle racontait sa longue préparation physique pour incarne la Mariée.
En ce 10 octobre 2023, Kill Bill fête son 20e anniversaire. Enfin, de sa diffusion américaine, car en France, il a fallu attendre le 26 novembre 2003 pour que ce film événement de Quentin Tarantino sorte en salles. Puis son deuxième volet a été dévoilé chez nous au festival de Cannes, à la mi-mai 2004.
A l'époque, la rédaction de Première avait été bluffée par Kill Bill, et son actrice principale, Uma Thurman, avait été deux fois en couverture du magazine. Une première fois pour le double numéro de l'été, qui prévenait que cette histoire de mariée en quête de vengeance allait "faire mal", et présentait le concept du diptyque au sein des 30 films les plus attendus de 2004.
Puis pour celui de novembre, avec un dossier de 20 pages consacré au film d'action, "qui dépasse en plaisir tout ce qu’on pouvait imaginer", écrivait alors Gérard Delorme dans sa critique à quatre étoiles. Au sein de ce sujet très complet, la comédienne française Julie Dreyfus livrait son journal de bord, rempli de photos de tournage et d'anecdotes, et Uma racontait sa préparation intense.
"Viens prendre ta claque chez Tarantino"
Confirmant à Mathieu Carratier avoir eu l'idée de Kill Bill avec Quentin Tarantino alors qu'ils tournaient Pulp Fiction, dix ans auparavant, la comédienne racontait son entraînement sans relâche pour apprendre les mouvements d'arts martiaux et affronter ses ennemi(e)s, telles qu'O-Ren Ishii, jouée par Lucy Liu.
"C’est un rôle physiquement exigeant, particulièrement difficile. De la folie, disait-elle d'emblée, avant de détailler qu'elle l'avait en plus accepté juste après avoir accouché de son fils, Levon Roan, né en janvier 2002. Je me rappelle [du premier entraînement] car je suis arrivée avec mon fils de trois mois et tous ces kilos en trop qui me sont restés de ma grossesse. Maître Wo-Ping [le chorégraphe des combats] et toute son équipe étaient là. Ce n’est qu’après qu’il m’ont avoué s’être dit à cet instant : 'Oh, mon dieu, mais qu’est-ce qu’on va bien pouvoir faire de ça !' (…) J’ai essayé d’être humble et disciplinée, de ne pas prendre trop de recul par rapport à ce que je devais faire. De me concentrer sur les plus infimes détails, prendre chaque défi un par un. C’était absolument épuisant."
Uma Thurman détaillait ensuite plus précisément les différents apprentissages, puis racontait qu'une fois bien enregistrés, Tarantino pouvait lui demander à la dernière minute de changer de mouvements pour créer des surprises à l'écran.
"On pratiquait deux styles de combat au sabre, samouraï et wushu, détaille-t-elle. Ce dernier étant plus présent dans le grand combat de la House of Blue Leaves, alors que le combat final avec Lucy Liu relève plus du style samouraï. Il y avait aussi deux styles de kungfu, la grue et le tigre, ainsi que quelques classiques comme le lancer de couteau ou la pratique des armes à feu, le combat à mains nues, salto avant, salto arrière...
(...)
Lucy Liu, qui avait déjà fait des films d’action, m’a un peu induite en erreur. Elle m’a dit que les chorégraphies, particulièrement quand elles impliquent l’usage de sabres, ne changent jamais car c’est extrêmement dangereux. Si votre corps apprend une série de mouvements et que vous les modifiez au dernier moment, il risque de les effectuer quand même, et vous blessez quelqu’un. Mais j’ai vite compris que Quentin ne voyait pas les choses de cette manière. C’est un réalisateur qui s’ennuie facilement, qui éprouve ce besoin permanent d’être surpris, bluffé par ce qui se passe devant sa caméra. Tout modifier à la dernière minute pour vous forcer à rester vigilant lui permet de maintenir sur le plateau cette énergie dont il se nourrit."
Elle précisait enfin avoir vu de nombreuses œuvres d'art martiaux pour se mettre dans le bain, conseillée par le cinéaste, et avoir depuis toute cette expérience "un grand respect pour les films de kungfu" :
Kill Bill est à (re)voir sur Première Max"Quentin m’a montré une tonne de films, se souvient Uma. En fait, ça a commencé il y a dix ans quand nous avons eu l’idée du film sur le tournage de Pulp Fiction. Il m’a alors montré The Killer, de John Woo, tous les Sergio Leone, Coffy, la panthère noire de Harlem, avec Pam Grier, Lady Snowblood [Toshiya Fujita, 73]... Plus récemment, il m’a projeté beaucoup de films de kungfu, Le Jeu de la mort notamment."
Lors du tournage de Kill Bill 2, Uma Thurman a été victime d'un accident de voiture. Un drame qui l'a choquée et qu'elle a raconté en détails bien après la sortie du film. Elle regrette de ne pas avoir été doublée par une cascadeuse pour cette scène, sachant qu'elle avait prévenu l'équipe qu'elle ne se sentait pas à l'aise au volant avant de la filmer. Elle a publiquement fait part de sa colère envers Quentin Tarantino et ses producteurs (Lawrence Bender, E. Bennet Walsh et Harvey Weinstein) pour leur mauvaise gestion de cette séquence, en 2018.
Quentin Tarantino répond longuement à Uma ThurmanTous ces sacrifices n'ont cependant pas été vains, Kill Bill étant devenu le film le plus emblématique de la carrière d'Uma Thurman. Ils ont tous les deux reçu de bonnes critiques, et au box-office, ce fut un carton malgré leur sortie "pour adultes" (en R-Rated aux Etats-Unis et -16 ans en France). Le premier a rapporté 180 millions de dollars dans le monde et son volume 2, 150 millions. Un troisième opus est d'ailleurs régulièrement réclamé par les fans, mais Tarantino semble vouloir passer à autre chose une fois son ultime film The Movie Critic sorti au cinéma.
Quentin Tarantino fait de Kill Bill volume 2 un déluge de fureur visuelle [critique]
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